De Bab Ezzouar à la Grande-Poste, en passant par la place du 1er Mai on se presse peu devant les tableaux d'affichage. Alignées au cordeau, presque toutes les cases blanches sont restées vides. Pas de trace des candidats du PLJ, du FNA, du PNJS ou du FFS. « Nous avons eu du retard car nous n'avions pas le numéro du parti qu'il fallait mettre sur les 10.000 affiches que nous avons imprimées pour la wilaya d'Alger », nous explique Mustapha Hamici, responsable de la communication du parti de Mohamed Saïd. Comment travaille-t-on pour confectionner les affiches ? « En tant que nouvelle formation, nous avons juste un infographe et une équipe chargée de la communication au niveau de chaque wilaya », dit-il. « Le marketing politique est un aspect fondamental et déterminant des batailles politiques de nos jours mais force est de reconnaître que nous ne maîtrisons pas encore dans notre pays cet aspect », regrette M. Hamici. Quelques partis ont toutefois apposé leurs listes qui suscitent l'intérêt des uns et l'ironie des autres. Beaucoup d'affiches à l'instar de celles du MPA de Amara Benyounès ou de Djaballah arborent uniquement les portraits de ces chefs de parti. Le premier est souriant et le second a un visage grave. « Notre printemps sera l'Algérie », le slogan de Benyounès est court et frappe d'emblée. Il est accrocheur et résume avec une formule saisissante les enjeux de la situation. Il dénote un souci de recherche et tranche avec celui du PNJS. On y voit que Khaled Bounedjma dont l'affiche proclame « le souci de respecter les martyrs et de communiquer avec les jeunes ». Le slogan est sans originalité.« Mettre en avant les leaders est un choix judicieux », fait remarquer M. Zeghlami, professeur à l'université d'Alger, « car ce sont des partis dont on connaît davantage les dirigeants ». « On est noyé, et si on ne met pas les portraits des leaders, on se perdra et personne ne pourra se retrouver », explique et confirme M. Ghermoul du parti El Moustakbal. C'est une contrainte qu'on ne vit pas au RND ou au FLN qui, en plus de la langue arabe, utilisent la langue française. Sur un fond bleu, synonyme d'espoir, le tête de liste RND, Seddik Chihab, est entourée des autres prétendants. Mokrane Fernane dirige Graphart, une agence de graphisme à Boumerdès. Il trouve le choix des couleurs quelconque notamment pour ceux qui ont adopté un fond unique avec des couleurs très vivaces. « Je trouve l'arrière-fond de l'affiche du PT qui montre un flot de personnes se dirigeant vers l'APN très intelligent mais le rouge vif est très agressif », note-t-il. L'affiche de Fedjr El Djadid pêche aussi par sa mauvaise qualité. Il est presque impossible de reconnaître les visages des candidats. Même reproche pour l'affiche du RPR de Merbah trop terne. Fernane, qui a déjà élaboré des affiches publicitaires, a un faible pour celle de l'Alliance verte. « La position de Amar Ghoul le rend plus familier et montrer une image du chantier de l'autoroute est-ouest présente un bilan visible. On n'a même pas à lire le slogan de campagne qui s'efface devant la force visuelle de l'image », fait-il observer.