Le Conseil de sécurité refuse de cautionner le projet de création « en toute urgence » d'une force d'intervention au Mali présenté mardi par l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Plusieurs membres ont exprimé leurs préoccupations sur cette demande lors d'une réunion qu'ils ont tenue à huis clos, vendredi soir, à New York. Mercredi déjà, à l'occasion des discussions annuelles entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, les « Quinze » avaient laissé planer ce « niet ». Ils avaient certes pris note de la proposition de créer cette force, mais ils ont refusé d'apporter leur soutien à cette force dont personne ne sait, ni comme elle va aider les Maliens ni comment elle va s'attaquer au Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et surtout au mouvement islamiste Ansar Dine et à son allié al Qaïda au Maghreb islamique. « L'usage de la force n'est pas la première option. La première option, c'est d'obtenir un résultat via la négociation avec ceux qui ont des revendications légitimes », déclare Kadré Désiré Ouédraogo, le président de la Commission de la Cédéao, précisant que l'Organisation régionale « dispose d'une force de 3.000 hommes prêts à entrer au Mali pour aider le gouvernement intérimaire à reprendre la partie nord du pays ». Paul Koffi, le ministre de la Défense ivoirien, le pays qui assure la présidence tournante de la Cédéao, ne perd pas espoir. « Toutes les réponses ont été apportées aux interrogations » du Conseil de sécurité, dit-il convaincu que les « Quinze » adopteront « d'ici deux à trois semaines » une résolution pour apporter leur soutien aux pays engagés dans la résolution de cette crise. De nouvelles discussions sur cette demande seraient programmées cette semaine à New York. Ceux qui s'interrogent sur le coût, les véritables objectifs de cette force et les éventuelles implications politiques d'un tel déploiement militaire dans la région auront-ils les bonnes réponses ? Certains membres du Conseil de sécurité souhaitent que la demande soit formellement exprimée par Bamako qui milite pour un contrôle total sur tout dossier d'ordre militaire sur son territoire. Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre de transition, qui prône une solution de règlement de la crise par le dialogue, a déclaré que « si intervention il devait y avoir, la demande devait être de la seule initiative des autorités maliennes ». Comme il y a un vent de négociations qui souffle en Afrique, six responsables d'Ansar Dine sont depuis vendredi à Ouagadougou pour parler de « la paix dans le Nord du Mali » avec le président burkinabé Blaise Compaoré qui a rencontré le 9 juin dernier, une délégation du MNLA « disponible » pour des négociations de paix.