Une année après la mise à mort du leader d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, et plus de dix ans après les attentats du 11 septembre, leur « cerveau autoproclamé », le Pakistanais Khaled Cheikh Mohammed, et quatre de ses acolytes (Ali Abd, Abdelaziz Ali, Ramzi ben Al Chaïba, Walid ben Attach et Mustapha Al Houssaoui) ont été formellement accusés, samedi, par un tribunal militaire à Guantanamo, pour le meurtre de 2.976 personnes. Le procureur, le général Mark Martins, a parlé de « complot, attaques sur des civils, blessures intentionnelles, meurtres et violation du droit sur la guerre, destruction, détournement d'avions et terrorisme ». Ce pourquoi, ces derniers encourent la peine de mort. Au terme d'une audience de plus de 13 heures, les suspects ont refusé de répondre aux questions du juge. Ils n'ont même pas annoncé s'ils plaideraient coupables ou non coupables. Seul le Yéménite Ramzi ben Al Chaïba a protesté contre le traitement que l'armée américaine réserve à ses détenus de « haute valeur ». « L'ère Kadhafi est finie, mais on a Kadhafi ici », s'est-il écrié, dans une évocation évidente aux tortures subies pendant leur détention dans une prison secrète de la CIA et depuis leur transfert à Guantanamo. « Vous allez nous tuer et dire ensuite qu'on s'est suicidés », a-t-il encore lancé. L'avocat de Khaled Cheikh Mohammed, David Nevin, a, de son côté, indiqué que son client était « extrêmement préoccupé par l'équité de cette procédure » alors que l'avocate civil de Walid Ben Attach, Cheryl Borman, a dénoncé avec des mots très durs la souffrance subie par tous les prisonniers de Guantanamo. « Ce qui s'est passé ce matin et pendant les huit dernières années ». « Ces hommes ont été maltraités », a-t-elle fustigé. A l'issue de l'audience, un porte-parole du Pentagone, Todd Breasseale, a indiqué que « le procès du siècle » pourrait ne pas commencer avant mai 2013. C'est la première fois en quatre ans que le groupe comparait devant un tribunal. Le président américain souhaitait qu'ils soient jugés par la justice fédérale à New York. Il avait dû y renoncer face aux protestations de la ville et des familles des victimes. Le Congrès avait, de son côté, interdit que les prisonniers de Guantanamo soient transférés sur le territoire américain, poussant Barack Obama à rétablir les commissions militaires de Guantanamo, créées sous George Bush, mais en donnant plus de droits aux accusés.