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Mali : Le chef des putschistes signe un accord pour rétablir l'ordre constitutionnel
Publié dans Le Maghreb le 08 - 04 - 2012

Seize jours après le coup d'Etat au Mali, le chef des putschistes a finalement accepté, sous la pression des dirigeants de la région, de céder le pouvoir et rétablir l'ordre constitutionnel. Une annonce intervenue quelques heures après la proclamation unilatérale de l'indépendance de la nation Azaouad, par les insurgés touareg qui ont pris le contrôle du nord du pays. Flanqué de plusieurs ministres des pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), le capitaine Amadou Haya Sanogo est sorti, avant-hier soir, de son bureau, dans la base militaire d'où était partie la mutinerie le mois dernier, et a lu le texte de l'accord qu'il venait de signer. L'accord rappelle que l'article 36 de la Constitution prévoit que le président de l'Assemblée nationale assure l'intérim en cas de vacance du pouvoir et forme un gouvernement d'intérim, chargé d'organiser de nouvelles élections. "Dans l'éventualité d'une vacance de la présidence de la République pour quelque raison que ce soit, ou en cas d'un empêchement absolu et définitif", a lu Amadou Haya Sanogo, "les fonctions du président de la République seront exercées par le président de l'Assemblée nationale". L'accord ne précise pas toutefois quel rôle jouera dans l'avenir la junte. Il ne fixe pas la date à partir de laquelle le président de l'Assemblée nationale assumera l'intérim, ni la durée de la transition avant la tenue des élections. Dioncounda Traoré, le président de l'assemblée nationale, a fui le Mali après le coup d'Etat. L'article 36 de la Constitution stipule que les nouvelles élections doivent se tenir dans les 40 jours. Mais l'accord signé, avant-hier, précise que ce délai sera vraisemblablement prolongé, en raison de l'insurrection dans le nord du pays. "En raison des circonstances exceptionnelles que traverse le pays, à cause de la crise institutionnelle et de la rébellion armée dans le nord qui ont sérieusement affecté le fonctionnement des institutions de la République et à cause de l'impossibilité d'organiser des élections en 40 jours comme le stipule la Constitution", a poursuivi Amadou Sanogo, "il est indispensable d'organiser une transition politique avec l'objectif d'organisation des élections libres, démocratiques et transparentes". Le 21 mars, à la tête d'un groupe de soldats mutins, Amadou Sanogo avait pris d'assaut le palais présidentiel, renversant le président Amadou Toumani Touré, qui s'était enfui. L'accord conclu a été salué par le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, qui se trouvait aux côtés du capitaine Sanogo. Il a expliqué ensuite que les pays voisins du Mali avaient accepté de lever les sévères sanctions imposées en début de semaine par la CEDEAO, y compris la fermeture des frontières du pays. Le Mali enclavé importe tout son carburant et déjà de nombreux quartiers de Bamako sont privés d'électricité la moitié de la journée. Un diplomate occidental en poste à Bamako restait prudent, dans l'attente de la mise en œuvre de l'accord. "Il faut attendre de voir", a expliqué cette source qui a requis l'anonymat. "J'espère certainement que c'est vrai et que le pays va retrouver un gouvernement civil pour que le Mali puisse se remettre sur pied". L'annonce de l'accord a eu lieu quelques heures après la proclamation par les rebelles touaregs, qui se sont emparés de tout le nord du pays à la faveur de la confusion créée par le coup d'Etat, de l'indépendance de leur nation Azaouad. Les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azaouad (MNLA), qui revendique l'autonomie de la région de l'Azaouad, foyer traditionnel des nomades touareg, avaient lancé le 17 janvier un nouveau soulèvement dans le nord du pays.
Le président Touré doit être protégé et libre de choisir sa résidence
La Cédéao souhaite que le président malien Amadou Toumani Touré, dit ATT, renversé le 22 mars par des militaires, soit protégé et libre du choix de sa résidence, a déclaré le ministre burkinabè Djibrill Bassolé, au nom de la médiation dans la crise malienne. Nous avons souhaité que le président ATT puisse être admis à retourner à la maison de son choix, et qu'il puisse bénéficier aussi de la sécurité par les forces de défense et de sécurité, a déclaré à la télévision publique M. Bassolé, au nom du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour la crise malienne. Il s'exprimait à Kati (proche de Bamako), après un accord signé avec les putschistes et lu en intégralité par le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo. Le 3 avril, au même endroit, le capitaine Sanogo avait annoncé que la junte envisageait des poursuites judiciaires contre Amadou Toumani Touré (dit ATT). Compte tenu des éléments dont nous disposons, M. Amadou Toumani Touré pourrait être l'objet de poursuites judiciaires pour haute trahison et malversation financière. Son dossier sera transmis aux autorités compétentes pour donner la suite appropriée, avait déclaré le capitaine Sanogo, sans plus de détails. Le 28 mars, ATT avait affirmé qu'il n'était pas prisonnier. Je suis bien à Bamako, et Dieu merci ma famille et moi nous nous portons tous bien, avait-il dit lors d'une courte conversation téléphonique avec un journaliste, rompant un silence médiatique observé depuis son renversement et qui avait suscité beaucoup d'interrogations sur son sort exact. Auparavant, le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, avait assuré qu'il se portait bien et était en sécurité, sans donner aucune autre précision. La France avait aussi indiqué que son ambassadeur à Bamako, Christian Rouyer, avait pu s'entretenir par téléphone avec le président ATT qui l'a rassuré sur son sort, sans autre commentaire. Et le chef de l'Etat ivoirien et président en exercice de la Cédéao Alassane Ouattara avait également indiqué lui avoir parlé, gardant, lui aussi, le secret sur sa localisation. Selon Djibrill Bassolé, les dirigeants de la Cédéao ont exhorté la junte à libérer des personnalités politiques détenues depuis le putsch. Nous avons transmis au capitaine Sanogo le voeu ardent des chefs d'Etat que les détenus politiques, tous ceux qui ont été mis en détention pour leur sécurité, qu'ils puissent être relâchés, notamment pour apaiser le climat social, a ajouté le ministre burkinabè. D'après des partis politiques et l'entourage des concernés, une dizaine de responsables, dont plusieurs ministres, ont été arrêtés entre le 21 et le 22 mars. La moitié demeurait retenue, avant-hier.
