Noms n Khaled Cheikh Mohammed, Ramzi ben al-Shaiba, Ali Abd al-Aziz Ali, Wallid ben Attash et Mustapha al-Hawsawi, ont été détenus plusieurs années dans des prisons secrètes de la CIA avant d'être transférés en 2006 sur la base navale américaine à Cuba. Les cinq détenus de Guantanamo «accusés» d'avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001 doivent être présentés le 5 juin devant un juge militaire, un premier pas symbolique avant un procès incertain, près de sept ans après les faits. Ils risquent la peine de mort. Ils sont inculpés (selon les autorités américaines, Ndlr ) de complot, meurtre, attentat, dommages corporels graves, destruction de propriété, terrorisme et soutien matériel à des actes terroristes, des chefs d'inculpation présentés en février et validés début mai par l'autorité de tutelle des tribunaux militaires d'exception. L'audience du 5 juin est un «arrangement», une étape classique dans la procédure criminelle américaine : les accusés doivent être présentés au juge Ralph Kohlmann, un colonel du corps des Marines, qui doit leur signifier les chefs d'inculpation retenus contre eux et leur donner une première possibilité de plaider coupable ou non coupable. Le Pentagone prévoit d'accueillir une soixantaine de journalistes pour cette première apparition, relativement, publique des cinq hommes, et notamment de Khaled Cheikh Mohammed, «cerveau» présumé du 11-Septembre, que la CIA a reconnu récemment avoir soumis en 2003 à la simulation de noyade, une technique d'interrogatoire considérée par beaucoup comme de la torture. Jusqu'à il y a quelques mois, le gouvernement assurait que du fait de cette connaissance intime de la CIA, ces détenus étaient devenus eux-mêmes des secrets d'Etat, un motif suffisant pour leur interdire tout contact avec un avocat. L'inculpation a changé la donne et chacun des «Gitmo Five» a désormais un avocat militaire et plusieurs avocats civils bénévoles. Mais les difficultés logistiques ont limité les possibilités pour les avocats militaires de rencontrer leur client, et certains civils n'ont pas encore obtenu l'accréditation nécessaire ne serait-ce que pour discuter avec leurs collègues militaires. La défense avait donc demandé un report de cette première audience, mais jeudi soir, le juge Kohlmann s'y est refusé. «Le tribunal reconnaît que cette affaire pose beaucoup de problèmes logistiques et légaux qui devront être traités. C'est précisément à cause de la complexité anticipée de cette affaire qu'il est important que la procédure soit entamée», a écrit le juge pour expliquer son refus. L'audience doit se tenir dans une salle tout juste inaugurée à Guantanamo, conçue pour permettre au juge d'empêcher le public d'entendre les débats s'ils mentionnent des éléments confidentiels. «Le gouvernement a vraiment hâte de faire avancer ces affaires, peut-être pour mettre le prochain président devant le fait accompli», a commenté Eugene Fidell, spécialiste de justice militaire.