Le nouvel ouvrage de Abdelkader Hani, ex-cadre des Archives nationales, historien et enseignant à l'université de Sidi Bel Abbès, retrace la vie de deux personnes d'une même ville, d'un même quartier. Il s'agit, selon l'auteur, de deux hommes, nés la même année, à deux mois de différence, dans la même ville, la petite ville qu'était Sidi Bel Abbès au début du siècle dernier, qui ont probablement fréquenté la même école, même si les classes « indigènes » étaient séparées des classes « normales », qui ont grandi dans la même petite ville, qui ont fait des études supérieures, puis qui ont vécu dans la même ville dont ils ont été les intellectuels mais qui s'ignoraient totalement ! On chercherait en vain dans les déclarations ou les écrits de l'un ou de l'autre une évocation de l'un ou de l'autre ? L'auteur précise que « dans toutes les conférences qu'il a données, dans tous les écrits qu'il a publiés, dans tous les discours qu'il a brillamment fait, jamais Paul Bellat ne cite, n'évoque, ne critique, ne parle de Abdelkader Azza ! Et ce dernier a lui aussi multiplié les écrits, écrit des ouvrages remarqués, animé des séances de poésie sans jamais dire un mot sur Paul Bellat, le seul poète francophone de Sidi Bel Abbès à l'époque ». A travers la chronique comparée de ces deux intellectuels de Sidi Bel Abbès, Hani Abdelkader nous brosse une histoire de première ville française d'Algérie, cette ville duelle, avec sa ville française et son « village nègre », ses « grabas » ou étaient cantonnés les Arabes, les indigènes, les péripéties de deux intellectuels que tout oppose dans une ville coloniale. On y apprend entre autres le bref séjour que fit l'homme de gauche Albert Camus en 1937 dans cette ville dominée par les milices de l'extrême-droite... Les deux intellectuels à... l'indépendance de l'Algérie, le départ de la légendaire Légion étrangère qui avait fait de Sidi Bel Abbès « son berceau », le drame des petits pieds-noirs poussés à l'exode par les crimes odieux de l'OAS, mais aussi les abus d'un nouvel ordre qui s'installe, fort d'une légitimité historique... Ce nouveau livre de 170 pages, composé de quelque 10 (entre deux guerres, Seconde Guerre mondiale, lutte de Libération) demeure un travail de recherche universitaire qui apporte un éclairage certain sur le parcours, l'œuvre littéraire et l'engagement politique de ces deux personnalités hors-pair, nés en 1913 dans la Mekkera. « Dans ses conférences, ses publications, ses discours, jamais Paul Bellat ne cite, n'évoque, ne critique, ne parle de Azza Abdelkader ! Et ce dernier a, quant à lui, multiplié les écrits, publié des ouvrages remarquables, animé des séances de poésie sans jamais dire un mot sur Paul Bellat, le seul poète francophone de Sidi Bel Abbès à l'époque », précise l'auteur dans ses écrits. L'ouvrage qui décrit le bon vieux temps, et la vie simple des ces deux intellectuels s'ajoute aux œuvres de Hani Abdelkader, à savoir « Bechar et sa région entre histoire et légendes », « Correspondances de l'émir Abdelkader », « Le thermalisme en Algérie », « Les danses traditionnelles en Algérie ».