La bataille de l'opinion est enclenchée par les Amis de la RASD, des associations de défense des droits de l'homme et des juristes pour battre en brèche la « pensée unique » politico-médiatique française acquise à la thèse marocaine et faire connaître une réalité longtemps ignorée. « Je combats fermement toute forme de colonisation qu'elle soit associée au Maroc, à Israël ou à la France mon pays, et en politique, il faut avoir des positions et des principes », a soutenu le principal organisateur de la conférence, Jean-Pierre Lecoq, député-maire et membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Le ton est mis pour rappeler ce que le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Ould Saleck, considère comme une forme de « blocage du droit et une rébellion contre la légalité internationale » qui légitime le droit à la résistance pacifique durement réprimée. « Nous sommes devant un blocage. Les négociations tournent en rond, car le Maroc ne veut pas négocier, il veut seulement légitimer le fait accompli », a souligné Ould Saleck. Dans cette impasse, le déni de légalité met en cause la responsabilité historique des puissances occidentales, dont la France appelée à « jouer un rôle primordial » qui ne peut, à l'évidence, se satisfaire d'un alignement sur la seule option de l'autonomie en concurrence avec les propositions d'indépendance et d'intégration soumises à référendum libre et sans contrainte. L'état délétère des négociations mobilise l'envoyé spécial onusien, Christopher Ross, au calendrier « très serré » et consentant, pour la première fois, une visite dans les territoires occupés, porteuse d'une volonté de « clore au plus vite le conflit sahraoui », selon le représentant sahraoui en Italie, Omar Mih, et le ministre de la Culture, du Sport et de la Jeunesse de la RASD, Mohamed Mouloud Mohamed Fadel. L'équation sahraouie est intimement liée au rôle fondamental de la Minurso défaillante, deux décennies durant, dans sa mission d'organisation du référendum. Cet aspect a été abordé par les conférenciers qui, dans une lettre adressée au représentant permanent de la France aux nations unies, plaident la nécessité de l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance du respect des droits de l'homme au Sahara occidental. La question humanitaire a largement fait le tour de l'assemblée française qui a pris connaissance du rapport d'enquête de la FIDH (Fédération internationale des droits de l'homme) sur la tragédie du camp de Gdeim Izik, des « préoccupations » de la co-présidente de l'Assemblée constituante genevoise et membre du Bureau international pour le respect des droits humains au Sahara occidental (BIRDHSO), Christiane Perregaux, et du témoignage du président de l'Association sahraouie des victimes des violations des droits de l'homme, Brahim Dahane. L'assemblée française, qui a tout entendu, sera-t-elle sensible au drame sahraoui occulté ?