Photo : Mahdi I. C'est l'heure des bilans. Cinq années après l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne, l'Algérie et ses partenaires européens procéderont aujourd'hui dans la capitale européenne Luxembourg, lors des travaux de la 5e réunion du Conseil d'association Algérie-UE à la première évaluation de la mise en œuvre de cet accord. La délégation algérienne est conduite par le ministre des Affaires étrangères M. Mourad Medelci. Le chef de la diplomatie algérienne co-présidera avec son homologue espagnol, M. Miguel Angel Moratinos - dont le pays préside l'Union - les travaux de cette rencontre. Par ailleurs, M. Medelci assistera demain à Strasbourg à la cérémonie d'installation du groupe d'amitié avec l'Algérie au niveau du Parlement européen. Au Luxembourg, les deux parties évoqueront les perspectives de la coopération au niveau politique, économique, commercial, financier et culturel. Les échanges commerciaux hors hydrocarbures - en défaveur de l'Algérie - seront parmi les axes prioritaires de cette rencontre. Pour rappel, les importations algériennes de l'UE ont pratiquement doublé en 3 ans passant de 10 à 20 milliards de dollars. Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE ont, pour leur part, stagné. Tout en mettant en exergue, l'importance qu'elle accorde à ses relations avec l'UE, l'Algérie compte demander à l'Union, une adaptation du calendrier et des listes des produits concernés par le démantèlement tarifaire, arrêtés en 2002 dans le cadre de l'Accord. Les normes imposées pour ces produits sont inaccessibles pour les exportateurs algériens. De l'avis des observateurs le coût pèse lourdement sur les recettes budgétaires de l'Algérie. Il n'encourage nullement la création et le développement de certaines industries locales naissantes ou en développement. Le ministre «sortant» du commerce Hachemi Djaâboub a insisté le mois dernier sur la nécessité de réviser les clauses de cet accord. «Nous allons voir dans quelle mesure nous pouvons demander la révision des clauses (de l'Accord d'association avec l'UE) pour qu'elles soient plus équitables entre l'Algérie d'une part et les Etats membres de l'UE d'autre part », a souligné le ministre mettant en exergue les anomalies et les imperfections dans l'application de cet Accord. Selon des experts indépendants en collaboration avec des institutions officielles algériennes, depuis l'entrée en vigueur de l'Accord, en septembre 2005, le déficit commercial - hors hydrocarbures - de l'Algérie s'est creusé en faveur des pays de l'Union. Prenant acte de ce constat, chaque secteur lié par l'accord à l'Union a établi son rapport sur cette mise en œuvre. Soumis au ministre des Affaires étrangères, ces documents seront présentés aujourd'hui au conseil. Selon les diplomates algériens, cette 5e session est une opportunité pour procéder à des correctifs. Les nouvelles exigences de l'Algérie notamment dans le domaine économique imposent cette démarche. Déplorant les timides investissements directs européens en Algérie, la délégation algérienne plaidera l'aménagement des normes juridiques et économiques. Parallèlement aux anomalies relevées dans le secteur économique, les experts attestent que l'accord a néanmoins favorisé la coopération dans divers domaines, entre l'Algérie et ses partenaires européens. Parmi les six volets de la coopération bilatérale, ils reconnaissent que le dialogue politique est établi sans aucun problème, concernant les questions de l'heure. Ce rapprochement et cette convergence de vues sont dus essentiellement à l'évolution interne de l'Algérie, devenant ainsi une référence dans la lutte antiterroriste durant les deux dernières décennies et actuellement dans la région du Sahel. L'Algérie souhaite que l'UE poursuive son soutien à la lutte contre le terrorisme mise en œuvre dans cette région.