Synthèse de Ghada Hamrouche Damas a accusé hier les Etats-Unis, la France et Grande-Bretagne de vouloir un retour au colonialisme. Une accusation qui se justifie, pour le régime syrien par la tentative de ces pays de faire condamner la Syrie à l'ONU pour sa répression des manifestations, au lendemain de tirs des forces de sécurité ayant fait onze morts. Depuis dimanche, des dizaines de chars encerclent Rastan et Talbisseh ainsi que le village de Teir Maaleh, des régions proches de Homs, troisième ville du pays à 160 km au nord de Damas. Selon un militant des droits de l'Homme, onze civils, dont une fillette, ont été tués dimanche à Rastan et Talbisseh ainsi qu'à Homs. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Meqdad a accusé, quant à lui, les grandes puissances occidentales, Etats-Unis et France en tête, de vouloir «un retour de la colonisation» en Syrie. Une déclaration diffusée par l'agence officielle Sana. M. Meqdad a dénoncé les tentatives des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne au Conseil de sécurité de l'ONU pour condamner la répression en Syrie. «Il s'agit d'imposer leur hégémonie sur la Syrie et d'utiliser l'ONU comme un moyen pour rétablir le colonialisme et justifier les ingérences», a dit M. Meqdad. Un projet de résolution condamnant la Syrie, a été soumis jeudi au Conseil de sécurité. Rédigé par la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal, il condamne la violence du régime du président Bachar Al-Assad et lui demande d'ouvrir les villes syriennes à des équipes humanitaires. Mais la Russie a fermement écarté vendredi toute étude au Conseil de sécurité de ce projet de résolution. Américains et Européens ont déjà pris des sanctions contre le régime syrien et le président Assad lui-même, sans toutefois envisager aucune intervention dans ce pays dont la déstabilisation aurait des répercussions dans toute la région. L'agence officielle Sana a pour sa part rapporté que quatre militaires, dont un officier, ont été tués dimanche et quatorze autres blessés par «des groupes terroristes» à Talbisseh. Confronté à un mouvement de contestation inédit depuis la mi- mars, le régime du président Bachar al-Assad continue à réprimer dans le sang les aspirations des syriens à des lendemains démocratiques. La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a dénoncé la «brutalité» de la répression. «La brutalité et l'ampleur des mesures prises par les gouvernements en Libye et maintenant en Syrie ont été particulièrement choquantes dans leur absolu mépris des droits humains fondamentaux», a déclaré Mme Pillay devant les 47 Etats membres du Conseil des droits de l'homme. Elle a à nouveau appelé Damas à laisser entrer sur le territoire syrien une mission onusienne chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'Homme lors de la répression de la révolte populaire. Son rapport préliminaire doit être présenté le 15 juin. Le pouvoir syrien avait envoyé ces dernières semaines l'armée dans différentes villes, notamment à Tall Kalakh (150 km au nord-ouest de Damas), Homs (centre), Banias (nord-ouest) et Deraa (sud), foyers de la révolte. Parallèlement il a annoncé des réformes politiques qui ont été rejetées par l'opposition. Celle-ci exige au préalable l'arrêt du recours à la force, la levée du siège des villes et l'autorisation à manifester.