L'image est parfaitement illustrée par deux partis politiques : le FLN, vainqueur des législatives du 10 mai, et son dauphin, le RND, qui veut redorer le blason quelque peu terni par les résultats peu probants du dernier scrutin. La bataille électorale a pour théâtre la commune côtière de Raïs Hamidou (anciennement Pointe-Pescade) à 8 km à l'ouest d'Alger. Déjà, à l'entrée de la ville, des signes qui ne trompent pas : affichage anarchique, guerre des tags et des affiches. Les murs sont devenus un terrain privilégié d'affrontement par graffitis interposés. Sur ces supports foisonnent des écriteaux genre : « Boudjemaâ Zaïoua (actuel P/APC FLN) est un maraudeur », « vive le FLN ». Et quand l'accusation tourne au trivial, elle est vite effacée. Ici, les deux partis se livrent à une guerre sans merci et souvent d'une manière plus retorse. Objectif : séduire les électeurs. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. Tous les coups sont permis entre les candidats pour le contrôle prochain de l'APC. Chaque bureau veut affermir son pouvoir. C'est la chasse aux voix. Le FLN accuse A la permanence électorale du FLN, les militants s'occupent de la tâche avec une énergie singulière. Ici on attend le scrutin du 29 avec une impatience grandissante. Les militants ne sont pas venus au bureau les mains vides. Ils accusent, d'une voix unanime, les agissements des candidats du RND. Griefs retenus : insultes, manipulation des jeunes, candidats perturbateurs. « Le RND paye les jeunes pour nous insulter, déchirer nos affiches et taguer sur les murs que nous sommes des voleurs », accuse Miloud Kheriffi, militant FLN. Il cite même les noms de ceux qui ne cessent d'insulter les candidats du parti et de perturber leur campagne. « Comment peut-on nous accuser de voleurs alors que nous ne sommes que de simples fonctionnaires de la commune. Moi-même je ne suis qu'un agent de sécurité. Ce sont des accusations infondées », se défend-il. A son tour de lancer des accusations : « Les postulants du RND font le porte- à-porte en proférant des menaces à l'encontre des citoyens s'ils ne votent pas pour leurs candidats. » Les militants du FLN se disent médusés par « le comportement des candidats RND qui devraient faire preuve de sagesse ». « Un homme politique est avant tout un éducateur. Même si ces élections sont une compétition importante, elles ne doivent en aucun cas expliquer ces agissements émaillés d'injures », souligne un militant. Pour expliquer ces dénigrements par graffitis interposés qui enlaidissent l'environnement, le vieux parti indique par la voix de ses militants que c'est le RND qui a commencé le premier. « Non, c'est faux », riposte Abdenour, Zeroual, membre du bureau régional du RND qui affirme que c'est bel et bien le FLN qui a ouvert les hostilités à défaut d'affiches électorales. N'empêche, les militants du FLN invitent le RND à imiter les candidats du Front des forces socialistes (FFS) qui ont fait « preuve d'une conduite exemplaire ». « Deux mandats, barakat ! » Tout comme les militants du FLN, ceux du RND ne sont pas entrés dans la bataille électorale avec des gants de velours. Pour eux, « le mythe de la légitimité historique (allusion au FLN), est révolu ». D'une voix unanime, ils soutiennent que pour remettre la gestion de la commune sur les rails, « il faut impérativement la débarrasser de ceux qui courbent l'échine ». « Nous crions sur tous les toits et sans nous en cacher que nous n'avons rien contre le FLN en tant que parti politique, mais nous sommes contre la gestion de l'actuel président qui a failli à sa mission et dans la gestion des affaires de l'APC avec des résultats catastrophiques, comme le chômage, la discrimination dans l'attribution de logements, le manque d'infrastructures, notamment sanitaires. Ce sont ces problèmes qui rongent notre commune où les citoyens font face quotidiennement à des contraintes et les dernières intempéries avec les dégâts occasionnés ont mis à nu cette politique défaillante », assène Abdenour Zeroual. Il ajoute : « Le candidat FLN qui n'est autre que l'actuel P/APC veut, pour se donner bonne conscience, s'approprier la paternité du projet du port alors que tout le monde sait que c'est un projet de la wilaya. Si aujourd'hui ce candidat veut se présenter pour un troisième mandat, c'est avant tout pour camoufler sa gestion chaotique. Nous disons dix ans barakat ! » Pour B. M., militant RND, le vent du changement a soufflé car « 90% de la population veulent de nouvelles têtes à la commune ». Et le FLN de revenir à la charge avançant que « tout va pour le mieux au royaume de leurs administrés ». Arguments : « Notre gestion a permis l'introduction de l'eau, le raccordement imminent au gaz naturel et des rues bitumées », expliquent-ils non sans une pointe de fierté. Demain pareille heure, le même décor qui va se reproduire dans cette localité forte de 35.000 habitants et ce, jusqu'à la fin de la campagne électorale. La question, c'est de savoir à qui reviendra le dernier mot ? Réponse le 29 novembre...