Au menu : l'islamophobie, la situation des minorités musulmanes dans le monde, dont les Rohingyas en Birmanie et, bien évidemment, la coopération régionale. Outre, ces priorités, le sommet du Caire, initialement prévu en 2011 et reporté en raison des soulèvements populaires, ne peut évacuer le poids des défis posés par le « printemps arabe » des dérives chaotiques, des divisions entretenues et de l'instabilité endémique. Les espoirs de changement démocratique ont basculé dans l'arabo-pessimisme : l'Egypte de la crise politique et de la contestation sociale persistance, vécues comme une menace sérieuse d'« effondrement de l'Etat », mais, aussi, la Tunisie de la coalition en déroute. Face à son destin communautaire, le monde arabo-musulman, éclaté, couve le péril montant du « djihadisme », accompagnant les soubresauts du « printemps arabe » et décidant du passage à l'acte lors des attaques sanglantes lancées contre le consulat américain de Benghazi, les ambassades américaines à Tunis et au Caire... Le fléau ne laisse plus indifférent la communauté internationale en ordre de bataille, au nord du Mali, et de plus en plus inquiète sur l'ascendant du groupe En Nosra supplantant, en Syrie, l'ALS (Armée libre de Syrie). Le secrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, le reconnaît explicitement. « Personnellement, je m'inquiète beaucoup de la vague de violence et de l'extrémisme religieux dans les pays islamiques... », a-t-il déclaré. C'est donc, légitimée par une expérience universellement reconnue, que l'Algérie entend inclure et défendre dans le communiqué final la conception basique, selon laquelle le terrorisme ne représente pas l'islam. Elle plaidera aussi pour le droit à la résistance, conçu comme un acte salvateur au service de l'Islam et des musulmans et pour la défense de la sécurité nationale. Les nombreux défis appellent nécessairement les pays de l'OCI à « coordonner les positions et soutenir la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats ». Le cas tragique du Soudan est éloquent. Car, mettant en jeu le principe inaliénable du respect des frontières, « l'acceptation de la sécession du Soudan du Sud sur des bases ethnique et religieuse a encouragé des mouvements dans d'autres pays à réclamer l'indépendance », souligne le secrétaire général. Précisément, au Mali, l'intervention militaire française, soulève la question pertinente de la défense de l'unité nationale, la souveraineté et l'intégrité territoriale. Si, dans le document en question, la condamnation des « groupes armés » et des attaques contre les civils et la destruction des sites archéologiques est sans équivoque, l'OCI veut exprimer sa solidarité avec le gouvernement malien, tout en appelant à une contribution pour l'allègement des souffrances des milliers de réfugiés et des déplacés. Autre dossier brûlant : la Syrie installée dans la spirale de la guerre civile. La démarche de l'OCI, fondée sur le dialogue entre les protagonistes (le gouvernement, l'alliance nationale de la révolution et l'opposition), est ainsi privilégiée pour garantir une issue politique négociée à la crise, sous l'égide onusienne et du médiateur international, Lakhdar Brahimi. Face à son destin tragique, le monde islamique est, fondamentalement, interpellé par la question palestinienne dont le caractère central a été réaffirmé. C'est que le « printemps palestinien » occulté, souffre d'une véritable amnésie d'un Occident aligné en rangs serrés, derrière l'Etat colonial, conforté dans son œuvre génocidaire et le mépris de la légalité internationale. Au titre de la solidarité, l'Algérie, qui préside les deux fonds de soutien à El-Qods, travaille à l'élargissement des contributions pour mettre en échec le projet de judaïsation et la consolidation de la présence palestinienne. Y aurait-il une liberté arabe et islamique sans la libération palestinienne ?