Le méga projet qui devra se matérialiser entre 2012 et 2025 et qui exigerait 14 milliards d'euros pour sa réalisation, a été décortiqué devant la presse, dans tous ses segments. UNE PERLE QU'IL FAUT DEGROSSIR « Oran est une vraie perle qu'il faut dégrossir pour en faire sortir l'éclat et la luminosité », dira-t-il en guise de préambule et de conclusion. A travers un riche documentaire projeté sur les écrans de l'hémicycle de la wilaya, il a fait le tour de l'actuelle ville pour en souligner les points noirs (vétusté du vieux bâti, circulation exsangue, déficit en espaces verts...) et les atouts dont elle dispose pour prétendre au statut de grande métropole méditerranéenne. Prenant à bras le corps les six défis qui s'imposent à toute idée de rendre une ville moderne, il a étudié avec un panel d'universitaires et d'experts, la « vocation » d'Oran, sa « mobilité » interne, la qualité de « l'environnement », le « patrimoine » culturel, l'« habitat » et enfin, la bonne « gouvernance » urbaine. S'inspirant, en partie, de la Loi sur la ville, promulguée en 2007 et 2008, M. Boudiaf a décidé de faire d'Oran une vraie grande ville « nationale et internationale, au même titre, sinon mieux, que Barcelone, Marseille, Naples.... » comme il tient à le souligner. Etant arrivé à la conclusion, après des études minutieuses, qu'Oran a, bizarrement, le dos tourné à la mer, il a conclu à la nécessité d'ouvrir El Bahia sur la Méditerranée. C'est une idée neuve et ambitieuse qui exige beaucoup d'imagination, de travail et d'argent. Les trois éléments ne semblent pas faire peur au chef de l'exécutif qui se targue d'être le maître d'œuvre de l'idée et de pouvoir disposer des trois éléments pour mener à bien ce « schéma qui aspire à placer Oran parmi les atouts potentiels de l'Algérie dans l'ouverture et la compétition internationales ». LE DOSSIER A ETE VU EN HAUT LIEU Créer une nouvelle ville à Oued Tlélat, des résidences d'Etat, trois marinas, des cités de banques pour faire d'El Bahia une place monétaire méditerranéenne, un centre d'affaires international et un grand opéra du côté du Centre des Conventions, des autoroutes, l'autorail, des complexes touristiques à Mers El Hadjadj, des pôles d'excellence sportifs à Belgaid (stade de 45.000 places, vélodrome...), une zone de parcs du côté de la forêt des Lions sur une superficie de 100 ha, pour réaliser des parcs aquatique, animalier, familial, un aquarium sous-marin du côté d'Arzew... et d'autres projets encore, à valeur particulièrement structurante, qui doivent rendre à Oran sa place initiale de métropole naturelle qui rayonnera sur la Méditerranée et sur le voisinage... Telles sont, entre autres, les grandes lignes de méga dossier. Pour l'étude de chaque projet, un cahier des charges a été élaboré pour que l'investisseur ne vienne pas clochardiser la ville en faisant n'importe quoi. « Il faut qu'il avance avec notre vision. S'il faut construire un hôtel 5 étoiles, l'investisseur ne va pas réaliser un hammam », dira le wali d'Oran. Le projet est ficelé sur le plan étude et choix du terrain. Selon le chef de l'exécutif, il a même fait l'objet d'un examen par « les hauts responsables du pays » qui ont donné leur accord. Reste maintenant à en faire la publicité qui a commencé. QUI REALISERA LE PROJET ? Les trois éléments nécessaires et indispensables au projet existent, dira M. Abdelmalek Boudiaf. Premièrement, la disponibilité du foncier : des milliers d'hectares ont été récupérés, soit à partir des assiettes nées de la démolition du vieux bâti, soit en se réappropriant les terrains cédés dans le cadre du CALPI et qui n'ont jamais été utilisés par les promoteurs. Deuxièmement, l'investissement : L'Etat va participer aux environs de 30% et les 70% restants seront assurés par des investisseurs privés. La troisième formule est la possibilité de faire un partenariat privé-public ou privé national avec un partenaire international pour les fonds et surtout la technologie. La flexibilité de la loi sur l'investissement permet cette dernière formule. Bien évidemment, certains projets, comme celui de la Nouvelle ville d'Oued Tlélat, doivent rester du domaine du public. Certains projets seront réalisés à court terme alors que d'autres le seront à long terme. - Vieux bâti : restaurer et détruire... L'un des tout premiers points qui a été mis en œuvre pour défricher le terrain, a été celui de faire l'inventaire de tous les quartiers où les immeubles menacent ruines et qu'il faut soit restaurer, soit démolir pour en récupérer les assiettes foncières. Ainsi, a-t-il initié de