Elle a toujours joué un rôle de premier plan dans la vie politique et sociale en Algérie. Fondée le 24 février 1956, en pleine guerre de Libération, elle fut un cadre de mobilisation de patriotes qui avaient pour but de libérer le pays et les travailleurs d'un système basé sur l'injustice. Sous le règne du parti unique, la centrale, seule sur le terrain, a été une des organisations de masse du FLN. Sa mission était d'encadrer les travailleurs et concrétiser les décisions du « pouvoir révolutionnaire ». Tentée dans les premières années qui ont suivi l'Indépendance par une autonomie, elle a vite rejoint les rangs pour être, durant un quart de siècle, un outil d'exécution des tâches d'édification nationale. La preuve fut donnée lors de cette date historique du 24 février 1971, lorsque, à la Maison du peuple, siège de la Centrale, feu Houari Boumediene annonçait la nationalisation des richesses minières et pétrolières de l'Algérie. Le choix du lieu est tout un symbole et traduisait la symbiose entre les dirigeants politiques et la base syndicale. La gestion socialiste des entreprises (GSE) et le contexte d'économie socialiste n'ont jamais contribué à l'émergence d'un syndicat de revendication, encore moins de contestation frontale. Les pouvoirs publics ont favorisé l'émergence d'un syndicat de cogestion. Les cellules de l'UGTA ne pouvaient trop faire prévaloir le refus dans un appareil où les moyens de production ou de distribution appartenaient à la collectivité. Depuis l'instauration du pluralisme syndical, l'UGTA n'est plus seule sur le terrain. De nombreuses organisations, notamment dans les secteurs de la santé et de l'enseignement, tentent de lui tailler des croupières. Elle demeure néanmoins une structure fortement implantée dans le milieu industriel. Elle a gardé, également, des adhérents dans la fonction publique, à travers ses fédérations. Alors que le pays a fait face à des événements qui ont ébranlé les fondements républicains de l'Etat, l'UGTA a assumé sans complexe et détermination un rôle dans la préservation de l'Etat sans lequel on ne saurait concevoir un renouveau social ou économique. L'UGTA s'est positionné avec vigueur contre les fossoyeurs de la nation. Benhamaouda fut un des principaux opposants à la poursuite du processus électoral de décembre 1991. Il fut également à l'origine de la création du RND qui a été depuis un rempart contre les menées criminelles des terroristes. Pour autant, l'UGTA ne renoncera pas à sa vocation. Elle initiera plusieurs grèves pour protester contre la dégradation du pouvoir d'achat. Elle affirmera vouloir rester sourde aux sirènes de l'agitation et préféra la posture de « syndicat de proposition et de consensus ». Pour l'UGTA, « l'essor de la société algérienne passe également par l'opinion constructive, l'acte créateur, la cohésion sociale et le rassemblement autour des objectifs nationaux majeurs, et des valeurs républicaines et démocratiques ». Ses dirigeants ont assumé la proximité avec le gouvernement, mais jeté aussi des passerelles avec les partis qui militent à l'instar du PT pour la défense d'un secteur public compétitif. Cela ne lui vaudra pas que des amitiés de ceux qui l'accusent de brader les intérêts des travailleurs. L'UGTA se défendra en exhibant son bilan. Sa participation comme partenaire essentiel dans les différentes tripartites a porté ses fruits. Elle a conduit à des revalorisations salariales au profit de milliers de travailleurs et à la promulgation de textes qui protègent cette frange de la population.