Cinq chefs d'Etat de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Burkinabé Blaise Compaoré, le Béninois Bony Yayi, le Libérien Ellen Johnson Sirleaf, le Nigérien, Mahamadou Issoufou et le Nigerian Goodluck Jonathan se rendront, aujourd'hui, à Bamako pour « exiger » le retour de l'ordre constitutionnel pour que les élections puissent se tenir. Ils tenteront lors de leur séjour de « raisonner » les putschistes et de convaincre la rébellion touarègue d'observer un cessez-le-feu immédiat. Blaise Compaoré, le médiateur dans cette crise, prendra contact avec toutes les parties, souligne le communiqué qui a sanctionné le sommet de la Cédéao à Abidjan, ce mardi. « En cas de non-respect par les mouvements de cette décision, la conférence prendra toutes les mesures pour mettre fin à la rébellion et veillera à préserver l'intégrité territoriale du Mali y compris par l'utilisation de la force », précise le communiqué. Des « envoyés spéciaux » des chefs d'état-major du Bénin, du Burkina, de la Côte d'Ivoire, du Nigeria, du Sénégal et du Togo seront aussi du voyage. Leur mission ? « Apprécier la situation militaire sur le terrain ». Les chefs d'Etat de la Cédéao plaideront-ils pour le retour au pouvoir du Président Amadou Toumani Touré ? Selon Djibril Bassolé, le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, l'organisation régionale envisage « une transition » : Dioncounda Traoré, le président de l'Assemblée, assurerait l'intérim du pouvoir jusqu'aux élections. Cette « éviction » d'ATT préconisée déjà dimanche par Henri de Raincourt, le ministre français de la Coopération, serait, selon le Burkinabé, dans l'ordre des choses. « Je pense que le Président Amadou Toumani Touré n'y verrait lui-même pas d'inconvénients, lui qui a toujours souhaité la paix, la stabilité et la démocratie », dit-il, sans préciser la durée de cette transition ou faire référence aux milliers de personnes qui défilent depuis le 22 mars dernier dans les rues de Bamako avec des pancartes « A bas ATT », « A bas la France », « A bas la communauté internationale », « Vive la junte » ou « Sanogo solution ! ». Le capitaine Amadou Sanogo, qui mettra sur les rails le pays, ne semble pas vouloir « dégager ». Bien au contraire ! Après la réouverture mardi des administrations et des commerces, la levée du couvre-feu, la libération de deux candidats à la présidentielle (le Premier ministre Modibo Sidibé et l'homme d'affaires Jamil Bittar), l'appel aux politiques et aux rebelles touaregs à négocier « sans délai » et la réouverture depuis hier matin des frontières, il joue la carte de la normalisation. Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat qu'il dirige, a adopté mardi soir une « Constitution » de 70 articles. « L'Etat du Mali est une république indépendante et souveraine démocratique, laïque et sociale » et « La République du Mali est une et indivisible », stipule le préambule précisant que le CNRDRE sera pendant toute la transition « l'organe suprême » et le capitaine Amadou Sanogo, le « chef de l'Etat », qui nommera le gouvernement. Précision de la junte : aucun de ses 41 membres ou de son futur gouvernement ne sera autorisé à être candidat aux élections législatives et présidentielle. Que fera le front formé par les partis politiques contre la junte ? « Engagera-t-il un dialogue » avec les putschistes pour leur demander de retourner dans les casernes ?