C'est sur une levée de rideau assez dansante que s'est achevée la 8ème édition du festival de Dimajazz. Vendredi dernier au soir. Le public constantinois a eu droit à un véritable show à l'américaine, interprété par le génie Maceo Parker et son groupe. Mais avant cela, soit la veille, on est venu juste pour danser et le spectacle était bien évidemment assuré. Il y a eu d'abord le très chaleureux BB Blues Band, ce groupe algérois qui, il faut le dire, n'a rien à envier aux formations étrangères. Du blues rock teinté de sonorités jazz, reggae, ou même latino. Grâce à Fawzi à la guitare et au chant, à Redouan à la guitare rythmique et à l'harmonica, au batteur Nazim et le reste du groupe, c'est un voyage au cœur des USA des années 50 que le BBB nous ont offert. Ils ont repris pas mal de grands tubes mais ils ont aussi chanté leur propre répertoire, dont un instrumental de leur prochain album. Encore sous l'émotion, nous avons croisé les BBB dans leur loge. L'ambiance est gaie, Fawzi ravi de la soirée dira : «Même à l'Olympia, vous n'aurez pas ce genre de public. C'est un ensemble. Tout le monde est debout même les personnes âgées». A propos des projets du groupe, notamment sur une probable fusion entre blues et musique algérienne, il confie : «Aujourd'hui, ils ont tout découvert. C'est très difficile de créer un nouveau genre de fusion. Mais je trouve qu'on a un problème avec la langue. Car, il faut vraiment chercher pour faire du blues avec l'arabe. Cela fait 5 ou 6 ans que je pense à faire cela. Mais je dirai, l'essentiel, c'est que ça reste toujours un plaisir de chanter du blues comme les noirs américains». Sous le signe de «Viva Cuba» la jeune formation parisienne de Bailongo enflamme le public du TRC (Théâtre Régional de Constantine), dans la deuxième partie de la soirée avec de la salsa. Les douze membres du groupe sont inépuisables sur scène et proposent le meilleur de la musique salsa et cubaine. Le tout énergétiquement bien orchestré avec plein de mouvements et de danse. Les voix de Juan Manuel Colina et Diane Béatrice Huidorbo et de la belle Natascha Rogers (au bongo) sont en parfaite symbiose. A pleins poumons, ils chantent les classiques de la salsa «La bomba soy yo» ou «El cuarto de tula» ; et même de la musique africaine. Au final un «magnifico espectáculo», plusieurs personnes parmi la foule sont crevées. Enfin, vendredi, en ce dernier jour, c'est incontestablement la soirée la plus animée, la plus intense du festival. Un show à l'américaine. Maceo Parker l'a annoncé avant le spectacle : «Je lancerai sans cesse au public des We love you». Chose faite bien sûr, mais les We love you se balançaient des deux côtés, le public n'a pas raté l'occasion de remercier ce sacré personnage. Il faut dire qu'avant le concert, on a vite compris que Parker est une star mondiale. C'est pourquoi, les billets de la soirée se sont envolés en quelques minutes. Désormais, on le sait. Les américains qui sont passés à Dimajazz ont une manière unique de faire : les Boney Fields en 2008, ou Bernard Allison en 2009. Et cette année, on est plus gâté encore avec Parker. Avant de se lancer dans une carrière solo, Parker a joué dans la cour des grands comme Sideman aux côtés de Prince, de George Clinton, du groupe Parliament. Mais ce qu'on retient le plus de lui, c'est qu'il faisait partie de la bande du King James Brown. D'ailleurs, les plus funky étaient sans doute heureux de voir que Parker arrive aisément à reprendre les gestes de James Brown. Tout était du sur mesure : l'élégance de son costume, les pas de danses, la voix brisée et résonnante, le rythme funk, jazz et parfois soul, puis sa manière de jouer du saxo avec des doigts en or. Il est aussi grand séducteur : dès son entrée sur scène, il porte des lunettes de soleil mais sous l'impulsion du public, Parker n'a pu cacher son émotion. Il ne s'attendait certainement pas à voir autant de monde. Pour le spectacle, Parker est un véritable chef d'orchestre entouré de huit musiciens : un duo de trompettiste et tromboniste, deux excellents bassiste et batteur, un guitariste soliste incroyable, un claviste doué, et deux chanteuses pour l'accompagnement Mary Harvin et Carolyn Hall. Cette dernière s'est faite remarquer en interprétant une chanson, véritable diva un peu dans le registre de Tina Turner. Deux bonnes heures de pur divertissement. Parker a produit son meilleur répertoire, entre ‘'My love does it good'', ‘'Baby groove'', ‘'Make it funky to night'' ou encore ‘'Let's go it'' et puis une chanson hommage à Richards. En somme, Maceo Parker a grandement déchaîné la soirée. Le festival se clôt par un somptueux gala à l'américaine. Les organisateurs de LIMMA promettent d'ores et déjà un prochain Dimajazz, toujours aussi surprenant et musicalement aussi intense.