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« l'Algérie a contribué au projet du génome des matériaux »
Hafid Aourag* , Chercheur
Publié dans Horizons le 12 - 06 - 2012


C'est quoi ce projet du génome des matériaux ?
A partir de 2005, nous avons commencé à réfléchir à un nouveau concept pour faire de la science. Il s'agit d'une nouvelle vision de la science, une nouvelle façon de l'enseigner et d'accentuer le développement technologique. Ainsi, il y a eu plusieurs tentatives pour trouver des théories, afin d'unir toutes les lois de la physique et comprendre le comportement de la nature par rapport à des sollicitations diverses. Aujourd'hui, nous savons que le confort de l'humanité dépend de l'état d'avancement de la science.
Quelle est l'idée de base pour le génome des matériaux ?
Pour moi, les éléments du tableau périodique de Mendeleïev (selon lequel les éléments chimiques pouvaient être arrangés selon un modèle qui permettait de prévoir les propriétés des éléments non encore découverts) sont les éléments de base pour pouvoir faire ces projections.
Grâce au génome des matériaux, au lieu de découvrir un matériau en une année, on peut le réaliser en une seconde. C'est un outil important pour les industriels qui, avant d'investir, auront une idée sur un million de matériaux qu'on a pu découvrir grâce au savoir déjà acquis parmi lequel il existe un élément avec des propriétés très intéressantes pour l'industrie. Donc, on va investir pour le réaliser en mobilisant les fonds nécessaires, car les expériences ne sont pas toujours concluantes et le matériau découvert ne répond pas toujours au cahier des charges.
Les outils qu'utilise le biologiste dans la science des vivants, nous les appliquons à la matière inerte. Il y a un double enjeu, dans la matière vivante les croisements posent un problème d'éthique, car on peut aboutir à des êtres contre-nature, comme pour le cas des OGM et les animaux hybrides, tandis que pour les matériaux, le problème ne se pose pas. Cela ne représente pas de danger pour l'humanité.
Comment peut-on accélérer ce développement technologique ?
Partant du principe de rendre ce confort accessible et moins dangereux à l'humanité, il y a une nouvelle vision dans les sciences de la vie pour pouvoir concevoir des êtres vivants à la commande. C'est-à-dire, chaque individu est caractérisé par des défauts et par des qualités. Cela peut-être des défauts physiques ou moraux. Chacun porte des gènes de la beauté, ceux de la santé, de la force, etc. On essaie de combiner tous ces gènes pour pouvoir produire des clones ayant des qualités exceptionnelles. L'idée c'est de transférer ce concept du vivant à ce qui est inerte et sans vie. C'est tous les matériaux qui nous entourent et à la base du développement technologique, soit pour l'électronique, la métallurgie, l'habitat, etc. Notre connaissance sur ce monde est très infime.
A quoi cela est dû ?
Aujourd'hui, on a réussi à identifier les éléments du tableau périodique d'éléments chimiques de Mendeleïev, et chaque décennie on découvre un élément. Actuellement, on en est arrivé à 107 dont chacun est représentatif d'une caractéristique unique par rapport à l'autre. Tout ce qu'on trouve dans la nature, normalement, est une combinaison de ces éléments du tableau périodique de Mendeleïev, stœchiométriques ou non, c'est-à-dire à concentration égale ou variable. Si nous prenons deux éléments de ce tableau de Mendeleïev, juste de la catégorie métaux de transition, qui sont des éléments centraux du tableau, la combinaison probabilistique virtuelle donne 4 800 éléments. L'Homme arrive à en synthétiser 4 600, soit à peu près 88% du total. Si on passe à 4 éléments, on aura pu synthétiser que 0,01%. Plus on combine des éléments, plus le pourcentage de notre connaissance du monde est infiniment petit. Généralement, tous les matériaux qui nous entourent en sont la combinaison d'au moins cinq autres. Un acier tout simple est la combinaison de 12 éléments. Pour faire différentes nuances d'acier, il existe des milliards et des milliards de combinaisons. L'Homme a réussi à identifier 200 nuances d'acier.
Justement, pourquoi l'Homme n'a pas réussi à combler ce vide, à travers la science ?
