«Les imigris», un spectacle réalisé par la compagnie française Tin-Hinan qui traite de l'immigration et ses conséquences humaines, a été présentée ce samedi à la salle El Mouggar dans le cadre d'un théâtre club initié par l'office national de la culture et de l'information (ONCI). Réalisé en 2004, ce mélodrame d'une durée d'une heure quinze minutes est inspiré de l'œuvre « Les immigrés » de Slawomir Mrozek. Ce spectacle est interprété par deux comédiens, en un seul tableau avec un décor imagé dans une cave. Même si le texte évoque un thème très délicat et sensible, l'assistance, particulièrement des étudiantes, est énergiquement séduite par la prestation de ces deux professionnels du 4e art. Un théâtre bien proche du réel. Les comédiens évoluent à l'aise devant un public accroché pendant plus d'une heure de jeu où l'absurde, la dérision et le comique de la situation le dispute au drame. Deux émigrés vivent dans une cave insalubre aux murs de béton brut. A priori, tout semble les opposer. Ils se confrontent, se parlent, s'exagèrent et se chassent comme des animaux. Mais derrière cette tare humaine, c'est l'humanité de ces deux personnages exilés qui ressort. Par-delà leurs différences, l'exil les unit et les lient d'amitié. La mise en scène a réussi à mettre en relief la solitude et l'indigence des deux hommes expatriés qui cohabitent tant bien que mal. Leur conflit pour tout et rien révèlera leurs différences malgré leur sort commun. Mais c'est avant tout, l'humanité des personnages et toute leur complexité qui doit ressortir derrière cette lutte parfois terrible. L'intellectuel (le journaliste) et le manuel nous parlent à huis clos de liberté et de choix de vie. Mais la pièce suscite une émotion universelle, car elle pose avant tout, la question bien plus large du comportement humain ; ses médiocrités et ses petites lâchetés, le désir désespéré d'une vie meilleure, et surtout le rapport à l'autre et l'étrange dépendance qui en découle. La seule constante semble être cette plongée dans les fins fonds de l'humain, avec toutes ses faiblesses, dans une société emplie de diversité et dont la singularité demeure cette recherche de soi, en l'autre. La force de la touche artistique de ces deux comédiens, est de croire en leurs talents. Mieux encore, ils se sont distingués par une maîtrise et une cohérence de jeu d'une rigueur et un investissement passionné. Dans cet énoncé, nous apprenons que cette pièce est un travail de recherche. C'est-à-dire, les passages de ce spectacle sont réels et vécus dans le quotidien, leur quotidien. Cette troupe repart en France pour donner en novembre un spectacle au centre culturel algérien en France et d'effectuer une tournée. En projets, Nidal El Malouhi compte adapter à moyen terme «Les justes» d'Albert Camus.