Les autorités de wilaya et des moudjahidine, accompagnés du président du Croissant-Rouge algérien (CRA), Hadj Hamou Benzeguir, ainsi que de nombreux citoyens, ont pris part à cette commémoration. Ce massacre, censé opérer, selon des témoignages, une fracture entre les deux peuples voisins, avait cimenté leur solidarité et raffermi le soutien tunisien à la guerre de Libération nationale. L'assaut de l'aviation française a été mené, selon certaines sources historiques, en représailles à la perte, par l'armée d'occupation, de 16 soldats et de l'emprisonnement de 4 autres lors de la bataille d'El Ouasta, le 11 janvier 1958. Le 8 février 1958 avait coïncidé avec la présence à Sakiet Sidi Youcef, d'un grand nombre de réfugiés algériens arrivés pour recevoir une aide humanitaire du Croissant-Rouge tunisien et de la Croix-Rouge internationale, selon le président de l'Association des grands invalides de la guerre de Libération nationale, Tayeb Sedira. Ce moudjahid affirme que « les avions bombardiers et de chasse avaient réduit en ruine le village et poursuivi même les civils qui fuyaient ». De son côté, le président de l'association Maâthir Ethaoura, Abdelhamid Aoudi, souligne que l'état-major de la base de l'Est avait alors donné à la France une « leçon de morale » en temps de guerre en réservant un traitement humain aux quatre soldats français faits prisonniers. M. Aoudi assure que cette action barbare était l'une des deux alternatives offertes à l'état-major français, ajoutant que « l'autre alternative était de lancer une campagne terrestre contre l'armée des frontières ». Pour ce témoin, le bilan de ce pilonnage a été particulièrement lourd car survenu pendant un jour de marché : cent civils y avaient péri dont 20 écoliers, 31 femmes et 130 autres avaient été blessés. Cette exaction avait été vivement condamnée, y compris par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, alliés historiques de la France, rappelle le président de l'association.