De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Si la wilaya de Béjaïa, selon les chiffres de la direction des mines et de l'industrie, détient aujourd'hui le record national en matière d'accès à l'énergie électrique avec un taux de connexion de l'ordre de 99,7%, elle reste en revanche très loin de la moyenne nationale en ce qui concerne le raccordement au réseau public de gaz de ville. On parle d'un taux qui se rapproche sensiblement des 27% contre une moyenne nationale qui serait de l'ordre de 46%. Le relief montagneux de la région avec son lot de complications techniques et les litiges fonciers induits par le passage des canalisations n'expliquent pas à eux seuls tout ce retard. Durant les années 1980 et 1990, aucune nouvelle réalisation n'a été enregistrée dans ce secteur vital. Il a fallu attendre le début des années 2000 pour voir le lancement de nouveaux projets. En 2006, seules 10 villes sur les 52 chefs-lieux de commune en étaient alimentées, soit à peine 36 000 foyers. En pourcentage, cela donne 17,3%. En 2007, un important programme a été mis en œuvre avec l'ambition, pompeusement affichée alors, d'atteindre le taux de 40% en 2010. Pour l'instant, on n'en est pas encore là même si on a enregistré entre-temps quelques améliorations. La mise en service du réseau alimentant les communes de Timezrit, de Seddouk et de Takrietz (4 115 ménages) portera ce taux à 19,3%. L'alimentation simultanée de la commune de Oued Ghir (1 900 foyers) améliorera encore ce score de 1% pour se situer à 20,3%. En tout, ils étaient 42 015 ménages à disposer à domicile de cette source d'énergie au début de l'exercice 2008. Inscrite dans le programme 2002/2004, la dotation des municipalités de la côte est (Tala Hamza, Tichy, Aokas, Souk El Thenine et Melbou) a accumulé un énorme retard. Il a fallu attendre fin 2009 pour assister enfin à la réception «partielle» du projet. L'extension du réseau alimentant la ville de Béjaïa connaît aussi de multiples atermoiements. Des quartiers comme Boukhiama, Dar Djebel, la Cité douanière et Ighil Ouazzoug, situés à quelques encablures seulement du chef-lieu de wilaya, attendent patiemment leur tour. On annonce cependant le renforcement imminent du poste de distribution publique (DP) de Bir Slam pour achever la couverture de ces quartiers. Egalement annoncé de longue date, le projet de raccordement de la ville de Kherrata et de ses environs, à partir de la wilaya de Sétif, peine à se concrétiser. On estime présentement le taux d'avancement des travaux à seulement 35%. L'alimentation des communes de Draa El Gaïd, Taskriout, Darguina et Aït Smaïl reste suspendue à la réception de cet ouvrage. Des projets d'extension de réseaux existants, d'une enveloppe globale de 2 milliards de dinars, sont également en cours dans plusieurs localités de la vallée de la Soummam. Les élus de la wilaya, qui ne cessent de dénoncer cette lente progression de l'alimentation en gaz de ville, proposent un ambitieux programme de travail pour le quinquennat 2010/2014 comprenant 37 DP et 66 extensions pour permettre le raccordement de 50 000 foyers supplémentaires. «Des wilayas limitrophes répondant aux mêmes critères de relief et de climat ont enregistré des avancées considérables en matière de raccordement de régions les plus reculées de leur territoire au réseau de gaz naturel», dénonce le député indépendant Meziane Belkacem dans une récente déclaration qui a suscité un vif débat sur cette question. Le ministre de l'Energie et des Mines se rendra samedi prochain à Béjaïa pour inspecter les chantiers en cours et examiner les perspectives du secteur pour les années à venir. Les citoyens et les élus de la région attendent beaucoup de cette visite.