Un mineur âgé d'à peine 14 ans a été arrêté ce jeudi par les policiers de la wilaya de Guelma dans l'est du pays, pour homicide volontaire. Le mis en cause a tué son copain âgé de 15 ans et blessé un autre avec une arme blanche. Les rapports des services de sécurité tirent la sonnette d'alarme sur l'évolution de la délinquance juvénile. Une étude de la Gendarmerie nationale a précisé qu'« entrant très tôt dans le monde de la criminalité, les délinquants mineurs constituent des criminels potentiels dangereux s'ils ne sont pas pris rapidement en charge ». Mais les données démontrent que la criminalité touche toutes les classes de la société. Les coups et blessures volontaires (CBV) font rage dans notre société. La hausse de la criminalité est inquiétante. La carte criminelle est versatile. Devant ce constat, les services de sécurité adaptent leurs moyens pour mieux lutter contre les nouveaux phénomènes de la délinquance. Toutefois, malgré cette présence « préventive », le taux de la criminalité reste très élevé. ASSASSIN A L'AGE DE 14 ANS Selon la cellule de communication de la DGSN, les faits du crime de Guelma remontent à la nuit de mardi dernier vers 20h 30, suite à des informations parvenues à la Sûreté de daïra de Héliopolis, faisant état d'une agression. Les policiers, sur les lieux, ont constaté la présence de deux adolescents allongés à même le sol, portant des blessures perpétrées par arme blanche (couteau). Il s'agit de deux mineurs, âgés de 14 et 15 ans, demeurant à Héliopolis. Ils portaient des blessures au thorax et au dos. Evacués à l'hôpital, l'un a succombé à ses blessures, tandis que l'autre a été gardé en observation. Les investigations entreprises ont conduit à l'identification de l'auteur qui n'est autre qu'un mineur. Il a été présenté devant le juge des mineurs pour homicide volontaire. Les mineurs sont de plus en plus impliqués dans des affaires de crimes. Il ne s'agit plus d'un petit voleur de portable ou d'accessoires de véhicules, mais de dangereux criminels, trafiquants et même narcotrafiquants. Ils sont plus de 1337 mineurs arrêtés par les gendarmes en 6 mois seulement de l'année en cours. Une étude analytique réalisée par la Gendarmerie nationale a fait ressortir que ces petits délinquants constituent un danger à la sécurité publique, en l'absence d'une vraie prise en charge sociale, psychologique et familiale. L'étude explique que « le jeune délinquant est très violent et cherche à combler ses besoins par tous les moyens en présence des médias qui véhiculent les avantages de la force, voire la violence ». Les réseaux criminels se composent de plus en plus de mineurs, des associations de malfaiteurs, des réseaux de contrebande et trafic d'armes et stupéfiants. Le phénomène de la délinquance juvénile existe beaucoup plus dans les villes frontalières. Les enquêtes menées par les services de la GN ont fait ressortir que parmi les causes de ce phénomène, l'abandon de l'enfant à la naissance, la séparation des parents, l'excès d'indulgence ou, au contraire, la sévérité de la part des parents. Pour les enquêteurs, le divorce peut être considéré comme la perturbation la plus grave qui peut influer sur la formation de la personnalité de l'enfant tout en mettant en exergue le rôle de la famille. « C'est au foyer familial que se forge, dans les années de l'enfance, la structure de la personnalité de l'enfant et les parents jouent un rôle capital dans la formation de sa conscience morale. » LA DELINQUANCE EN HAUSSE DEPUIS 12 ANS Les bilans d'activité communiqués par les différents services de sécurité soulignent l'évolution de la criminalité. Les chiffres sur la délinquance sont alarmants. La petite criminalité dont le vol sous toutes ses formes, connaît une hausse permanente depuis près de 12 ans. Les atteintes aux personnes et aux biens constituent les formes les plus dominantes. On enregistre une moyenne de 25 000 cas chaque année. On y retrouve les atteintes à l'ordre public, les agressions armées contre les personnes, les