De nos jours, la jeunesse est plus portée sur le sport que jamais. Être en forme, préserver sa santé et se soucier de son image prennent jour après jour une importante place dans la liste des priorités du jeune Algérien. Le manque d'infrastructures, de moyens et d'encadrement ne les décourage point. Il leur suffit d'un ballon pour entamer une partie de football sans fin dans la cour du quartier, ou se dégourdir les jambes dans un espace vert pour un jogging matinal. M. Bentoumi Nasser, directeur de l'Institut de Sport et des Technologies Sportives (ISTS), nous parle du sport pour tous. Selon vous, le sport est-il une pratique pour tous ? Absolument. Il est certain que dans le sport, il y a plusieurs domaines, le sport de compétition, le sport d'élite, le sport pour handicapés ainsi que le sport pour tous. Ce dernier permet au jeune comme au vieux, aux femmes comme aux hommes de s'entretenir tout en bénéficiant des bienfaits de cette pratique, aussi bien sur le plan physique que sur le plan psychique et moral. Lorsqu'il s'agit de préserver sa santé, le sport pour tous est une sorte de justice, il peut être pratiqué par toutes les catégories d'une société donnée. Le sport a longtemps été centré sur la compétition et les sportifs de haut niveau ; le sport pour tous est une philosophie moderne. Il est venu généraliser cette pratique afin qu'aucune personne ne se sente lésée ou marginalisée. A partir de quel âge peut-on commencer à faire du sport ? Lorsqu'il s'agit d'âge, il faut définir le type de sport dans lequel on a envie de se lancer. Cela étant, il faut commencer à introduire l'idée de l'activité sportive dans l'esprit de l'enfant. Malheureusement, l'erreur que l'on fait aujourd'hui c'est de mettre l'enfant directement devant le sport, tel une corvée. La bonne méthode serait d'introduire les petits grâce à l'éducation sportive qui les prépare très tôt dans les écoles à s'exercer. L'éducation physique nous permet de détecter les jeunes talents et aussi de faire aimer cette activité aux autres. Ce n'est que durant les premières années de puberté qu'on peut orienter l'enfant vers un sport donné, selon ses motivations et ses aptitudes. Après une longue sédentarité, que faut-il faire avant de se remettre à pratiquer du sport ? Il y a sûrement certains tests médicaux à faire. Si une personne d'un certain âge fait du sport pour la première fois ou a connu une période de sédentarité, il est absolument nécessaire de passer chez des médecins spécialistes. Vérifier si on ne souffre pas de problèmes cardiovasculaires, de problèmes de dos ou d'hypertension. On peut dès lors conseiller à cette personne d'y aller progressivement et éviter de faire des efforts condensés. La marche est la meilleure activité dans ces cas-là, elle s'adapte à toutes les catégories de personnes et à tous les âges, quel que soit l'état de santé. Quel conseil donneriez-vous aux amateurs qui s'adonnent à l'activité sportive ? J'ai souvent remarqué des personnes qui courent le long des autoroutes. Ces personnes courent des risques non négligeables. Mis à part le risque d'accident qu'on ne peut ignorer, l'environnement dans lequel ils respirent n'est pas sain. Il serait préférable d'échapper à la ville et à sa pollution pour faire du jogging. Les forêts ou la campagne sont des milieux mieux adaptés pour l'activité physique, l'air y est plus pur. Le jogging est une philosophie qui permet de s'échapper, le faire dans le stress de la ville n'aide en rien la personne à évacuer son stress de la semaine. Que faut-il faire pour promouvoir cette philosophie dans la société algérienne ? D'abord, il faut faire son jogging pour le plaisir. Courir un quart d'heure à 20 minutes tous les matins permet à la personne de bien commencer sa journée. Il est aussi conseiller de le pratiquer en groupe. Cela crée une certaine convivialité et parfois même un peu de compétition quant à l'endurance. Le jogging doit conserver son aspect libre. On n'est pas forcé de s'entraîner, mais on le fait de manière spontanée pour échapper au quotidien. Si on est fatigué, faut-il forcer pour améliorer son endurance ? Le concept du sport pour tous n'est pas encore clair dans l'esprit de tous. Le sport pour tous est d'abord une affaire de loisir. Si une personne commence à se chronométrer et à calculer son endurance jour après jour, elle va accumuler un nouveau stress au lieu d'évacuer un ancien. Il faut donc toujours garder en tête qu'il s'agit de se faire plaisir et de rester en forme et non pas pour devenir champion. Peut-on réellement faire du sport sans entraîneur ? Tout à fait. Mais à partir du moment où la personne veut pousser son endurance et ses capacités physiques plus loin et dépasser le sport de loisir, il est préférable que cette dernière soit encadrée par un professionnel. Les conseils des médecins sont aussi à prendre en considération dans ce cas-là. Quelles sont les limites pour un premier entraînement ? Pour les connaître, il faut absolument passer sa visite médicale, et faire quelques tests avant de commencer l'exercice physique. Si on fait beaucoup d'efforts dès la première fois, on risque des douleurs abdominales, des malaises et des vertiges. Seul un médecin ou un spécialiste de la médecine sportive peut définir les limites d'une personne en temps et en effort. Le jogging à jeun, bon ou mauvais ? Un petit jogging le matin ne peut que faire du bien. Le faire à jeun n'aurait pas d'effets néfastes sur la santé. Pour les personnes qui souffrent d'une quelconque maladie chronique, il vaut mieux se référer à un médecin. Faire un jogging à jeun peut aider une personne à perdre du poids mais à condition de ne pas pousser ses efforts au maximum. Qu'en est-il du sport durant le mois de Ramadhan ? Il suffit de savoir s'adapter au nouveau rythme de vie du mois sacré. Il faut aussi pratiquer du sport en fonction du climat, de l'état physique de la personne et à son énergie. Changement de rythme, de régime alimentaire et la perturbation du sommeil sont des facteurs qui font que la personne ne se sente pas très en forme ; il faut alors réduire les efforts faits durant ce mois-ci.