Parce qu'il doit passer par des expériences qui sont coûteuses et définir un matériau cela prend 2 ans. Rechercher un matériau possédant une dureté importante, une ductilité et une résistante à la corrosion pour un fonctionnement dans des conditions extrêmes, revient très cher, car il n'existe pas de règles universelles. C'est généralement des recettes de cuisine et le hasard joue parfois un rôle important. C'est pourquoi chaque année, on trouve environ une centaine de nouveaux matériaux sur un potentiel énorme de combinaisons possibles. On n'arrivera jamais à découvrir ce matériau extrême aux propriétés exotiques (différentes) pour faire évoluer le confort de l'humanité et accéder aux autres planètes. Ce coût dépend aussi de la nature du matériau recherché. Le coût d'une recherche pour développer un matériau avoisine les 5 millions de dollars, de la recherche conceptuelle jusqu'au produit.
La durée minimum, entre l'idée et le produit, est de 5 ans. Etant donné que la technologie n'est pas assez évoluée et que les moyens à mettre en place sont importants, nous sommes dans une situation où il faudra accélérer l'idée de base sans passer par les expériences et sans faire de calculs quantiques qui est de faire des prédictions, à travers la mécanique des quantiques en un temps record. Ce sont les deux voies les plus utilisées. Le théoricien utilise la mécanique quantique pour faire des prédictions et l'expérimentaliste utilise l'expérience. Il s'agit d'accélérer la découverte en se basant juste sur le savoir acquis jusqu'à présent. C'est ce qu'on appelle le « datamining » qui est un concept économique pour faire des projections démographiques ou de croissance économique.
Comment le projet du génome des matériaux s'est retrouvé entre les mains des Américains ?
En 2005, l'idée avait été conçue et j'avais organisé un atelier de trois jours en 2006 à Oran, où j'avais réuni deux prix Nobel et la crème des chercheurs dans le domaine concernant les prédictions des nouveaux matériaux. Il y avait une centaine dont la moitié venait des Etats-Unis et l'autre moitié de divers pays leaders dans ce domaine.
Ce jour-là, j'ai émis l'idée du génome des matériaux. Il fallait alors mettre en place un consortium avec une plate-forme à la disposition des chercheurs du monde entier. Il fallait concentrer les efforts et permettre de mieux prendre en charge le projet. Le point focal de ce consortium était l'université de l'Iowa avec le professeur Krishna qui était en charge de mettre un portail à la disposition de tous les chercheurs du monde. L'idée de cette plate-forme qui est l'accès gratuit à l'information ne sera possible que si les chercheurs donnent des informations en échange. L'objectif est d'enrichir cette plate-forme de savoir pour que la base de données soit plus importante et ainsi pouvoir extraire un nouveau savoir sans expérience ni calcul. En 2007, je suis parti aux Etats-Unis où j'ai séjourné quelque temps pour essayer de développer ce concept avec les collègues américains. Nous avons entamé une série de travaux que nous avons publiés dans des revues internationales qui ont donné plusieurs thèses que nous avons soutenues. Une revue spécialisée a été créée appelée « datamining statistics analysis », de l'analyse de statistique pour extraire l'information utile.
Et puis les Américains se sont appropriés le projet. Je suis rentré en Algérie après trois mois passés là-bas. J'ai continué à travailler avec mon équipe sur les thèses dont celle d'un Américain. En 2008, j'ai pris la direction générale de la recherche. Les Américains ont poursuivi le travail et ont progressé dans ce domaine. En juin 2011, à l'université de Carnegie-Mellon, le président Obama fait un discours où il a estimé que « le projet du génome des matériaux est le renouveau de la science pour les Etats-Unis et une révolution dans le domaine de la science ». Il décide ainsi d'investir 100 millions de dollars annuellement dans ce projet. Cela ne me dérange pas, car c'est un projet pour l'humanité.
Avez-vous proposé ce projet aux autorités algériennes ?
En 2001-2002, alors que j'étais en France, j'avais proposé au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l'idée d'un grand centre de recherche autour de cette question en Algérie. Il n'y a pas eu de suite. On n'a pas vu l'enjeu qu'il représentait. Une fois qu'Obama en a parlé, j'ai reconnu que c'était bien mon projet. Après investigations, nous avons découvert que deux Américains, Viartz et Liu qui avaient en 2002 une société avec une marque déposée « entreprise du génome des matériaux ». Donc, le président américain s'est dit que c'est une idée américaine et c'est ainsi qu'ils se sont approprié le projet. Un Algérien avec lequel je travaille a alors contacté l'Office de la propriété intellectuelle aux Etats-Unis et là il découvre que la marque n'a pas été déposée en 2002, mais qu'il y a eu tentative de dépôt en 2010 et cela a été rejeté, car le projet était mal fondé. Donc, il n'y a pas de marque déposée.
