Bien qu'ils se gardent de le formuler publiquement, les pays occidentaux et quelques pays arabes tentent d'ouvrir une nouvelle brèche diplomatique vers le recours à l'intervention militaire, en agitant le « spectre » de la Cour pénale internationale. Après la signature, lundi, par 58 pays (dont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Libye, la Tunisie) d'une pétition envoyée, par la Suisse, à l'instance suprême de l'ONU, réclamant la saisine de la CPI pour les crimes commis en Syrie, Navi Pillay est revenue à la charge en plaidant, vendredi, la même revendication. Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a néanmoins souligné que le Conseil de sécurité « n'avait donné aucune indication » sur le fait qu'il ait l'intention de prendre une décision rapidement. La Syrie n'ayant pas adhéré à la création de la CPI, l'intervention du Conseil demeure le seul recours possible pour cette saisine. Pour autant, une réponse positive du Conseil de sécurité à cette nouvelle interpellation n'est pas, encore, gagnée face à l'opposition de la Russie et de la Chine à toute mesure coercitive visant la Syrie. Tout en confirmant la discussion sur ce sujet, le président en exercice du Conseil de sécurité, l'ambassadeur pakistanais Masood Khan, a déclaré que le débat n'a abouti à « aucune conclusion ». La réaction de Damas ne s'est pas fait attendre. Dans un message adressé, hier, au président du Conseil de sécurité, le ministère syrien des Affaires étrangères a vigoureusement protesté contre la pétition. Damas a fait part de ses « regrets » à propos de « l'insistance de ces pays à suivre une fausse approche (du problème) refusant de reconnaître le devoir de l'Etat syrien de protéger son peuple du terrorisme imposé par l'étranger ». Le gouvernement syrien dénonce certains Etats signataires de la pétition qui « arment, financent, entraînent et abritent les groupes terroristes armés », non sans regretter que la Suisse, « un pays connu pour sa neutralité, ait lancé cette campagne inique et trompeuse contre un pays (la Syrie) membre des Nations unies, en défendant les pratiques des groupes terroristes ». Pour Damas, cette initiative prouve que ces pays signataires du message pratiquent « la duperie et la (politique) des deux poids, deux mesures en traitant avec la crise en Syrie et les lois des droits de l'Homme ». « Alors qu'ils expriment leur inquiétude au sujet du peuple syrien et des droits humains, ces pays ignorent dans le même temps les soutiens politique, médiatique, logistique et militaire que les gangs armés reçoivent », conclut le texte.