L'Eglise copte orthodoxe crie à l'injustice. Dans la nouvelle Egypte, la représentation politique est revue à la baisse pour cette communauté qui compte 6 à 10% des 82 millions d'Egyptiens. L'attribution du seul portefeuille de ministère de la Recherche scientifique, assimilé à un « demi- ministère », est vécue comme une « injustice » par le chef par intérim de l'Eglise, l'évêque Pachomius, qui a revendiqué 4 sièges « conformément au nombre de Coptes ». Au quotidien Al-Tahrir, il a expliqué le refus de la composition du nouveau gouvernement par le recul copte. « Auparavant, il y avait moins de ministères et le nombre des ministres chrétiens était de deux ou trois. Aujourd'hui que le nombre de ministères augmente, il n'y a qu'une ministre chrétienne à la recherche scientifique », a-t-il ajouté. L'édifice islamiste en construction est indéniablement confronté à la difficile équation copte qui est rendue d'autant plus ardue que les violences confessionnelles alimentent les vieilles rancœurs communautaires. Au lendemain même de la prestation de serment du nouveau gouvernement qui n'a pas tenu toutes ses promesses, selon l'évêque Marcos, les attaques ont repris. Dans le village de Dahchour, à la suite d'un décès d'un musulman après une dispute avec un blanchisseur chrétien, les Coptes qui se disent victimes de marginalisation et de discrimination ont été visés par des attaques qui ont fait 16 blessés. Le climat de violence qui a atteint le summum, lors de l'attentat sanglant commis à la sortie de la messe de Noël en Haute Egypte (6 Coptes et un garde musulman tués), en janvier 2010, traduit le déchirement communautaire appréhendé en défi majeur. Le phénomène prend des proportions inquiétantes au point où l'incident de Dahchour menace de se transformer en brasier confessionnel. Des activistes chrétiens ont manifesté, le jeudi 2 août, devant le palais présidentiel pour protester contre l'expulsion collectif de 120 familles coptes de Dahchour pour raison de « sécurité ». Dans l'Egypte citoyenne, placée au dessus de « tel ou tel courant », le pari sécuritaire est tout aussi déterminant que la reconstruction économique pour concrétiser les immenses attentes de la révolution réitérées par le nouveau chef de gouvernement en conférence de presse. « Ce gouvernement était attendu depuis longtemps et sa mission est de réaliser les objectifs de la révolution : pain, liberté, justice sociale », a-t-il déclaré.