Pour parer à cette situation qui a surpris plus d'un, un conseil national a été convoqué pour les 17, 18 et 19 janvier en vue d'élire un SG par intérim. Ahmed Ouyahia avait auparavant adressé une lettre aux militants de son parti dans laquelle il fait savoir que « sa démission prendra effet à compter du 15 du mois en cours ». Justifiant sa décision prise à la veille d'une session du conseil national, il affirme notamment que sa décision fera « en sorte que cette instance puisse mettre en œuvre les dispositions de l'article 46 des statuts du parti, qui l'habilitent à désigner un secrétaire général intérimaire ». Mais qu'est-ce qui a bien pu pousser Ouyahia à jeter l'éponge alors que le parti vient d'être conforté par les bons résultats réalisés lors des locales et des sénatoriales ? Il explique dans sa lettre qu'il démissionne « en ce moment précis », car « convaincu que la poursuite de sa mission jusqu'à la tenue du 4e congrès ordinaire avant juin prochain, aura pour conséquence de faire perdurer un climat de tension qui n'est pas souhaitable ». C'est donc la fronde à laquelle il fait face depuis quelques mois qui aurait provoqué sa démission. Notons que le RND a déjà connu ce genre de mouvement en 2002, lorsque des contestataires avaient tent,é vainement, de l'éjecter de son poste. D'après lui, « cette crise a entaché le climat et l'image du parti lors du conseil national de mai dernier. La grande majorité de ses membres a fait prévaloir la sagesse pour permettre au parti de préparer sereinement les dernières élections locales ». « C'est d'ailleurs ce même souci qui m'a imposé le silence sur cette crise jusqu'à ce jour », lit-on dans cette lettre publiée sur le site du RND. A présent et après la tenue de ces joutes électorales, indique-t-il, « j'estime de mon devoir de vous entretenir de la situation de notre parti ». « L'objet de mon propos n'est pas de juger qui que ce soit, ni même de répondre aux attaques parfois blessantes dont j'ai été l'objet. Il s'agit pour moi en ma qualité de SG de dresser des constats et d'en tirer quelques conclusions ». « Eviter une dérive dangereuse » Ouyahia est arrivé à plusieurs constats. Une division s'est instaurée au sein du conseil national au motif déclaré et revendiqué par des membres de la direction nationale de sa démission du SG du parti. Aussi, indique-t-il, le mouvement, qui est à l'origine de cette crise, a choisi d'agir en dehors du cadre institutionnel du parti. Ouyahia appréhende donc « que toute cette situation évolue vers une dérive dangereuse pour l'avenir du parti et cela pour trois motifs. D'abord, le parti risque la division si la divergence entre membres du CN devait aboutir à une confrontation lors de la prochaine réunion de cette instance surtout en cas de tentative d'y imposer la présence de personnes qui n'en sont pas membres ». Ensuite, justifie-t-il, un CN troublé influera négativement sur la préparation du prochain congrès. Ce qui aboutira à une crise durable dans le Rassemblement ». Enfin, enchaîne Ouyahia, « la poursuite du processus d'installation de bureaux locaux parallèles du parti aboutirait à la division des militants et même au risque de confrontations parmi eux ». Soucieux de l'unité et la stabilité de sa formation, Ouyahia a donc tranché. « Le militantisme n'a jamais été pour moi une démarche d'ambitions ou de calculs personnels de quelque nature qu'ils soient et j'espère que ceux qui en doutaient en seront désormais convaincus. Le militantisme, encore moins pour moi, n'est pas une affaire de lutte interne au sein de ma famille politique, au risque de la voir se déchirer. Le militantisme est, à mes yeux, un comportement, un engagement pour des idées et pour une cause, et j'ai eu à le démontrer au fil de longues années et dans des circonstances particulièrement difficiles », a-t-il dit avant d'annoncer « avec regret » sa démission de ses fonctions. Et de conclure : « ma décision sera peut-être amère pour certains parmi vous et je sollicite leur indulgence et leur compréhension, car ma démission n'est pas au service d'un agenda personnel comme pourraient le prétendre certains, son seul motif étant la préservation de l'unité de notre parti dont je demeurerai un militant ».