Comme de tradition, et à l'instar de tout le pays, Ghardaïa célèbre la fête de l'Indépendance et de la Jeunesse qui coïncide avec la journée du 5 juillet. Cette année, et dans la perspective d'être à la hauteur de l'évènement, les autorités locales ont tracé un programme aussi riche que varié. En plus des soirées artistiques, des tournois de football, des troupes folkloriques animent des soirées. En dépit d'une chaleur caniculaire, tout le monde s'y met pour réussir l'évènement. Pour leur inculquer l'amour de la patrie, les écoliers sont sensibilisés et mobilisés. Ils sont chargés de chanter, jouer des pièces de théâtre ou réciter des poèmes en rapport avec l'évènement. Le chef-lieu de wilaya était orné de fanions bien avant cette date anniversaire. Les jeunes qui n'ont pourtant pas connu les souffrances de la guerre, ne dérogent pas à la règle. Ils tiennent à faire honneur à leurs aïeux qui se sont soulevés pour soustraire leur pays à harnais colonial. C'est pourquoi ils se sont mis de la partie. Dans la région natale de Moufdi Zkaria, le patriotisme n'est pas un vain mot. Aussi les habitants de la vallée du Mzab sont-ils fiers d'un tel anniversaire, qui a signé l'acte de naissance d'une Algérie libre et indépendante. Fils de moudjahid, Hadj Messaoud affirme que la célébration de la fête de l'indépendance est une halte qui permet à la population de revisiter la mémoire, une rétrospective sur ce qu'a enduré le peuple algérien. Ce sexagénaire, affirme que chaque année, les habitants de la vallée du Mzab célèbrent la fête de l'indépendance avec le même entrain ». Commerçant à la réputation bien établie, au-delà même des frontières de la wilaya, pour les hauts faits d'armes de son père et de sa propre participation à la lutte armée, Hadj Messaoud a affirmé avoir servi de messager durant la guerre de libération. D'une modestie déconcertante, propre aux gens de la région, il dit avoir transmis des missives et de l'argent aux moudjahidine, le local de son père à oued zenati ayant été un refuge aux moudjahidine. 5 JUILLET 62 NAQUIT L'ALGÉRIE LIBRE Plus d'un demi-siècle après l'indépendance de notre pays, il soutient que s'il y a une journée qu'il n'oubliera jamais de sa vie, c'est immanquablement le 05 juillet 1962. Ce jour-là, dit-il, le drapeau national n'a pas cessé de flotter sur le ciel de Ghardaïa. Les youyous retentirent et ce fut une fête grandiose. « Je considère cette journée comme ma date de naissance, car c'est le jour de naissance de la république algérienne», note-t-il, un sourire aux lèvres. Céans, la fibre patriotique est quasi-identique, autant chez ceux qui ont vécu dans leur chair les affres de la guerre de libération nationale que les jeunes. Nonobstant les nombreux problèmes auxquels ils font face, ces derniers aiment profondément leur pays. C'est le sentiment constaté à travers les discussions avec eux. Attablé dans une cafétéria, un groupe de jeunes palabrent des dernières retouches d'une pièce théâtrale qu'ils comptent jouer à l'occasion de la célébration de la fête de l'indépendance. Cette pièce met en scène un groupe de moudjahidine. Avec des fusils de chasse, ces vaillants combattants livrent une rude bataille à l'armée coloniale. Unanimement, ces jeunes comédiens se disent fiers de jouer cette pièce théâtrale qui parle de histoire de leur pays. GHARDAÏA A FAIT SA MUE La wilaya de Ghardaïa a bénéficié de beaucoup de projets depuis l'indépendance. Tout le monde s'accorde à dire que les hautes autorités n'ont pas lésé sur les moyens pour assurer une meilleure vie aux habitants de cette région. En vue de résoudre le sempiternel problème du transport, qui se pose avec acuité en particulier au chef-lieu de wilaya et les régions limitrophes, les autorités locales comptent affecter dix bus. La radio locale est une autre réalisation dont a bénéficié la wilaya. Elle a été inaugurée par le président de la république en juin 2001. Depuis cette date, cette station locale enrichit le paysage culturel et médiatique de la région, comme elle ne cesse d'être le trait d'union entre les autorités et le citoyen. Depuis son inauguration, indique un confrère de cette station, un travail énorme a été réalisé, « au même temps que nous avons réglé un certain nombre de problèmes ». Le travail de cette radio locale consiste notamment à collecter l'information de proximité et les préoccupations de la population». Contrairement à d'autres secteurs, celui du tourisme peine encore à prendre son essor. Les voyagistes estiment nécessaire la mise en place d'une politique touristique à même de permettre à ce secteur « plein de potentialités » de se développer. « Des sites touristiques d'une rare beauté existent, mais ils ne disposent même pas de guides et de spécialistes en histoire. Normalement, lorsqu'un touriste visite un site, il faut qu'il soit accompagné par un guide afin de lui expliquer l'histoire du lieu. Malheureusement, nous n'avons pas cela », regrette un propriétaire d'une agence de voyage. A l'exception de ce secteur, encore en friche, il semble que la région se développe d'année en année. Ceux qui avaient vingt ans en 1962 et qui ont vécu le dénuement avant l'indépendance reconnaissent que la région a connu une véritable métamorphose. Enseignant d'arabe à la retraite, Abdellah souligne que toutes les infrastructures ont été réalisées après l'indépendance, avant d'ajouter qu'ici les Français n'ont construit qu'une caserne à l'intérieur de laquelle des centaine, voire des milliers d'algériens furent torturés durant la révolution. Pour étayer ses dires, il précise qu'au lendemain de l'indépendance, il n'y avait que quelques échoppes, alors que les infrastructures, sanitaires et culturelles étaient inexistantes. D'ailleurs, dit-il, il ne subsiste aucune trace des inondations qui ont dévasté la vallée du M'zab il y a deux ans. Pour lui, « la reconstruction, de tout ce que dame nature a détruit, est une irréfragable que la wilaya se développe, même s'il reste des lacunes à combler ». Il cite, en particulier, les coupures d'électricité. C'est dire qu'avec tous les projets réalisés et ceux en cours de l'être, Ghardaïa est promue à un bel avenir.