Elle entend tourner la page des gouvernements transitoires sans réel pouvoir et sans perspectives de redressement et de stabilisation du pays menacé de chaos. « Nous nous dirigeons vers un jour véritablement historique pour la Somalie », a déclaré l'émissaire spécial de l'ONU pour la Somalie, Augustine Mahiga. « Après deux décennies de guerre, un Etat en faillite, nous sommes à quelques heures de l'élection d'un nouveau président », a-t-il ajouté. Dans une lettre adressée aux parlementaires somaliens, il a indiqué que cette élection mettra fin à la transition, tout en impulsant la dynamique de développement. Tout n'a pas été simple pour le 4e émissaire onusien depuis le Libérien Winston Tubman, chargé, quant à lui, de la supervision des premières législatives. « Il est des moments où tout semblait perdu et nous avons été parfois au bord du désespoir. Néanmoins, d'une certaine manière, le courage, la ténacité et la détermination du peuple somalien ont permis de surmonter ces formidables obstacles et nous ont menés où nous sommes maintenant », relève Mahiga. Le processus « inclusif, transparent et participatif » est donc lancé. Le Parlement, désigné lors d'une réunion des aînés, est appelé à voter à bulletin secret pour élire un nouveau président parmi les 25 candidats recensés dont le président sortant Sharif Cheikh Ahmed. Selon le processus électoral somalien, une victoire au premier tour nécessitera au moins deux tiers des votes. Si aucun candidat ne recueille le suffrage exigé, les quatre candidats arrivés en tête du premier tour s'affronteront dans un deuxième tour également à la majorité qualifiée. A défaut, un troisième tour départagera, à la majorité simple, les deux candidats sortis en tête au tour précédent. Parmi les adversaires du président, sortant figurent, notamment, le Premier ministre du gouvernement sortant, Abdiweli Mohamed Ali, formé aux Etats-Unis, et aussi l'ex-Premier ministre du président Sharif, entre fin 2010 et mi-2011, Abdullahi Mohamed Farmajo. La férocité de la course vers la magistrature suprême en Somalie a poussé le Conseil de sécurité de l'ONU à mettre en garde contre des pratiques « d'intimidation », se disant prêt à mener « des actions contre les individus dont les actes menacent la paix, la stabilité ou la sécurité » de ce pays ravagé par la guerre civile. De leur côté, les Etats-Unis ont estimé, vendredi dernier, qu'« il est temps pour le Parlement d'agir avec courage, détermination et intégrité pour une élection juste et transparente », invitant tous les candidats à reconnaître impérativement le résultat de l'élection. Face à son nouveau destin, la Somalie est confronté au défi de la stabilisation du processus politique et institutionnel qui a permis, outre l'assemblée constituante, de se doter d'une constitution et d'un parlement. L'élection présidentielle reste un jalon supplémentaire pour l'émergence d'institutions solides et crédibles à même de mener la bataille sécuritaire.