Le phénomène des homicides volontaires a pris des proportions alarmantes. C'est ce qui ressort des rapports des services de sécurité et d'une simple lecture des rôles de la dernière session criminelle de différents cours et des tribunaux. Au tribunal criminel près la cour d'Alger, les affaires liées à l'homicide volontaire, avec préméditation ou involontaire, ayant entraîné la mort se taillent la part du lion. Les différentes unités de la Gendarmerie nationale ont enregistré 334 affaires ayant conduit à l'arrestation de 517 individus impliqués. Même si l'homicide est considéré comme un crime masculin dans 85 % de cas, 28 femmes ont été arrêtées pour homicide volontaire. Ces dernières ne sont pas seulement impliquées dans des infanticides, mais se révèlent des meurtrières tout court, devenant l'auteur principal qui planifie et exécute. Une autre réalité qui ressort des statistiques montre que l'homicide est un crime de jeunes adultes. Les jeunes âgés entre 18 et 30 ans viennent en tête avec 296 individus impliqués dans ce genre de crimes, suivis des personnes âgées de plus de 40 ans et 95 autres âgées entre 30 et 40 ans. L'homicide est aussi un crime des mineurs Selon un rapport établi par la division de la police judiciaire auprès du commandement de la GN, les mineurs sont de plus en plus impliqués dans les assassinats. 23 mineurs ne dépassant pas 18 ans ont commis des crimes de sang. Par ailleurs, les chômeurs se positionnent en premier dans cette forme de criminalité avec 234 individus sans profession impliqués, suivis des personnes qui exercent une activité libérale. Selon les statistiques communiquées, 115 employés ont été arrêtés dans ces affaires, suivis de 30 autres fonctionnaires. Les unités de la GN ont interpellé, également, 20 étudiants dans des affaires liées à l'homicide volontaire. En revanche, les homicides avec préméditation sont le plus souvent commis par plusieurs individus et, parfois, des membres d'une même famille dont le degré d'implication diffère. Le plus souvent, ce sont des tentatives de vols nocturnes qui tournent au drame quand les propriétaires de la maison visée surprennent en flagrant délit les cambrioleurs. Parfois, l'homicide arrive sans intention criminelle et survient à la suite d'une rixe ou de coups et blessures très violents. Mais un nouveau phénomène vient de surgir dans notre société. Celui des homicides volontaires motivés par des règlements de compte et conflits conjugaux et familiaux et dont les victimes sont des mineurs et l'auteur n'est autre qu'un membre de la famille. Cela peut être la maman dans des cas. Les derniers assassinats de Chaima et Soundous le confirment largement. Les chiffres et les bilans démontrent que beaucoup d'Algériens n'hésitent plus à recourir à l'arme blanche pour commettre l'irréparable ou tuer avec sang-froid un enfant. Identification des assassins en un temps record Le taux de la résolution des enquêtes liées aux homicides volontaires dépasse 89%, estime le directeur de la sécurité publique auprès du commandement de la GN, le colonel Benaâmane Tahar. Les résultats sont de plus en plus efficaces, grâce au recours aux moyens techniques et scientifiques. « Les enquêteurs ne basent plus sur les aveux des suspects », souligne l'officier supérieur tout en précisant que la Gendarmerie nationale s'est dotée d'un Institut criminalistique et de criminologie. « Sa mission principale est d'apporter la preuve scientifique pour permettre la disculpation ou l'inculpation du mis en cause ». Un moyen qui a permis d'élucider en 48 heures pas moins de 40% des affaires enregistrées. L'identification de l'assassin ne dépasse pas en général une semaine. On tue de plus en plus les enfants Les rapports des services de sécurité tirent la sonnette d'alarme concernant les crimes commis contre les mineurs, la frange la plus fragile de notre société. Les enfants sont, en effet, de plus en plus assassinés. Dans les wilayas du centre, plus de 46 enfants ont été assassinés en 10 mois seulement, selon un bilan communiqué par le 1er Commandement régional de la GN de Blida. Aussi, 13 mineurs ont fait l'objet de tentatives d'homicide volontaire durant cette période et 39 autres étaient victimes de menaces de meurtre à l'arme blanche. D'autre part, les mêmes services ont interpellé six mineurs, auteurs de meurtres et 36 autres pour coups et blessures volontaires ayant conduit à la mort. Ces chiffres s'ajoutent à ceux de la police sur les crimes commis contre les enfants, dont des enlèvements, viols et assassinats. Les chiffres de la DGSN révèlent que plus 18 enfants ont été victimes d'homicide volontaire en 10 mois de l'année 2012. Le rapport de la police révèle, également, que 28 autres sont décédés des suites de coups et blessures. L'auteur est un parent, un proche ou un voisin. On a enregistré un cas au mois de septembre dernier où une mère à Tébessa a tué ses deux enfants, âgés de 6 mois et 2 ans par strangulation avec son foulard. L'ASSASSIN DE CHAIMA TOUJOURS EN CAVALE L'assassin de la petite Chaima, le dénommé Hamza M., est toujours en fuite depuis deux semaines. Il a été identifié et est activement recherché. Selon le responsable de la communication auprès la GN, le lieutenant colonel Abdelhamid Kerroud, « l'auteur est activement recherché par les services de sécurité ». Selon les informations en possession des enquêteurs de la GN, l'assassin se trouverait dans la partie ouest de la capitale. Dans le même registre, l'égorgeur de l'enfant Abderaouf, à Sétif, est, quant à lui, activement recherché. Il serait identifié sur la base d'un portrait robot.