Téhéran et Le Caire s'acheminent-ils vers une reprise des relations diplomatiques rompues depuis plus de 30 ans ? Pour le moment, l'option, sujette à des polémiques incessantes, suscite une démarche prudente par l'Egypte de Morsy qui, à moins d'une semaine de son premier voyage international hors du monde arabe, est donc attendue à Téhéran. Qualifiée par le porte-parole de la présidence, Yasser Ali, de « protocolaire », la visite de Morsy se justifie par la nécessité de transmettre le flambeau de la présidence tournante du Mouvement des Non-Alignés réuni les 30 et 31 août dans la capitale iranienne. Mais, les signes précurseurs du dégel irano-égyptien, motivé par les perspectives de la révolution et l'avènement des Frères musulmans, se présentent à la faveur des gestes de bonne volonté relevés de part et d'autre. Dans une interview au quotidien Al-Ahram, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, avait estimé que la reprise des relations diplomatiques « ne dépend plus que de mesures protocolaires ». Le réchauffement est ainsi favorisé par la donne révolutionnaire qui a ouvert un « nouveau chapitre dans les relations de l'Egypte avec le monde extérieur », a précisé M. Salehi. Plus est, le soutien de l'Iran à la proposition de Morsi conforte les premiers pas de la normalisation attendue. L'idée égyptienne, visant à la constitution d'un groupe de contact incluant l'Egypte, l'Iran, l'Arabie Saoudite et la Turquie, se rapproche de la médiation du Mouvement des Non-Alignés prévue à cet effet pour parer aux urgences de la crise syrienne qui menace déjà de déborder sur le voisin libanais. Même si, lors des travaux de l'assemblée générale, la majorité des 70 des 120 pays non-alignés ont voté la résolution contraignante condamnant le régime de Bachar El Assad, Téhéran ne désespère pas de ressouder le consensus. Une proposition réaliste et « difficile à rejeter », selon Salehi, sera faite pour encourager le dialogue syro-syrien et l'ouverture des négociations entérinées d'ores et déjà par « une grande partie de l'opposition » syrienne. Par-delà cette convergence des visions sur le devenir de la région, la convergence irano-égyptienne signifie assurément la fin du mythe destructeur des « frères ennemis » sunnites et chiites et le dépassement de l'ère Moubarak stigmatisant le rôle déstabilisateur de l'Iran au Moyen-Orient.