Fait saillant : l'islamisme radical n'aura pas sa place dans la politique libyenne« Les partis fondés sur la religion, la tribu ou l'ethnie ne seront pas autorisés », affirme Mohammed al Harizy, le porte-parole du gouvernement. Autre condition posée par cette loi qui exige un minimum de 250 membres fondateurs pour chaque parti et une centaine de membres pour toute autre « entité politique » : ils ne doivent pas être le prolongement de partis à l'étranger ou financés par l'étranger ». Les analystes se demandent si la Libye post-Kadhafi qui a opté depuis le 23 octobre 2011, date officielle de sa libération, pour la charia, comme source principale du droit, a adopté cette loi pour ouvrir la voie à une interdiction du Parti de la justice et de la construction, la formation politique fondée en mars par la confrérie des Frères musulmans décidés à jouer les premiers rôles le 23 juin, lors de l'élection de l'Assemblée constituante. À l'instar de leurs voisins en Tunisie et en Egypte. « Non », répond Fathi Baaja, un membre du CNT. Cette loi, croit-il savoir, ne vise pas les islamistes modérés. Certains analystes voient ce texte comme une dissuasion des radicaux qui « suivent une politique d'exclusion des autres » et des partis salafistes enclins à mettre la religion comme référentiel de leur orientation politique. D'autres voient cette loi comme une résultante d'une peur réelle des Occidentaux : une éventuelle dérive islamiste en Libye où la question de la réglementation des partis est devenue une urgence ou...prolifération des mouvements politiques aux relents sécessionnistes. Une éventualité que certains croient plausible pour moult raisons. « 250.000 armes sont aux mains de la population », selon Omar Khadhraoui, le vice-ministre libyen de l'Intérieur. Outre ces armes à ciel ouvert, il y a les affrontements intertribaux, notamment entre des membres des tribus Toubou et Zwaï, le refus des « thowars » de déposer les armes ou d'obéir au commandement militaire, la volonté persistante depuis le 6 mars dernier de la Cyrénaïque d'obtenir son autonomie, le souhait du Fezzan d'en faire autant que Benghazi, l'enracinement Al Qaida au Maghreb islamique et ses tentatives d'assassinat de responsables à répétition. Comme celle de ce mardi qui a visé le ministre de la Défense Oussama Jouili, à Koufrah, dans le sud du pays. « Plus de six mois après la mort de Kadhafi, le CNT se révèle incapable de gouverner le pays et d'enrayer sa « somalisation », disent-ils convaincu que l'élection prévue le 23 juin risque d'être reportée pour ne pas irriter davantage la Cyrénaïque qui n'a que 60 parlementaires à élire, à la différence de la Tripolitaine qui en a 102. Abdel Rahim al-Kib compte remanier très prochainement son cabinet critiqué pour son incapacité à rétablir la sécurité dans le pays. Le départ de certains ministres sera-t-il suffisant ? Pas évident, selon le CNT qui pense retirer sa confiance à tout le gouvernement et, par là, reporter le prochain scrutin.