La brigade de recherches et d'intervention (BRI) relevant de la police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger a réalisé un vrai coup de filet par le démantèlement d'un réseau criminel spécialisé dans l'escroquerie. Le chef du réseau, R. B., repris de justice, arnaquait ses victimes en se faisant passer pour un magistrat. Il délivrait même des mandats d'arrêt falsifiés. Sa dernière victime a été délestée d'une somme de plus 8 milliards de centimes. Cinq individus ont été arrêtés dans cette affaire dont deux femmes. Ils ont été présentés devant le juge d'instruction prés le tribunal de Bir Mourad Raïs qui a ordonné leur mise sous mandat de dépôt pour « association de malfaiteurs, usurpation de fonction, faux et usage de faux et escroquerie ». Selon l'officier Réda de la BRI, c'est sur la base d'une plainte déposée par un notaire d'Alger que l'enquête a été déclenchée, enquête qui durera plus d'un mois et demi. Le notaire avait déclaré qu'il a découvert qu'un acte du terrain remis par un client était falsifié. Les faits remontent à l'année 2010, quand le dénommé R. B. a fait la connaissance, par l'intermédiaire de son amie, d'une riche émigrée en France. Se présentant comme juge au niveau du tribunal d'Alger, il lui a promis de lui régler son affaire d'héritage. La femme, confiante, lui remet les actes de ses biens, son livret de famille et sa carte nationale et met même à sa disposition sa villa située à Palm Beach et son propre véhicule. Le faux magistrat passe à l'acte. Il falsifie les papiers de la dame afin de vendre ses biens (une villa et un lot de terrain). « Il a d'abord procédé au changement de la photo de la victime », explique l'officier de police. Le chef du réseau et faux magistrat informe ensuite la victime, qui est retourné entre-temps en France, qu'elle fait l'objet d'un mandat d'arrêt suite à une plainte déposée contre elle pour une affaire de faux. « Une astuce pour l'empêcher de rentrer au pays et découvrir l'escroquerie. Il lui a même envoyé par fax une copie du mandat d'arrêt qui s'est avéré falsifié », précise l'enquêteur. 45 MILLIONS POUR LE « BODY-GUARD » B. R. ira même charger une femme de ménage d'une école primaire à Bouzareah pour se faire passer pour la dame émigrée pour finaliser la procédure de vente en contrepartie de 50 millions de centime. Celle-ci, méfiante, décide de faire appel à son compagnon pour cette « mission ». Les investigations ont établi que ce dernier a également reçu une somme de 45 millions de centimes pour son rôle de « body-guard » de la fausse émigrée et des autres faux membres de sa famille. Ce scénario a été mis en place pour épater les nouveaux propriétaires de la villa de Palm Beach en l'honneur de qui une réception fut organisée dans la villa même. Ne s'arrêtant pas là, le réseau a pu vendre deux lots de terrain de l'émigrée situés à Baba Ahcene à l'ouest de la capitale pour plus 8 milliards de centimes. La BRI (brigade de recherches et d'investigation) spécialisée dans les grandes affaires criminelles, a pu mettre, après un travail de fourmi, la main sur tous les membres du réseau et arrêter le cerveau en possession de deux cartables « bourrés » de faux papiers administratifs dont des cartes professionnelles de juge et procureur auprès du tribunal d'Alger, un permis de conduire, une carte d'identité nationale falsifiée ainsi que de faux cachets d'entreprise et des actes notariés falsifiés. Le dénommé R. B. est allé même jusqu'à usurper l'identité de son frère décédé pour échapper aux trois mandats d'arrêt pour vol, escroquerie et émission de chèques sans provision dont il faisait l'objet. Les enquêteurs ont pu saisir aussi au cours de l'enquête, trois véhicules haut de gamme et récupérer une somme d'argent alors que l'un des inculpés avait lancé une entreprise au nom de son épouse avec l'argent volé.