A quel prix seront vendues les viandes durant le ramadhan ? Difficile de répondre d'une façon « exacte » même si les prévisions annoncent une fourchette oscillant entre 1 100 à 1 300 dinars. Il ne s'agit pas là d'une vision exagérée, mais des estimations basées sur des calculs des professionnels. A la veille du mois sacré, l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA) affirme avec certitude que les prix des viandes, toutes variétés confondues, ne connaitront pas une baisse par rapport ceux pratiqués en ce moment : 1 200 dinars pour la viande bovine et 1 260 pour l'ovine. Quand au poulet, il n'est cédé qu'à hauteur de 360 dinars le kilogramme. Une flambée que Youcef Redjam Khodja, directeur du développement et de la régulation des produits agricoles au ministère de l'Agriculture explique par les rétentions exercées par les producteurs dans le but d'engranger des bénéfices illicites lorsque la demande atteindra des pics durant les premiers jours de jeûne. Pour atténuer la surchauffe, les pouvoirs publics ont créé un stock d'environ 10.000 tonnes de poulet congelé dans le cadre du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Le produit sera écoulé à un prix de 250 DA/kg. Mais pour le porte-parole de l'UGCAA, El Hadj Tahar Boulenouar soutient, mordicus, que les bouchers ne « sont et ne seront pas » responsables de cette situation de flambée des prix. Selon lui, la raison est à chercher ailleurs. Où ? Il avance deux principaux motifs : cherté des aliments de bétail et un écart terrible entre l'offre et la demande. Il estime que la production nationale est « infime », ne dépassant pas les 400 000 tonnes par an. La demande, quant à elle, s'élève à 600 000 tonnes. En revanche, M. Boulenouar estime que la spéculation, motif souvent invoqué pour justifier la hausse des prix, ne peut en aucun cas expliquer cette flambée certaine. Mieux ! Il a fait savoir que celle-ci (spéculation) n'est nullement une « raison », mais plutôt la « résultante » de la faible production nationale et par ricochet, l'offre. IMPORTATION... UN COUP D'EPEE DANS L'EAU ? Et ce n'est « sûrement » pas l'importation, juge-t-il, qui jugulera le marché, déjà en déficit de pas moins de 40%. En outre, selon lui, les prix de la viande congelée n'est pas d'un moindre coût pour le consommateur. Et pour cause, ce dernier se doit de débourser 600 dinars et peut-être plus pour en acquérir un kg. L'UGCAA est catégorique : le prix de la viande congelée ne doit pas dépasser les 300 dinars. Un tel prix serait-il possible ? « Si les pouvoirs publics auraient procédé à des programmes d'importation étudiés et surtout planifiés », estime le porte-parole.Dans cette optique, l'UGCAA n'arrive toujours pas à comprendre le niet opposé par le ministère de l'Agriculture à l'importation de la viande soudanaise, pourtant d'une « meilleure qualité » et d'un prix « raisonnable ». « L'argument de manque d'hygiène est peu convaincant », dit-il. Et ce, dans la mesure où « ce même pays est connu par ses programmes d'exportation vers d'autres pays sans que cela suscite des problèmes ». Il est à souligner dans ce sens que le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a mis en place un programme d'importation. Selon le département de Rachid Benaïssa, les opérations des produits importés ont été effectuées, selon les normes d'hygiènes requises, soumises, notamment au contrôle sanitaire. « C'est une question de santé publique. Nous n'avons pas droit à l'erreur. Il s'agit de la santé de nos concitoyens », rassure un cadre du ministère. Et d'ajouter que les pays de provenance sont, entre autres, l'Union européenne et le Brésil. Pour le ministère, tous les dispositifs ont été mis en place, afin d'approvisionner en quantités suffisantes le marché. Et ce, pas uniquement durant le ramadhan, mais durant toute l'année. « La stratégie du ministère ne se repose pas sur le conjecturel, mais s'inscrit dans le long terme », dit-on du côté du département de Benaïssa. Côté ministère du Commerce, on annonce l'importance pour la première fois, de viande ovine. Le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada, avait indiqué que quelque 10.000 tonnes de viande congelée avaient été importées pour les mois de juillet et août, tout en assurant que la viande ovine importée serait disponible cette année. Concernant la viande blanche, les prix ont déjà pris l'« ascenseur » à deux semaines du mois de ramadhan.