nombreux projets de réhabilitation du vieux bâti qui ont concerné, particulièrement, plus de deux cents immeubles au centre ville. Dans d'autres quartiers, des centaines d'habitants ont été relogés ce qui a permis de raser leurs habitations et de récupérer des centaines d'hectares qui iront renforcer le portefeuille foncier urbain. Ainsi, 100 hectares ont été récupérés à El Hamri, 85 à Sidi El Houari, 50 à Médioni, des dizaines d'autres aux Planteurs...Le travail se poursuit toujours et, à cette occasion, la wali a instruit le D.G de l'OPGI d'accélérer l'opération de réhabilitation des immeubles dont la cadence des travaux ne le satisfait pas. La restauration se fait de manière lente mais judicieuse puisque, selon ce que nous en constatons, les architectures originales des immeubles ont été sauvegardées, française ou gothique par ici, scandinave par-là... - Une nouvelle ville de 30.000 habitants à Oued Tlélat Pour limiter l'hyper concentration urbaine d'Oran, une Nouvelle Ville de 30.000 habitants sera réalisée à Oued Tlélat. L'inscription, l'étude, l'aménagement sont pris en charge par l'Etat. La réalisation de cette Ville Nouvelle doit se faire selon les normes modernes. Elle sera localisée dans la daïra d'Oued Tlelat, à proximité de la commune de Boufatis. 2000 hectares seront consacrés à la réalisation des logements et autres infrastructures d'accompagnement. Reste seulement à répondre à cette lancinante question : qui habitera cette Nouvelle ville qui disposera de tous les atouts modernes ? Le wali d'Oran n'a pas donné les éclaircissements qui s'imposent... - Un nouveau complexe touristique à Kristel Il est projeté la réalisation d'un nouveau complexe touristique au niveau du site balnéaire de Kristel, à l'Est de la ville d'Oran. Avec ce nouveau projet du type Complexe des Andalouses, la wilaya d'Oran envisage de renforcer ses infrastructures touristiques en créant sur son flanc Est une nouvelle destination pour les estivants dont le nombre a atteint l'année dernière quelque prés de 20 millions. Un site a été retenu dans la région de Kristel pour abriter ce futur complexe qui sera doté d'une résidence d'Etat, une marina, une pêcherie et d'autres infrastructures nécessaires au créneau touristique. - Le port d'Oran sera rendu à la plaisance Le port d'Oran qui dispose d'un périmètre de 40 hectares sera rendu à la plaisance et aux voyages. Un nouvel investissement « très lourd » sera consenti du côté d'El Mactaâ, sur une superficie de 100 ha, pour créer un nouveau port commercial et marchand, notamment, pour les fameux conteneurs qui alourdissent le paysage actuel du port. Le projet sera réalisé à moyen ou à long terme. - Comment faire aboutir le projet de modernisation Le wali d'Oran assure travailler avec une petite cellule au niveau de la wilaya constituée de jeunes et chapeautée par des cadres universitaires qui font de la recherche. Des briefings chaque jour pour les orienter. Un organisme à créer devra s'occuper du suivi de ce projet de modernisation. C'est un dossier lourd, très lourd même et les services techniques des secteurs ne peuvent en aucun cas faire le suivi de ce projet. Il faut donc créer un organisme local, indépendant qui est lié directement au cabinet du wali et ne sera chargé que de faire le suivi du projet. C'est un directoire constitué de trois ou quatre personnes d'un haut niveau et d'une grande expérience. Ils seront là de façon permanente, à la disposition du wali. - Quelques avantages... Tout au long de son exposé, le wali a promis de ne pas toucher au cachet patrimonial d'Oran et sa spécifié architecturale (63 sites ont été recensés) qui la distinguent grandement des autres villes d'Algérie. Pour lui, la réalisation de ce méga projet, « Quand bien même n'en réussirions-nous que 40% » devra permettre de « Renforcer l'attractivité et la dynamique de la création des richesses et des emplois au service d'une qualité de vie durable en veillant à la cohésion sociale et territoriale. » Ces objectifs seront atteints par le biais de l'accès au logement, à la culture, aux loisirs, à une connectivité et une mobilité sociales aisées par l'amélioration de tous les réseaux...En conclusion, M. Abdelmalek Boudiaf dira : « Ce projet est le fruit de mes propres efforts d'imagination et de prospective. Il me tient à cœur de le réaliser totalement. Mais s'il se trouve des gens pour présenter un autre projet de modernisation d'Oran, mieux que le mien, ils sont les bienvenus. Qu'ils me le présentent et on l'étudiera ensemble. Toutes les idées enrichissantes sont les bienvenues... »