La maîtrise et l'optimisation des coûts dans le processus englobant la chaîne allant de l'approvisionnement à la livraison finale, en passant par la fabrication, le stockage et la distribution, sont peu développées en Algérie. Plusieurs facteurs économiques favorisent cet état de fait, d'après des experts représentant le bureau algérien Ernst and Young, un cabinet de conseil de renommée internationale, intervenus hier lors d'une rencontre organisée à Alger pour débattre de la maîtrise des coûts dans l'entreprise algérienne. La première problématique soulevée par M. Philippe Ausseur, spécialisé dans l'organisation, le contrôle de gestion, l'analyse et le management, est le non-respect des délais et le manque de visibilité dans ce cadre. Cet expert indiquera qu'il est nécessaire de donner des certitudes sur les délais et les sécuriser. L'Algérie doit inpérativement « se doter de moyens pour arriver à maîtriser les coûts de ses investissements ». Le chef d'entreprise doit, selon le même expert, prendre en compte les aspects liés à son activité et, surtout, ne pas négliger l'environnement dans lequel son entreprise évolue. Il doit prendre en charge trois éléments clés : l'analyse de l'existant, autrement dit de quoi il dispose, éclairer sa stratégie et mettre en place les outils adéquats. Il doit également faire face aux contraintes micro et macroéconomiques. M. Ausseur a fait savoir que des pratiques non appropriées engendrent des surcoûts et, par conséquence, des pertes financières. Exposant le cas de l'Algérie, il a souligné que beaucoup d'importations arrivent par voie maritime, ce qui entraîne une demande importante en moyens de transport terrestre pour livrer les produits, et cela engendre des frais importants. L'emplacement des zones industrielles à proximités des ports, situés au nord du pays, implique, selon lui, « un déséquilibre du flux des marchandises et donc des coûts de transport élevés ». A cela s'ajoute la concurrence importante des circuits de distribution informels. On note également des difficultés douanières et administratives impactant fortement les coûts logistiques. « En Algérie, la durée de séjour moyen d'un conteneur est de l'ordre de 20 jours, contre 5 jours en moyenne dans un port européen. Et le manque de structures logistiques performantes et d'espaces de stockage dans les ports algériens engendre un frein de fluidité et c'est un facteur supplémentaire de coûts », a expliqué M. Ausseur, avant d'ajouter que « cela pousse également les entreprises à constituer des stocks de sécurité conséquents ». Selon l'expert, l'Algérie peut remédier à ces défaillances, d'autant qu'elle « dispose d'un potentiel de développement important, grâce aux vastes projets d'investissement en infrastructures logistiques, qui permettra d'améliorer et de structurer le réseau de distribution national, notamment en garantissant les zones de stockage des ports ou en construisant des plates-formes logistiques à proximité des zones de consommation ». Les autres atouts à exploiter, selon lui, c'est « la libéralisation du marché du transport routier qui représente 96% du volume transporté au niveau national et la faiblesse du prix du carburant ». De son côté M. Antoine Tokplo a indiqué qu'il est nécessaire de mettre en place une cartographie des coûts comme il est important d'investir dans la comptabilité analytique.