M. Sellal s'adressait à la société civile réunie au siège de la wilaya après un véritable périple dans plusieurs communes lointaines de cette vaste wilaya. L'enveloppe financière dont a bénéficié la wilaya de Saïda, dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, est certes consistante. Elle est estimée à 362.468 milliards de centimes, « mais des retards sont enregistrés en matière de réalisations, qui relèvent davantage de la mauvaise gestion », constatera le Premier ministre qui dira que sa venue « vise à écouter les préoccupations des citoyens et apporter l'aide pour donner une nouvelle impulsion aux projets ». Le cas le plus emblématique de la négligence reste celui de l'hôpital Ahmed-Medeghri qui, à en croire le personnel médical, ne répond plus aux besoins d'une ville qui a connu une importante croissance. Le directeur de l'infrastructure a été d'ailleurs limogé ainsi que celui de l'OPGI. « Il est inacceptable que les trois hôpitaux de 60 lits chacun inscrits depuis 2006 notamment à Youb et Sidi Boubker n'aient pas été achevé », relévera M. Sellal qui a discuté avec le personnel. Les médecins spécialistes, notamment les cardiologues et les traumatologues, manquent d'une manière cruelle, obligeant à des transferts vers le CHU de Bel Bel-Abbès.« En matière d'équipements, de logements gratuits pour les spécialistes, nous vous aiderons, mais il n'y aura pas d'augmentation des salaires », dira-t-il à l'adresse de l'unique spécialiste en hématologie qui égrenait les difficultés de la vie à Saïda. « Les choses devraient changer dans un semestre, sinon nous prendrons des sanctions », a ajouté le Premier ministre. En tout état de cause, beaucoup se plaignent du fonctionnement de cet hôpital de 114 lits inauguré en 1978. Les spécialistes qui viennent dans la cadre du service ne s'y éternisent pas et, pour reprendre l'expression d'un confrère local, « la population traîne cet hôpital comme un forçat son boulet ». Des jeunes heureux La visite de la délégation ministérielle a été surtout l'occasion pour Sellal et les ministres qui l'accompagnaient, notamment celui de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, de discuter avec les citoyens. D'autres, à l'instar de M. Tebboune, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, ou M. Ziari, ministre de la Santé, écoutaient sans protocole les doléances des populations liées surtout à l'habitat précaire ou aux aides en matière de logement. Ce fut le cas aussi à Dhaet Zraguet, localité située à 80 km au sud-est de Saïda où la délégation s'est rendue dans un périmètre d'irrigation à partir de la nappe Chott Chergui qui atteste des grandes potentialités de cette wilaya en matière agricole. Il s'étale sur 1.500 hectares. La création de 3.000 emplois y est prévue. Les éleveurs se sont rapprochés du Premier ministre qui a écouté, dans une atmosphère détendue et conviviale, leurs doléances en matière de manque d'orge ou de surfaces de pâturage. Sellal annoncera sur place, devant le président de l'APC, l'attribution de 100 logements sociaux en recommandant de « distribuer ceux-ci en toute équité et de faire travailler les jeunes ». Le Premier ministre s'est, également, montré impressionné par la dimension d'un périmètre agricole s'étendant sur 200 hectares appartenant à un privé qui envisage de planter, dans la commune de Sidi Ahmed essentiellement, des oliviers et relancer l'élevage. Sur place, des actes de propriété ont été remis à une dizaine de jeunes sur 150 qui seront encadrés par des investisseurs tout heureux de travailler à leur compte. Une centaine de petites exploitations agricoles vont naître dans ces zones steppiques où le chômage frappe de plein fouet la jeunesse. M. Benaïssa, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, nous dira que « cette politique vise à repeupler, améliorer le niveau de vie des populations rurales, redynamiser les terroirs et stopper l'avancée du désert dans la steppe fragilisée ». L'agriculture connaît un véritable développement dans cette région. Selon des statistiques, fournies par la wilaya, la surface dédiée à l'arboriculture, qui était de 3.550 hectares en 1999, est passée à 6.250 actuellement. Par ailleurs, M. Sellal a annoncé de nouvelles mesures comme l'attribution de 800 millions DA à l'aménagement urbain. Un autre projet, visant à réhabiliter et aménager l'oued Saïda sur 8,5 km, bénéficiera de 4,5 milliards dinars. Un montant de deux milliards de dinars est consacré, en outre, au réaménagement du site oued Ouakrif au chef-lieu de wilaya. La délégation, qui comptait aussi dans ses rangs M. Necib, ministre des Ressources en eau, inspectera un pont qui s'est s'effondré l'hiver dernier. Il relie le centre-ville à un quartier périphérique. Un symbole de cette visite, où le souci d'améliorer le quotidien des habitants de Saïda se révélait comme priorité.