Ces chiffres émanent des services de la protection de l'environnement de la Gendarmerie nationale. Ainsi, ces unités spécialisées, ont recensé durant le premier semestre de l'année en cours, 819 décharges publiques autorisées et 2263 autres illicites. Conséquences : des forêts et des sites naturels sont devenus d'énormes dépotoirs. Les wilayas les plus touchées par la prolifération de ces décharges illicites sont Adrar, Oum-El-Bouaghi, Bejaia, Biskra, Bouira, Tlemcen, Tizi Ouzou, Djelfa, Sidi Bel Abbès, M'sila, El Bayadh et Souk-Ahras. A elles seules, ces douze wilayas renferment 86% du nombre global des décharges illicites, à travers le territoire national. La palme de la salubrité revient les à Saida, Annaba, Illizi, Tindouf et Ghardaïa qui n'ont enregistré l'existence d'aucune décharge illicite. Tizi Ouzou : le « royaume » des détritus La wilaya de Tizi Ouzou donne l'impression d'une énorme décharge à ciel ouvert. Le long des routes nationales, à la lisière des forêts, sur les rives des cours d'eau... le spectacle est désolant : détritus et autres gravats avec en prime des odeurs nauséabondes. Le rapport de la gendarmerie fait ressortir que ses unités du groupement territorial ont recensé 1361 décharges illicites contre seulement 39 autorisées. Il s'agit du plus grand nombre de décharges illicites existantes, à travers les zones hors agglomérations, soit un taux de 60% du nombre global existant, à travers le territoire national. Adrar est classée en deuxième position avec 110 décharges illicites et une seule décharge autorisée. Elle est suivie d'El Bayadh où les gendarmes ont recensé 108 décharges illicites. A Bouira, 107 décharges sauvages ont été recensées durant le premier semestre de l'année en cours. Et la capitale diriez-vous ? Même si elle ne compte que 11 dépotoirs sauvages, Alger s'empare de la première place en matière d'infractions à l'environnement. Ainsi, 40 cas y ont été relevés ayant abouti à l'arrestation de 9 personnes en flagrant délit. Les mêmes unités ont totalisé 170 infractions au niveau national, la plupart à Alger, Boumerdès et Tlemcen, ayant conduit à l'interpellation de 14 personnes et la saisie de 26 moyens de transport dont des camions. Les unités de la GN ont, également, relevé 170 infractions liées à la gestion des déchets, à travers 24 wilayas. Et durant le 1er semestre 2012, les cellules de protection de l'environnement ont constaté 564 infractions liées aux atteintes à l'environnement, à travers le territoire national. Le bilan fait ressortir que les décharges sont situées à proximité des agglomérations, des oueds, dans les forêts ou longeant les voies de communication. Ce qui attire les animaux errants et les insectes, sources de pollution et de maladies contagieuses. « Ce phénomène de prolifération de décharges illicites et de jets d'immondices influe sur la santé de la population et augmente les risques de propagation de maladies », souligne le rapport. Même cri d'alarme lancé par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement à l'issue d'une enquête. « Les décharges sauvages déclinent une situation d'insalubrité très prononcée et constituent, il va sans dire, un danger permanent pour l'environnement et la santé publique », soulignent les enquêteurs. On s'en doutait. Cet état de dégradation est dû à la forte présence d'activité industrielle n'obéissant pas aux normes, induisant une nuisance à l'environnement et au cadre de vie du citoyen, indique encore le document. Il est causé en général par une surpopulation implantée anarchiquement dans les périphéries des grandes villes et la création de bidonvilles. L'irrigation par les eaux usées, l'autre danger Autre violation de l'environnement : l'irrigation des cultures agricoles par les eaux usées. Ainsi, les unités de la GN ont traité durant le 1er semestre 2012, 33 affaires, à travers 10 Batna, Biskra, Blida, Tébessa, Sétif, Skikda, Médéa, M'sila, Mascara et El-Bayadh. Lors de ces interventions, les gendarmes ont saisi des camions, 15 pompes électriques et environ 4040 mètres de tuyaux d'irrigation. Une dizaine de personnes ont été déférées devant la justice, alors que les autorités locales ont détruit 25 hectares de culture. C'est Médéa qui enregistre le plus grand nombre d'affaires liées à l'irrigation de culture avec les eaux usées avec un taux de 33%. « Les pratiques illicites en matière d'irrigation des cultures par les eaux usées à partir des oueds est préjudiciable pour la santé des citoyens consommateurs de produits maraîchers (pastèques, melons et autres produits...) et pour l'économie nationale, suite au traitement coûteux des maladies à transmission hydrique », note le rapport. Les élus locaux, responsables Les autorités locales sont tenues comme responsables de cette situation alarmante. C'est du moins l'avis de l'Agence nationale des déchets (AND). Dans un rapport datant de 2011, l'Agence a relevé que « le caractère limité de la compétence locale, régionale ou nationale a entraîné le recours par les décideurs locaux à des procédés approximatifs et l'acquisition d'équipements motorisés et non motorisés inadaptés ». L'AND souligne également une réelle absence de capitalisation de formation et le peu d'intérêt manifeste des élus aux problèmes liés aux déchets. L'Algérie prévoit de réhabiliter 14 décharges les plus importantes du pays, en 2014. Le nombre de CET (centre d'enfouissement technique) de classe 2 dépassera 300 et contribuera ainsi à prendre en charge une partie du problème. La gestion de ce type de déchets pose de sérieux problèmes à cause, notamment, « de la non-application de la réglementation et de l'absence d'une définition précise des responsabilités », note le rapport de l'AND .