Le Polisario a dénoncé hier le «blocage» de la situation au Sahara occidental, où les discussions entre Rabat et les indépendantistes sont au point mort, appelant la France à «jouer un rôle primordial» dans les négociations. «Nous sommes devant un blocage. Le référendum prévu par les Nations unies ne s'est pas déroulé, parce que le Maroc en connaît le résultat à l'avance. Les négociations tournent en rond car le Maroc ne veut pas négocier, il veut seulement légitimer le fait accompli», a déclaré, au cours d'une réunion à Paris, le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Ould Salek. «Il y a une frustration parmi tous les Sahraouis, qui se traduit par l'Intifadha pacifique qui s'est développée dans les zones occupées, parce que le mandat confié à la Minurso (Mission de l'ONU au Sahara occidental) n'a pas été rempli», a-t-il ajouté. La Minurso est chargée depuis 1991 d'organiser un référendum d'autodétermination. Son mandat expire à la fin du mois d'avril. «Le Maroc agit avec la complicité d'un certain nombre de pays, dont la France. Mais nous voulons que la France joue un rôle positif : la paix se fera avec la France, qui a un devoir politique, historique et moral de jouer un rôle différent de celui tenu jusqu'à présent», a estimé Mohamed Ould Salek, invité à Paris par un député communiste, Jean-Paul Lecoq. Rabat propose une large autonomie du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée depuis 1975 par le Maroc, avec un gouvernement et un parlement locaux, sous sa souveraineté. Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, rejette le plan marocain et réaffirme «le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination» via un référendum. Interrogé sur l'enlèvement de deux Espagnols et d'une Italienne le 23 octobre 2011, à proximité d'un camp de réfugiés qui abrite le siège du gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) près de Tindouf (sud-ouest algérien), le responsable n'a pas apporté d'éléments nouveaux et il a nié toute tension avec le Mali. «Le gouvernement malien a encouragé l'armée sahraouie, le Front Polisario et les services de sécurité sahraouis à poursuivre sur son territoire national les terroristes», a assuré Mohamed Ould Salek. L'enlèvement a été revendiqué par un groupe jusqu'alors inconnu, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, qui a diffusé une vidéo des otages. Le Polisario avait attribué le rapt à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).