agressions sur la voie publique et les vols avec violence. Juste pour les premiers six mois de l'année en cours, les unités de la GN ont constaté 2 177 crimes, 28 997 délits. L'analyse statistique fait ressortir que les CBV (coups et blessures volontaires) avec 4 146 affaires, prennent la première place dans la catégorie des atteintes contre les personnes avec un taux de 61,04%. En comparaison avec la même période de l'année 2011, les mêmes services ont enregistré une hausse de 163,64% en matière d'affaires constatées et de 186% en matière de personnes arrêtées. Ce qui est énorme, souligne l'analyse. LE CRIME ORGANISE A AUGMENTE DE 75 % EN 7 ANS La criminalité organisée a augmenté de près de 75 % entre 2003 et 2010. Le trafic de stupéfiants, contrebande, immigration irrégulière, fausse monnaie et trafic de véhicules enregistrent une évolution importante avec la constitution des réseaux armés bien organisés et violents, à dimension internationale. Le phénomène des gangs dans les quartiers constitue une nouvelle menace et est considéré aussi comme « indicateur d'insécurité » surtout avec le port d'armes blanches. En effet, le nombre des armes prohibées saisies durant les descentes de la police et de la Gendarmerie nationale est effarant. Autre forme de trafic qui fait rage ces dernières années, il s'agit du trafic de véhicules. Selon une étude récente de la GN, le phénomène a connu une hausse de 300 % en 10 ans. En comparaison avec le 1er semestre de l'année 2011, Il a été relevé une hausse des atteintes à l'économie nationale. Un bilan semestriel exhaustif de la GN note 74 affaires, soit une hausse de 51,02%. Un chiffre important. Par ailleurs, la GN a enregistré 571 affaires liées au faux, soit une hausse de 6,53 %. En revanche, la contrefaçon occupe toujours un chapitre important avec 29 163,64 % en matière d'affaires constatées et de 186 % en matière de personnes arrêtées. Ce genre de crime n'est pas sans conséquences pour l'économie nationale. LA CRIMINALITE TOUCHE TOUTES LES CLASSES SOCIALES La criminalité sous toutes ses formes touche toutes les classes sociales et catégories d'âge. En effet, le phénomène s'est étendu pour atteindre plusieurs couches de la société. Après les jeunes chômeurs, la criminalité a affecté les fonctionnaires des secteurs public et privé. Parmi les personnes arrêtées, certaines occupent des fonctions très importantes, alors que d'autres sont étudiants universitaires issus même des milieux aisés. La pauvreté n'est pas la cause directe de la criminalité violente. Le nombre de femmes incriminées dans des affaires criminelles connait également une hausse permanente estimée à une moyenne de 18 %. Selon les rapports des services de sécurité, 62,60% des personnes arrêtées sont âgées de moins de 30 ans. La population délinquante a sensiblement augmenté durant ces dix dernières années. Malgré les dispositifs sécuritaires mis en place, les opérations coup-de-poing et les descentes menées par les services de sécurité dans les foyers de la délinquance, le constat est hélas toujours alarmant : les foyers de tension où règne la criminalité sous toutes ses formes sont en nette augmentation. Assassinats, kidnappings en plein jour, viol, pédophilie, violence sur ascendants et braquages rongent notre société. Selon les spécialistes, ce sont « les conséquences de l'après-terrorisme ». Les causes sont liées à la forte densité de la ville, au taux de chômage, à l'échec scolaire ainsi qu'à la fragilité du tissu social et familial. La lutte nécessite des mesures préventives, des mesures répressives ainsi que des mesures de suivi, ce sont les recommandations principales des chargés du dossier. Les mesures préventives consistent en la coordination entre les différents acteurs. « Il s'agit du rôle de la famille, de l'école, les organisations de jeunesse, la justice pénale et les médias qui ont aussi un rôle à jouer contre cette violence pour constituer un maillon préventif de la chaîne de sécurité », affirment les différents services de sécurité.