Pourquoi vous n'avez pas déposé la marque pour protéger la propriété ?
Dans le domaine de la science, on ne se préoccupe pas de déposer une marque, car la reconnaissance pour nous est que le travail soit publié dans des revues. C'est déjà une garantie, un « copyright ». Dans la Société américaine de physique vous trouverez mes articles sur le génome des matériaux publiés en 2007, 2008 et 2009. Le fait qu'il y ait des travaux sur le sujet à mon nom me suffit. Je ne cherche pas à faire du commerce. Pour moi, c'est une contribution. Même le professeur Krishna a été pris de court dans cette affaire qui lui a échappé. Les collègues certifient que l'idée a été exposée la première fois à Oran. Cela ne vaut pas la peine d'alarmer le monde pour ça. Au moins le concept a été adopté. Il faut juste alerter l'opinion nationale et internationale que l'Algérie a contribué à ce projet. Je ne déposerai jamais une marque, car il s'agit d'une propriété intellectuelle du savoir qui est, lui, universel.
Que peut apporter concrètement ce projet ?
On peut accélérer le développement technologique par 1000. Au lieu de faire chaque année une croissance technologique de 10 ans, par exemple dans la technologie des semi-conducteurs pour une intégration de plus en plus grande et miniaturiser les objets. Au lieu que cette croissance se fasse par 10, elle est multipliée par 10 000 avec moins d'investissements. Ainsi, les investissements vont être mieux ciblés avec des résultats sûrs. L'objectif central est d'assurer une vie ailleurs si les conditions sur terre deviennent défavorables et donner les moyens avec des matériaux extrêmes. Jusque-là, on l'a fait par tâtonnement. En plus, il faut dire qu'il y a une autre vision dans la formation avec un enseignement différent. Les Américains sont en train de réfléchir à mettre en place cette nouvelle vision d'enseignement et introduire ces nouveaux concepts dans le cursus pédagogique d'un étudiant.
Quels sont les matériaux sur lesquels des travaux sont menés ?
Dans le cadre du consortium avec les Américains et les Suédois, nous nous sommes penchés sur les nouveaux ciments. Dans le cas de la construction des barrages, avec les changements climatiques, nous avons des séquences de pluviométrie extraordinaires qui affectent la sécurité des barrages. Le ciment vieillit et des microfissures, indétectables à l'œil nu, apparaissent, se propagent et le barrage cède. Peut-on concevoir des ciments intelligents qui alertent dès qu'il y a un problème ? Il faudra arriver à des ciments qui ne sont pas électriquement neutres, mais électriquement dynamiques. C'est-à-dire des ciments qui détectent eux-mêmes ces fissures par un signal électrique ou une impulsion.
Les Suédois sont les maîtres dans l'art de développement du béton intelligent et structuré. Même chose pour les avions, fabriqués en alliage, et qui posent un problème de sureté des passagers. Le vrai danger, c'est donc l'apparition des fissures dans ces alliages d'aluminium avec les changements de pression et de température. Il y a eu des catastrophes à cause de cela. Le challenge est de trouver des matériaux qui ne nuisent pas à la santé. Nous cherchons des polymères (plastiques) biodégradables.
Il faudra accélérer la découverte. C'est un enjeu économique d'abord, pour le pays et une maîtrise technologique extraordinaire. Tout est lié à la nature des matériaux. En matière d'armement, on peut réaliser des armes qui résistent à n'importe quel missile ou une bombe atomique et aux radiations nucléaires. C'est stratégique.
Les Algériens n'ont-ils pas saisi cet intérêt stratégique ?
Nous ne sommes pas arrivés à cela. Nous avons découvert le génome, nous savons comment faire mais c'est la technologie qui va avec que nous n'avons pas. C'est d'abord, un problème de ressources humaines. Nous n'avons pas encore atteint la masse critique de compétences qui peuvent réfléchir et fabriquer des matériaux. Nous en avons, mais nous n'avons pas les capacités d'aller au-delà de certaines limites. Je ne suis pas d'accord avec le fait que les moyens financiers suffisent. Il faudra former avec qualité et un savoir-faire. Il faudra d'abord, maîtriser la technologie existante pour pouvoir prétendre la développer. Il faudra aussi savoir copier et ensuite faire du développement.
