Le gouvernement doit demander à ce qu'on arrête de percevoir l'Algérie comme un comptoir commercial. L'Algérie semble avoir considérablement revu à la baisse ses ambitions dans la renégociation annoncée de l'Accord d'association signé en 2002 avec l'Union européenne (UE). Mis à part son souhait d'obtenir une adaptation du calendrier et des listes des produits concernés par le démantèlement tarifaire, les responsables algériens ne manifestent, pour le moment, aucune intention d'obtenir par exemple la réouverture du dossier de la libre circulation des personnes qui, pourtant, leur a souvent servi d'argument pour dénoncer le caractère « déséquilibré » de l'Accord d'association Algérie-UE. L'objectif modeste que s'est fixé d'atteindre l'Etat algérien lors de la rencontre du Conseil d'association Algérie-UE, qui est prévue d'avoir lieu aujourd'hui au Luxembourg, contraste en tout cas avec l'intensité du discours mis en avant ces derniers mois pour exiger l'amendement pur et simple de l'Accord d'association conclu avec Bruxelles. L'ambivalence ou le recul du gouvernement algérien sur une question aussi importante que celle de la libre circulation des personnes demeure pour bon nombre d'observateurs incompréhensible, surtout que l'Algérie se trouve aujourd'hui dans une position beaucoup plus avantageuse qu'il y a une dizaine d'années. Il n'y a qu'à rappeler que le pays fournit aujourd'hui 20% des besoins en gaz de l'Europe pour mesurer le poids de l'Algérie en Méditerranée occidentale. Un poids que n'ont pas les autres partenaires du Sud de l'UE. La preuve est que même les responsables de l'Union européenne n'ont d'ailleurs pas crié au scandale lorsque le gouvernement a émis, il y a une année, le souhait de rediscuter certains des termes de cet Accord d'association. Mieux, le commissaire européen responsable de l'Elargissement et de la politique européenne de voisinage, Stefan Füle, n'a non seulement pas tari d'éloges concernant la qualité du partenariat noué par l'UE avec l'Algérie, mais s'est montré même disponible à discuter de tous les aspects inhérents à cette coopération. « L'Algérie joue un rôle très important non seulement en Afrique, mais aussi dans la région du Maghreb et c'est pour cela que je suis venu pour discuter de toutes ces questions et renouer avec les relations de voisinage très proches entre l'Union européenne et l'Algérie », avait-il notamment déclaré la semaine dernière lors de sa visite de deux jours à Alger. Quoi qu'il en soit, la frilosité des autorités algériennes risque d'être coûteuse puisqu'il faudra certainement attendre longtemps avant que Bruxelles daigne accepter à nouveau de rouvrir le dossier de l'Accord d'association. La disponibilité affichée par les responsables de l'Union européenne à ouvrir le débat sur l'avenir de leur coopération avec l'Algérie aurait été, selon les mêmes observateurs, une opportunité pour commencer à négocier un « statut avancé » pour l'Algérie comme a déjà eu à le faire le Maroc il y a peu ou, à tout le moins, aller dans le sens d'un partenariat renforcé. Le gouvernement qui semble se contenter très souvent des satisfecits politiques venant de Bruxelles oublie sans doute un peu trop vite qu'en prenant le risque de jouer le gendarme pour les Européens et de contribuer à la sécurité de l'Europe, il a parfaitement le droit, en retour, à davantage d'égards et de demander à ce qu'on arrête de percevoir l'Algérie que comme un comptoir commercial. A préciser que c'est le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui conduira aujourd'hui la délégation algérienne au Luxembourg où il coprésidera avec son homologue d'Espagne, Miguel Angel Moratinos, dont le pays assure la présidence en exercice de l'UE, la 5e réunion du Conseil d'association Algérie-UE. Cette session, rappelle-t-on, intervient cinq ans après l'entrée en vigueur de l'Accord d'association.