Omar Hassan al Bachir, le président soudanais, et Salva Kiir, son homologue du Sud, se rencontreront demain à Addis-Abeba, siège de l'Union africaine, pour discuter sous les auspices de Hailemariam Desalegn, le Premier ministre éthiopien, des accords sécuritaires conclus en septembre, mais restés lettre morte, de la reprise des flux pétroliers et la réouverture des points de passage pour le commerce. Comme pour montrer sa volonté, Juba annonce sa disposition à retirer ses troupes stationnées à proximité de la zone frontalière « contestée », un préalable de Khartoum à une reprise des exportations du pétrole sud-soudanais. Cette zone, qui englobe Abyei, une région très fertile, serait ainsi « démilitarisée ». Elle pourrait être, dit-on, surveillée par des soldats des deux pays et des Casques bleus de l'ONU. Ce « compromis » annoncé pourra-t-il résister aux contrecoups ? L'armée soudanaise a affirmé, il y a moins d'une semaine, que des affrontements ont opposé des « groupes armés » du Sud et une tribu arabe à Samaha, une des cinq régions disputées. Il y a moins d'une année, les deux pays ont été au bord d'une guerre. En attendant de quoi sera fait demain avec Salva Kiir, Al Bachir, qui doit « gérer » aussi son conflit avec le Darfour, multiplie les « initiatives » pour « préserver » la paix sociale à Khartoum. Dernière en date ? Son appel aux rebelles. « Nous appelons tous les détenteurs d'armes à revenir à la nation. Nous leur demandons de venir pour que nous puissions nous entendre sur la manière de diriger le Soudan », dit-il lors d'un rassemblement organisé pour l'inauguration du projet du barrage Al-Roseires, sur le Nil Bleu. « Le défi qui nous attend est d'unir le front interne. Notre pays est assez vaste pour tous et il ne faut donc pas porter d'armes », souligne-t-il tout en exprimant « l'espoir que l'énergie et l'irrigation qu'il produira contribueront au développement de cette région en proie à de violents combats. Sa décision de doubler le salaire minimum, malgré la crise, pourrait être une autre initiative. Il a ordonné le doublement du salaire minimum, dès le 1er janvier. Une mesure difficile à réaliser, selon les économistes qui rappellent que le pays a perdu trois quarts de ses revenus pétroliers depuis que Juba a pris son indépendance, le 9 juillet 2011. Cette hausse calmera-t-elle les Soudanais, dont 47% vivent sous le seuil de la pauvreté ? Ces derniers protestent régulièrement contre les mesures d'austérité du gouvernement qui vient d'inaugurer son second champ de pétrole en une semaine.