Après cinq années d'existence, les premières soutenances de Master seront données dans quelques mois, une sorte de bilan pour le système LMD à l'Université Mentouri de Constantine. En cette rentrée 2009/2010, quelque 60 000 étudiants ont été accueillis et répartis dans neuf facultés, les étudiants sont quasiment tous inscrits en LMD. A l'Université Mentouri ont passé au crible le LMD. Le premier problème souvent soulevé par les étudiants est lié aux crédits. Mais c'est quoi un crédit ? C'est une unité de mesure exprimant la valeur donnée à chaque unité (matière) d'enseignement. Elle est définie en fonction du travail effectué par l'étudiant (travail personnel, stage, période d'examen...). L'attribution d'un crédit (1 point) à une UE correspond à un volume de 20 à 25 heures de travail consacré à cette unité. Le semestre est évalué à 30 crédits, donc pour la licence avec 6 semestres on aura 180 crédits. Le master avec 4 semestres 120 crédits. Le plus surprenant c'est que bon nombre d'entre eux ignore la vraie finalité et la signification de ces crédits, d'ailleurs les étudiants que nous avons interrogés surtout ceux de la première année, semblent totalement perdus et dans l'absence d'une communication de la part des administrations, ils font ce qu'ils peuvent pour dénicher la moindre information sur ce sujet : «Généralement ce sont les étudiants de deuxième ou troisième année ou bien quelques enseignants qui nous expliquent. Normalement c'est à l'administration de le faire», regrette Amir étudiant en première année au département d'anglais. Il faut dire que la vraie source de confusion dans les crédits, réside dans leur nombre qui varie, nous dit-on, d'un département à un autre. Ainsi, selon les textes officiels sur le LMD, chaque semestre doit comprendre 30 crédits pour valider le passage pour le semestre suivant, or, nous affirme un étudiant membre de l'UNEA, chaque département annonce un nombre de crédits qui est défini en fonction des moyens pédagogiques qu'il possède. Si dans le cas où il y a un manque de salles et donc de places, on augmente les crédits à 45 voire 47. Dans le cas contraire on redescend à 30. Mais ce qui reste encore plus flou aux yeux des étudiants, c'est la confusion entre système modulaire et système compensatoire. En effet, il faut savoir que dans le LMD il y a bel et bien la compensation, mais selon les textes, un semestre comprend deux examens : le contrôle plus le rattrapage. Donc en théorie, un étudiant qui n'a pas eu toutes ses unités d'enseignement a droit à un autre examen de rattrapage. Ce qui n'est pas normal, par contre c'est que dans beaucoup de cas, le rattrapage de la première série ou du semestre 1 de l'année n'est pas donné, et c'est alors que des étudiants se retrouvent en fin de cursus avec des crédits manquants de la première ou la deuxième année. Autre point sensible : la professionnalisation de leur diplôme. Si le diplôme académique semble plus ou moins fonctionner normalement, le professionnel par contre n'a pas encore de sens pour de nombreux étudiants, pour ceux inscrits dans les filières techniques et économiques en particulier. Aucun chiffre ni même une simple ordonnance ne prouve que des entreprises ont passé leur commande à l'UMC pour recruter des étudiants ces dernières années : «Dès mon entrée à l'Université on nous a dit : diplôme académique ou professionnel vous aurez le choix. Mais après mon inscription en Master électronique je ne fais pas vraiment la différence. Personne ne nous explique, on nous a promis qu'il y aura des ateliers, des stages et des projets professionnels mais rien n'est vrai, notre formation ressemble à ce qui ce faisait avant, mon frère qui a fait la même filière dans l'ancien système me passe ses cours. Ce qui a changé peut être c'est le volume horaire, ce qu'on faisait en quatre années on le fait aujourd'hui en trois, sinon je ne voix pas où est la différence» se désole Karim. En fait, c'est cette admission qui a longtemps soulevé des interrogations, et de la part de l'administration et des enseignants et aussi de la part des étudiants. Aujourd'hui le passage en Master 1 est ouvert à chaque étudiant possédant une moyenne de 10/20, et le tri commencera à partir du Master2. Pour le reste, on souligne aussi que pour un système censé investir lourdement dans la formation dite intelligente et professionnelle, certains cours continuent malheureusement d'être assuré par des enseignants vacataires. «Chez nous (département de langue et littérature arabe), il y a beaucoup d'enseignants vacataires, ils sont jeunes et ont un niveau très moyen, en plus ils semblent eux aussi perdus dans ce système», nous explique Radia. En somme, les étudiants que nous avons interrogés nous ont tous assuré qu'ils ne regrettent pas le LMD, selon eux, ce système est de loin meilleur que l'ancien, même s'il reste beaucoup à faire. En faisant le tour dans plusieurs départements, nous avons remarqué que les bureaux des masters sont souvent bondés de monde, les travailleurs sont débordés, les recours sont fréquents, bref, si ce système dans son ensemble arrive quand même à former des milliers de personnes par an, il faudrait un peu de temps pour que tout soit maîtrisé. Après tout, on dit que même en Europe, on a longtemps critiqué le LMD dès son introduction, alors attendons pour voir.