Il était attendu des 70 « partenaires » présents qu'ils lèvent des fonds pour cette mission dont les effectifs fixés, initialement, à 3.300 hommes, dépasseront 8.000 dont 6.000 soldats en sus des 2.000 Tchadiens annoncés. Une mécanique dure à mettre en branle. « Les projections d'un minimum de 8.000 éléments pour la Misma sont justifiées par des élongations importantes liées à une vaste superficie de 7.243 km2 de frontière à pacifier », explique le président du comité des chefs d'état-major de la Cédéao, le général ivoirien Soumaïla Bakayoko. Coût de cette opération : établi à l'origine à hauteur de 461 millions dollars pour les besoins de la Misma et 336 millions pour la reconstruction de l'armée malienne, il est estimé désormais à 960 millions de dollars. Mais la conférence n'a recueilli que 455,53 millions de dollars, selon Ramtane Lamamra, le Commissaire de l'Union africaine à la paix et la sécurité. D'« importantes contributions » (soutien matériel et formation de soldats), ont été recueillies aussi, ajoute-t-il. « Commencer avec 455 millions de dollars est un grand succès », estime le président en exercice de la Cédéao et chef d'Etat ivoirien, Alassane Ouattara qui a requis 145 millions de dollars pour répondre au drame humanitaire provoqué par cette guerre qui affecte déjà fortement le Niger, un pays voisin. « Nous espérons boucler le budget. Sinon, il y a un risque d'enlisement », avoue Blaise Compaoré. L'organisation continentale promet 50 millions de dollars pour la Misma. La France mettra 63 millions de dollars, le Japon, 120 et l'Union européenne, 60 en sus des 300 millions qu'elle a alloués pour les besoins de base de la population et la sécurité alimentaire. Les Nations unies ont mis en place deux Trust Funds, l'un au bénéfice de la Misma, l'autre à l'armée malienne. Certains pays ont promis leur contribution. D'autres, comme le Canada, se sont contentés de décliner la liste de leurs actions, humanitaires ou de soutien militaire. La plupart des pays ont exhorté le Mali à aller très vite à l'application de la « feuille de route » politique adoptée en Conseil des ministres et à instaurer un dialogue inclusif en vue de fédérer toutes ses forces autour du développement du pays. « Les problèmes du Mali doivent trouver une solution qui ne soit pas purement sécuritaire. On doit avoir en parallèle une voie sécuritaire et une voie politique. Le retour à la stabilité au Mali implique de nouvelles élections qui renversent le résultat du coup d'Etat », déclare la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland. Les élections, avant le 31 juillet prochain, promises par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré seront-elles suffisantes ? A Tombouctou, des centaines de Maliens pillent, depuis lundi, des magasins appartenant, selon eux, à des « Arabes », accusés d'être « des terroristes ». Human Rights Watch demande à Bamako de prendre « des mesures » pour « protéger tous les Maliens des représailles ». Fatou Bensouda, procureur de la Cour pénale internationale, met en garde, elle aussi, contre les exactions. Le continent noir va-t-il tirer profit de ce qui se passe au Mali pour renforcer son architecture de paix et son système d'alerte précoce ?