Malgré les pressions américaines et arabes, Israël et la résistance palestinienne peinent à s'entendre sur une trêve. Pourquoi ? L'Etat hébreu est connu pour sa politique de marchandages. A travers ce nouveau conflit et les négociations qu'il a entamées avec les médiateurs égyptiens, en vue d'un cessez-le-feu, il veut gagner le maximum de dividendes, aussi bien sur les plans politique, géopolitique que sécuritaire. Pour ce qui est du Hamas et des factions palestiniennes qui ont fermement réagi devant l'agression, il faut se poser la question sur leurs capacité militaires à tenir plus longtemps. Est-ce qu'ils ont assez d'armes pour continuer à résister ? Toute la question est là. Mais, à mon avis, les discussions qui ont lieu aujourd'hui entre les deux parties, via le médiateur égyptien, visent essentiellement à donner un nouveau rôle d'importance à l'Egypte d'après Moubarak, celui de leader du monde arabe. Les Etats-Unis, l'Europe et même Israël ont besoin de l'Egypte. Pour arrêter les tirs de roquettes, les factions palestiniennes exigent notamment la levée complète du blocus. Pensez-vous que ce soit possible ? Israël ne lèvera jamais le blocus sur Ghaza. Mais il peut trouver plusieurs subterfuges pour contourner l'exigence du Hamas. C'est un Etat moderne qui compte des centres de recherche dans les études politiques et géopolitiques ultra développés qu'ils solliciteront, sans doute, en vue d'un nouveau compromis. Peut-on dire qu'il y aura un avant et un après seconde guerre de Ghaza après la démonstration de force de la résistance palestinienne ? De toute évidence. C'est la première fois que la résistance palestinienne parvient à lancer ses missiles sur Tel-Aviv et même au-delà, pour toucher la banlieue d'Al Qods. Les combattants des différents groupes ont su se montrer capables de fabriquer leurs propres roquettes, sans parler bien sûr de l'aide militaire iranienne. C'est aussi la première fois qu'ils réussissent à faire parquer des millions d'Israéliens dans des bunkers. Mais au-delà, ce que craint le plus à Israël, c'est une révolution populaire palestinienne à l'aune des changements de régimes dans quelques pays arabes. D'où leur soutien, même tacite, au président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui a clairement déclaré qu'il empêcherait toute Intifada tant qu'il sera aux commandes. Ce qui constitue ni plus ni moins qu'une carte blanche aux Israéliens pour frapper, y compris militairement, toute velléité révolutionnaire à Ghaza. Ce nouveau conflit sonne-t-il l'heure de la réconciliation inter-palestinienne souhaitée, du moins dans les discours, par toutes les parties ? Quitte à me répéter, il n'y aura jamais de réconciliation palestinienne tant que Mahmoud Abbas est au pouvoir. L'Autorité palestinienne est liée à l'Etat hébreu dans tous les domaines, politique, sécuritaire, économique, commercial... Ils ne permettront jamais une telle entreprise. Que pensez-vous de la rivalité entre les pays du Golfe et l'Iran sur le dossier palestinien ? Effectivement, la rivalité est là et elle est palpable. Néanmoins, contrairement aux pays arabes, l'Egypte et les pays du Golfe en tête, qui œuvrent pour une solution politique et négociable pour régler le conflit, l'Iran est plus engagé en acheminant ses missiles aux combattants palestiniens, et ce, malgré le blocus draconien qui frappe la bande. Par le biais du Hezbollah, qui se charge de cette mission, l'Iran répond aux attentes des factions palestiniennes en guerre contre Israël. Le rôle iranien est ainsi plus efficace. En outre, les pays arabes, et ce n'est pas nouveau, ne veulent pas, au fond, le règlement du conflit israélo-palestinien. Ils s'y sont adaptés depuis 1948. Mieux, ce conflit a beaucoup servi les régimes en place qui s'y appuient pour asseoir leur légitimité, mais surtout se mettre à l'abri d'éventuelles révoltes. Il faut se rappeler que le nouveau pouvoir en Egypte a aussitôt fermé tous les passages et les tunnels qui mènent à Ghaza.