Pour de nombreux observateurs locaux, le vote se jouera entre le FLN, le RND, AHD 54 et l'UDL. Pourtant, c'est la seule commune des 24 que compte la wilaya de Laghouat où se tiennent des élections partielles. En octobre 2002, les citoyens, mécontents de la réélection de Kadour Kaâbache, candidat du RND, s'étaient pris, juste après le dépouillement, au siège de l'APC en l'incendiant. La localité avait été le théâtre, trois jours durant, de violentes émeutes. Et depuis, la commune est gérée par un administrateur : M. Lakhdari, l'actuel tête de liste du FLN. Mais pas d'ambiance particulière, hier, à Tadjmout. Peu de gens circulent dans la rue. Pourtant, l'opération de vote a commencé, hier, à 7h, dans le seul bureau itinérant fort de 413 inscrits. Parce que ce ne sera, qu'aujourd'hui, que le gros du gisement électoral de cette commune agropastorale (5 710 inscrits) entrera en lice pour départager les 8 partis concurrents (AHD 54, FLN, El-Islah, MEN, MSP, PT, RND et l'UDL) ? Peut-être. Au siège de l'APC, M. Abdelmadjid Himer, chef de daïra, et les fonctionnaires de la daïra et de l'APC mettent les dernières retouches. “Techniquement, tout est fin prêt. Ainsi, les élections se dérouleront dans 3 centres comptant 11 bureaux dont celui itinérant”, soutient M. Abdelmadjid Himer, premier responsable de la daïra de Aïn Madhi. “La campagne électorale s'est très bien déroulée. Les 38 meetings programmés par les partis politiques s'étaient tenus dans le calme. Il y a même des ministres qui sont venus ici prêter main forte aux candidats de leurs candidats”, a-t-il ajouté. À entendre des citoyens, la partie se jouera essentiellement entre 4 partis : le FLN, le RND, AHD 54 et l'UDL. Les 3 premiers partis ont choisi leur tête de liste dans le archs, le plus puissant des 18 qui composent Tadjmout : Ouled Sidi Aaâtta Allah. Mohamed Lakhdari, tête de liste FLN, ne cultive pas le moindre doute : son parti arrivera en tête. Il sera suivi de l'UDL, de AHD 54 et enfin du RND. Il reconnaît, toutefois, qu'il est difficile d'avoir la majorité absolue. Sa crainte est l'absence d'un signe distinctif des bulletins de vote, le fait qu'aucun signe ne permet aux vieux analphabètes de voter pour le candidat de leur choix. Il regrette une chose : les attaques du RND contre sa personne pendant la campagne électorale. “Les meetings ont été marqués par une certaine ambiance électrique. Les gens du RND cultivent la haine et la division entre les habitants d'une même commune. De graves accusations ont été portées contre ma personne. Bien plus, des tracts sont distribués et des menaces de déclencher des émeutes en cas de défaite ont été proférées, par SMS, par ces gens-là. Autre chose, ils ont rétribué des jeunes pour déchirer nos affiches, payé le hammam à des femmes, acheter des voix…” Il s'est aussi dit être peiné par le recours introduit par le même RND par rapport à sa candidature. “Pour eux, je suis éligible de par ma fonction de secrétaire général de l'APC et délégué à la gestion de l'APC. la justice nous a donné raison”, a-t-il expliqué. Et de remarquer: “C'est parce qu'ils ont peur de notre liste. Notre popularité et notre gestion de l'APC sont un danger pour eux. En tout cas, leur campagne de dénigrement nous a beaucoup aidés. Les citoyens sont très mécontents de leurs agissements”. Sa campagne à lui, il l'a axée sur le retour à l'ordre et à la fraternité, l'aménagement du territoire, la dotation de la commune en infrastructures sportives… “Je suis un gestionnaire et je connais bien ce qu'on peut réaliser ou non”, conclut-il. En matière de programme économique, M. Lakhdar Allali, candidat tête de liste RND est beaucoup plus ambitieux. Au fait de la chose économique, ce chef d'entreprise veut faire bénéficier sa commune de sa compétence et de ses connaissances. Estimant que la commune est dotée de richesses naturelles, il veut que les jeunes profitent des dispositifs financiers existants comme l'Ansej pour monter de petites unités de production. Bien plus, il compte ouvrir les portes de sa commune à tous les investisseurs des autres régions pour venir s'installer à Tadjmout. S'il est élu, il reprendra à l'Atraco, la ferme-pilote de Tadjmout (611 ha irrigués et 4 000 ha de parcours) non exploitée pour qu'elle soit gérée par l'APC ou cédée à un entrepreneur privé. “Elle n'est pas du tout rentable. Si on la récupère, on fera travailler jusqu'à 600 personnes”, soutient-il. Et d'ajouter : “Les gens doivent comprendre que c'est fini l'ère du socialisme. Personnellement, je refuse de leur mentir en leur donnant de l'argent. On doit apprendre à travailler. Je crois à l'investissement privé. Ma vision est économique plus que politique.” Pour ce qui est de sa campagne électorale, basée sur la rupture avec la gestion et les pratiques du passé, il dit l'avoir réussie à 100%. “S'il n'y a pas fraude, on aura la majorité écrasante”, lance-t-il. Il accuse l'administration de s'être rangée du côté du candidat FLN. Documents à l'appui, lui et M. Tiriri, secrétaire de la wilaya, soutiennent que le ministère de l'Intérieur a rendu le wali destinataire d'un télégramme lui signifiant l'inéligibilité du candidat tête de liste FLN. “Notre liste à nous, elle est choisie par la base. On a jeté notre dévolu sur les meilleurs fils de Tadjmout. Ce n'est pas le cas du FLN dont le candidat tête de liste est imposé par les responsables de la wilaya. Bien plus, des militants de ce parti nous soutiennent”, affirme-t-il. Pour ce qui est des accusations portées contre lui de vouloir acheter les voix des électeurs, il les met sur le compte de la calomnie. Pour un des candidats de AHD 54, son parti a 80% de chance de l'emporter dans cette élection. “Les citoyens ne s'intéressent ni aux archs, mais à la personnalité des candidats”, soutient-il. “Contrairement au RND qui a promis monts et merveilles, nous avons présenté un programme plutôt social qu'économique”, a-t-il ajouté. Mais tout porte à croire que les deux prétendants les plus sérieux sont le FLN et le RND. Pour ce qui est des partis islamistes, le MSP et Islah, ils feront plus dans la figuration. A. C.