Khartoum et Juba plient sous la pression de la communauté internationale qui veut éloigner le risque d'une guerre. Les deux capitales retourneront, aujourd'hui, au siège de l'Union africaine, à Addis-Abeba, à la table des négociations, après un arrêt de près d'un mois. « C'est pour trouver un règlement aux questions en suspens et examiner les mesures nécessaires à la mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité et de la feuille de route de l'Union africaine », déclare Al-Obaid Ahmed Mirawih, le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, précisant que son gouvernement veut mettre en priorité sur la table « les questions de sécurité ». « Toutes les parties au niveau international sont d'accord avec nous sur ce point », dit-il. « Un dialogue amical avec Khartoum sur les différends constitue la seule chance de paix », estime Salva Kiir, le président sud-soudanais. Pour assurer un succès à ces pourparlers qui seront menés par Thabo Mbeki, le médiateur africain, Omar el-Béchir, le président soudanais, a reçu dimanche à Khartoum une délégation de « Global Elders », dont l'Algérien Lakhdar Brahimi, qui a mis l'accent sur l'importance de la paix et de la sécurité entre les deux Soudans et la recherche de solutions aux questions non encore résolues. Les négociations entamées à Addis-Abeba sur la sécurité, le pétrole et la frontière ont été interrompues par les affrontements armés entre les deux pays au début du mois d'avril dernier. Notamment dans d'Heglig, une zone frontalière riche en pétrole. Selon Jimmy Carter, l'ancien président américain, el-Béchir est prêt à suivre Salva Kiir : retirer, lui aussi, ses troupes d'Abyei. Mais, cette « cruciale » reprise des pourparlers à peine annoncée, les deux pays qui devaient s'engager sur une zone démilitarisée et élargir ensuite les discussions aux questions en suspens depuis un accord de paix de 2005 (délimitation de la frontière commune, partage des revenus pétroliers et statut des zones contestées) se remettent à l'échange d'accusations. Khartoum a saisi le Conseil de sécurité. Elle accuse Juba de plusieurs attaques au Darfour-Sud. Le Soudan du Sud dénonce, quant à lui, la poursuite des bombardements par l'aviation soudanaise. Khartoum dément. « La restauration de la confiance » dont parlait Noureddine Mezni, le porte-parole du président de la Commission de l'UA, Jean Ping, ne semble pas être pour demain. Tout comme la conclusion de ces négociations dans trois mois, comme le préconise le Conseil de sécurité.