Faute de ne pas trouver de... démission dans sa longue lettre intitulée «Message de M. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti aux militants et militantes du Rassemblement National Démocratique», il faudra certainement attendre jusqu'à l'orée du congrès du RND, prévu «avant juin», pour trouver un sens à sa décision. En fin politicien, Ahmed Ouyahia a évidemment mis dans son message tout ce qui peut suggérer un caractère définitif à son retrait – momentané ? – de la présidence de son parti. Avec un remarquable doigté, il a répondu à ses adversaires sur le même terrain mais à un autre niveau de contradiction. Ceux qui ne veulent plus de lui n'ont à aucun moment évoqué une quelconque divergence politique avec la ligne qu'il a imprimée au RND. Alors, il réplique avec beaucoup de hauteur en insinuant que si la «crise interne» était uniquement liée à sa personne, voilà qu'il se retire pour permettre à son parti de «réunir les conditions» pour en sortir avec, comme perspective organique majeure, le congrès prévu avant l'été. Dans la foulée, il énumère les raisons contextuelles qui l'ont empêché de s'exprimer jusque-là. Un argumentaire qui, tout le monde l'aura constaté, ne pouvait que le grandir auprès des militants de son parti. Pendant qu'il s'attelait à préparer les législatives, les locales et les sénatoriales partielles, d'autres étaient engagés dans des combats d'arrière-garde, voilà ce qu'il suggérait. Non seulement, dit-il encore, ils attisaient le feu interne quand le moment est à l'action unitaire, ils l'ont de surcroît fait avec des termes «blessants», et plus grave, en violation des dispositions statutaires du parti : «Mon premier constat est qu'une division s'est instaurée au sein du conseil national au motif déclaré de ma mission de secrétaire général du parti. Mon second constat est que le mouvement qui est à l'origine de sa crise a choisi d'agir en dehors du cadre institutionnel du parti. Un grand nombre de signataires des pétitions en circulation n'est pas membre du conseil national. Un processus d'installation de bureaux locaux parallèles a été engagé à travers certains chefs-lieux de wilaya. Mon troisième constat est que toute cette situation risque d'évoluer vers une dérive dangereuse pour le parti». En termes de «responsabilité» quant à l'origine de la crise, en termes de respect des mécanismes statutaires et en termes plus nets de défense de l'intérêt du parti, Ahmed Ouyahia s'est confortablement installé dans le beau rôle, sans à aucun moment manquer d'arguments. Et il ne dit rien de ce qu'il ne peut pas situer dans la perspective des prochains rendez-vous organiques. Alors que lui se fait violence en renonçant à son poste de premier responsable du parti pour préserver la sérénité dans la préparation et le déroulement du prochain conseil national, puis le congrès, il défie, avec des propos sibyllins, ses adversaires de faire de même, dans l'intérêt du RND. A commencer par empêcher tous ceux qui, dans le mouvement d'opposition, ne sont pas membres du conseil national, d'y assister ou d'en perturber le déroulement des travaux. Un conseil national qui, de plus, aura la sensible tâche de désigner un secrétaire général par intérim. Une mission pour laquelle lui a accepté de se sacrifier au plus haut point ! Et puisque la question est inévitable, il prend les devants : «Ma démission n'est pas au service d'un agenda personnel comme pourraient le prétendre certains, son seul motif étant la préservation de l'unité de notre parti dont je demeurerai un militant». Pour ceux qui ne l'auraient pas remarqué, Ahmed Ouyahia n'a pas dit que d'«agenda personnel», il n'en a pas, mais seulement que ce n'est pas ce qui a motivé sa décision ! C'est donc à l'orée de l'été que tout se précisera, mais on en aura déjà une idée au prochain conseil national. Dans les dispositions organiques qui y prévaudront, mais aussi dans les résultats politiques qui en sortiront.