Photo : Lylia M. En se rapprochant progressivement d'un taux de raccordement au gaz de 90 % à l'horizon 2014, Constantine et ses 12 communes occupera la première place dans le pays. Un rendement qui fait d'elle aujourd'hui une wilaya pilote pour l'ensemble des œuvres réalisées jusqu'à présent par la SDE (Société de distribution de l'Electricité et du gaz de l'Est) et de la DMI (direction de l'industrie et des mines). Même si la ville du vieux rocher est connue pour sa surface topographique accidentée et difficile, cela n'a pas empêché la majorité des ménages, actuellement 84 %, de cuisiner et de se chauffer au gaz naturel. Une performance qui a vu le jour au début des années 2000. Mais avant cela, et à l'instar des autres wilayas du pays, il y avait de l'eau dans le gaz comme on dit, les pénuries de bonbonnes étaient fréquentes surtout pendant l'hiver. Constantine a bénéficié, depuis, de précédents plans du gouvernement de relance dans le secteur. Le grand boom immobilier de ces dernières années, avec la construction et l'expansion rapide des nouvelles villes (Ali Mendjeli, Massinissa, Bkira) explique, en grande partie, ce succès. On a ainsi voulu tirer profit du programme de modernisation de la ville, les vieux quartiers et bidonvilles ont disparu, mais pas seulement, car la détermination de la wilaya ne s'est pas arrêtée là : même les quartiers populaires encore habitables ont connu une importante opération de branchement du gaz de ville. Le taux de pénétration actuelle (84%) pourrait vite grimper les prochains mois car les projets se suivent, la moyenne du programme annuel de la direction des mines pour la réalisation des conduites de gaz est de 140 km. Ceci dit, il reste encore une dizaine de quartiers «isolés» et des bidonvilles non encore alimentés dans la ville des ponts. Le cas de la cité Chaab Ersas est assez particulier car faisant partie des rares zones non approvisionnées en gaz de ville. La bouteille de butane est toujours utilisée par les habitants et ce, malgré plusieurs tentatives d'études pour raccorder toute la cité. RAISONS TECHNIQUES ET RELOGEMENT EMPÊCHENT LE RACCORDEMENT L'affaire a d'ailleurs fait couler beaucoup d'encre durant des années, et la dernière sortie des habitants était au mois de décembre dernier, une manifestation pour réclamer un raccordement au gaz comme tout le reste des autres quartiers populaires a failli se transformer en émeute. «C'est par mesure de sécurité que nous avons pris la décision d'annuler l'opération de raccordement pour la cité Chaab Ersas. La SDE a reçu des rapports négatifs de la direction des mines ainsi que de la protection civile, car si l'artère principale a été branchée au gaz sans problème, les ruelles se trouvant perchées sur les hauteurs ne peuvent être alimentées du fait que le terrain est très accidenté et donc il y a un grand risque de déclencher une catastrophe», nous explique un cadre de la SDE. D'autres cités par contre n'ont pas ce genre de problèmes topographiques et pourtant elles n'ont pas été raccordées au gaz naturel. Ces quartiers se trouvent à 1 ou 2 km du centre ville, on pense notamment à Bentelis, le Chalet des pins, et le 4ème km. La raison de cette exclusion a une autre cause comme nous le fait savoir M Bouzidi directeur de la DMI à Constantine : «Nous avons eu 25 milliards de centimes de pertes sèches en branchant le gaz dans les foyers de l'avenue de Roumanie. Il y a quelques semaines tout le quartier a été rasé parce qu'il fait partie du plan de modernisation de la ville, lequel comprend d'autres cités. Nous avons donc fait un choix de ne pas perdre de l'argent et du matériel car de toute façon les habitants des quartiers précaires qui restent seront relogés très bientôt dans de nouveaux immeubles équipés en tout». Concernant les douars et villages isolés de la ville, M Bouzidi nous a confié que contrairement à d'autres wilayas, Constantine est une ville ultra urbaine «Il y a peu de bourgades dans la wilaya, ce qui facilite considérablement l'accès au gaz de ville. J'ai travaillé durant sept années à Chlef et là-bas ce n'est vraiment pas la même chose parce que d'abord il y a beaucoup de villages puis la région a trop souffert du terrorisme». Et d'ajouter «Je suis fier de travailler à Constantine. Quand je suis arrivé au mois de janvier 2010, le taux de raccordement était déjà de 84 %, aujourd'hui il se situe entre 88 et 90% et avec l'exécution du reste du programme quinquennal 2010-2014 la wilaya aura le taux le plus élevé d'Algérie et même du monde». Le directeur des mines estime par ailleurs que la Sonelgaz devra revoir et alléger les conditions de raccordement au gaz pour les nouveaux abonnés : «Les petites bourses préfèrent parfois ne pas disposer de gaz naturel parce qu'ils estiment que le payement des droits pour la SDE (15 000 da) est cher en plus des frais d'installation. Donc je pense qu'il faudrait inventer une formule de crédits avec des banques par exemple pour alléger le coût et permettre le raccordement au gaz de plusieurs familles.» 88 100 NOUVEAUX CLIENTS DANS LES 16 WILAYAS DE LA RÉGION EST Enfin, en termes d'évolution de ses abonnements dans la région Est (16 wilayas), la SDE a enregistré pour la seule année 2009 quelque 88 100 nouveaux clients dont une grande partie, 98%, pour la basse pression c'est-à-dire des foyers. L'activité commerciale quant à elle est en nette progression, avec un chiffre d'affaire qui avoisinait les 10 080 MDA pour 2009 alors qu'il était de 8823 MDA en 2008. La bonne santé confirmée a permis au groupe d'appuyer les projets d'exploitations et d'investissements, c'est ainsi que les réalisations physiques de l'ensemble du réseau ont atteint pour l'année dernière 1 707 km, un nombre de 39 postes et d'extensions avec une longueur de 679 km de conduites et 23 170km de branchements. De son côté la direction des mines prévoit elle aussi un ambitieux programme à travers le projet national de raccordement gaz de ville pour le nouveau quinquennat 2010-2014. En fait, les besoins de la wilaya de Constantine ne sont pas inquiétants même si de leur côté les autorités locales veulent tacitement alimenter tous les foyers de la ville en gaz naturel. Pour le raccordement au gaz du nouveau quinquennat, plus de 10 000 foyers seront branchés au niveau des douze communes de la wilaya. La part du lion revient au Khroub avec 2 800 maisons concernées du fait qu'elle abrite la plupart des grands projets immobiliers. Le coût de l'ensemble de cette opération est estimé à 1454 MDA.