Paris invite à appliquer sans délai l'accord entre la junte et la Cédéao
La France a salué, hier, l'accord de sortie de crise signé la veille entre la junte au pouvoir au Mali et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), et appelé à sa mise en œuvre sans délai, a déclaré le chef de la diplomatie Alain Juppé. La France, a dit le ministre dans une déclaration écrite, invite tous les acteurs maliens à mettre en œuvre sans délai les dispositions prévues par l'accord, notamment celles destinées à permettre la tenue des élections présidentielles dans le meilleur calendrier possible. Deux semaines après avoir renversé le président malien Amadou Toumani Touré, la junte militaire s'est engagée, avant-hier soir, à remettre le pouvoir aux civils dans le cadre d'un accord-cadre avec la Cédéao, prévoyant notamment un président intérimaire en la personne du président de l'Assemblée nationale. Cet accord permet le retour à l'ordre constitutionnel au Mali qui crée les conditions pour avancer vers la recherche d'une solution politique concernant le Nord, tombé aux mains de rebelles touareg et islamistes, a estimé le ministre. Paris réitère son appel à la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) à renoncer à sa déclaration unilatérale d'indépendance proclamée, avant-hier, dans la partie nord du Mali, et à inscrire son action dans le cadre d'un dialogue politique respectueux de l'ordre constitutionnel malien et de l'unité du pays. Dès l'installation des autorités constitutionnelles, la France reprendra sa coopération bilatérale civile et militaire (interrompue après le putsch du 22 mars) au profit du Mali, a ajouté Alain Juppé. Le futur gouvernement d'union nationale malien pourra compter sur elle pour travailler au renforcement de l'Etat malien et à la recherche d'une solution politique aux difficultés du Nord-Mali, a-t-il poursuivi. Avant-hier, la Cédéao a menacé de recourir à la force pour préserver l'intégrité territoriale du pays après la déclaration d'indépendance du territoire de l'Azawad, unanimement condamnée par la communauté internationale. Le ministre français chargé de la Coopération Henri de Raincourt devait appeler, hier, le président en exercice de la Cédéao, l'Ivoirien Alassane Ouattara, et le médiateur burbinabè Blaise Compaoré pour faire le point sur la situation, a précisé Alain Juppé.
La France reprendra sa coopération civile et militaire dès le retour à l'ordre constitutionnel
La France a salué, hier, l'accord de sortie de crise conclu la veille entre la junte malienne et les médiateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui doit permettre le retour à l'ordre constitutionnel. Dès que celui-ci sera rétabli, Paris promet la reprise de sa coopération "civile et militaire" avec Bamako et se dit aussi prêt à fournir une aide logistique au déploiement de la force régionale de la Cedeao. La Constitution malienne prévoit que le président de l'Assemblée nationale assure l'intérim en cas de vacance du pouvoir et forme un gouvernement d'intérim, chargé d'organiser de nouvelles élections. Celles-ci doivent théoriquement se tenir dans les 40 jours, mais l'accord signé, avant-hier soir, précise que ce délai sera sans doute prolongé, en raison de l'insurrection dans le nord du pays. Cette annonce est survenue quelques heures après la proclamation par les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azaouad (MNLA), qui se sont emparés de tout le nord du pays à la faveur de la confusion créée par le coup d'Etat, de l'indépendance de leur nation. Une confusion qui a également profité à des milices islamistes. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a réitéré, hier, son appel au MNLA à renoncer à sa déclaration unilatérale d'indépendance, assurant le futur gouvernement d'union nationale qu'il pourra compter sur la France "pour travailler au renforcement de l'Etat malien et à la recherche d'une solution politique aux difficultés du Nord-Mali". Dans un communiqué, M. Juppé précise que le ministre de la Coopération Henri de Raincourt téléphonera, hier, aux présidents ivoirien Alassane Ouattara et burkinabè Blaise Compaoré "pour faire le point de la situation et échanger sur les prochaines étapes". Il dit soutenir les efforts de la Cedeao dans "la préparation d'un déploiement de la force régionale en attente, pour laquelle la France est prête à fournir une aide logistique".


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