Ces compétences n'existeraient pas au sein de la diaspora algérienne ?
Il ne suffit pas d'avoir une diaspora, mais il faudra aussi un lobbying de la part de nos chercheurs pour l'intérêt du pays.
Malheureusement, les gens de la diaspora veulent lancer des projets en Algérie et attendent la contrepartie alors que c'est l'Algérie qui les a formés. Le jeu est biaisé. Il faudra au moins donner de son temps. Beaucoup d'entre eux se présentent en tant qu'experts, mais une fois expérimentés sur le terrain, ils n'apportent rien. Les membres de la diaspora qui ont un savoir technologique ne dépassent pas les 400 personnes. Il ne faut pas se leurrer. Nous avons commis une erreur en algérianisant l'université dans les années 80. Le potentiel enseignant et chercheur est devenu à 100% algérien au détriment de la qualité, car nous avons ouvert l'enseignement à l'université aux magisters alors qu'ailleurs le doctorat est exigé.
Nous sommes le seul pays au monde où 90% des enseignants à l'université n'ont pas de doctorat. Cela s'est répercuté sur la qualité. Nous avons besoin des étrangers. L'université algérienne a été bâtie avec les Indiens, les Vietnamiens, les Roumains, les Russes et autres pays de l'Est. La coopération résidentielle est importante pendant 4 à 6 ans dans les laboratoires aux côtés du chercheur algérien. Et s'il faut payer des prix Nobel pour les faire venir, il faudra les payer au prix fort s'il le faut, car autour d'un prix Nobel, on va accentuer la motivation, et cela créera de la compétitivité pour la promotion de la qualité.
Peut-on connaître combien coûterait ce genre d'investissement ?
On dépense de l'argent pour des événements qui n'apportent rien au pays sur le plan technologique. Des professeurs de haut niveau nécessitent l'alignement de leur salaire sur ceux d'ailleurs. C'est le double d'un enseignant algérien qui touche actuellement jusqu'à 23 millions de centimes. Mais, il faudra que les Algériens admettent la nécessité de cette coopération.
On ne recrutera pas n'importe qui. Ils viendront car la crise a touché tout le monde. Les gens qui sont en retraite sont prolifiques avec leur expérience. Les pays du Golfe l'ont compris. Nous sommes capables de ramener 1 000 enseignants étrangers à qui on exigera dans le contrat de performances d'encadrer trois enseignants algériens pour soutenir leurs thèses de doctorat, soit 3 000 doctorants en 4 ans. Chaque doctorant réalisera 2 à 3 publications, cela fera 10 000 publications. Ce nombre de publications est réalisé actuellement en 20 ans en Algérie. Au bout de 10 ans, tous les enseignants auront leurs doctorats.
Est-ce possible de réaliser cela sur le budget de l'Etat ?
Cinq milliards DA seront suffisants. Il faudra juste convaincre en faisant du lobbying.
Qu'en est-il de l'innovation en Algérie ?
On a accusé un retard extraordinaire, car il est nécessaire de développer l'environnement technique autour de l'innovation. Il faut mettre l'outil technologique à la disposition de l'inventeur pour transformer son idée en un produit vendable. On commence à peine à mettre en place ses outils, mais il faudra 20 ans pour y arriver. Il faut une véritable synergie, car jusque-là chaque secteur travaille en solo. A l'université, nous ne réalisons que des thèses académiques qui n'ont aucun lien avec le secteur socio-écoonomique. Partout, dans le monde, l'industrie offre des bourses sur des sujets industriels dans différents domaines. Les grosses entreprises devraient mettre en place des centres de recherches et développement en leur sein. Il faudra juste avoir le courage d'avouer ses erreurs et les rattraper. C'est possible ! Le LMD est incontournable. C'est un système qui a fonctionné depuis la création de l'université anglo-saxonne. Les Américains font la différence avec les masters engineering.
Dans ce cas, votre direction de la recherche devrait porter une double casquette...
Dans les textes, nous sommes multisectoriels mais dans les faits, c'est autre chose.
* Directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique


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