A peine sortie de sa « longue nuit » institutionnelle, avec la proclamation d'un nouveau gouvernement, la Tunisie risque de replonger dans les affres de la violence, après la mort, hier, du jeune marchand ambulant qui s'est immolé par le feu dans un geste de désespoir. Cette mort tragique survient alors que le nouveau gouvernement tunisien, dirigé Ali Larayedh, a obtenu, quelques heures après, la confiance des députés de l'Assemblée nationale constituante, après le report, mardi, en raison de divisions entre ceux qui soutiennent la nouvelle composition du gouvernement, ceux qui ont émis des réserves et d'autres qui la rejettent. Le cabinet, formé par une coalition regroupant les islamistes d'Ennahda, deux partis laïcs et des indépendants, a obtenu le soutien de 139 députés, soit 30 voix de plus que la majorité absolue nécessaire à l'entrée en fonction du gouvernement. 45 députés ont voté contre et 13 autres se sont abstenus. 20 élus étaient absents. Tout juste avant le vote, Ali Larayedh a prononcé un bref discours, pour répondre aux dizaines d'interventions de députés, lors duquel il a réagi pour la première fois à l'immolation du jeune ambulant. « C'est un incident triste, j'espère que nous avons tous compris le message », a déclaré le chef du gouvernement. Ce décès est hautement symbolique en Tunisie où la révolution avait été déclenchée par l'immolation d'un vendeur ambulant, excédé par la misère et les brimades de policiers à Sidi Bouzid (centre). Le nouveau patron de l'exécutif a réaffirmé la volonté de sa nouvelle équipe à lutter contre le terrorisme et l'insécurité. Une déclaration qui intervient alors que les forces de sécurité tunisiennes ont mené, mardi matin, de nouvelles opérations de ratissage dans les zones montagneuses du gouvernorat d'El Kef pour débusquer des groupes terroristes qui s'y seraient, éventuellement, retranchés. Pour les observateurs, ces ratissages sont liés, essentiellement, aux tensions sécuritaires que connaît le pays dans un contexte marqué par le démantèlement de plusieurs réseaux terroristes. Des unités de combat ont été implantées aux alentours des sites pétroliers et gaziers dans le sud tunisien. Les forces tunisiennes avaient auparavant renforcé leur présence sur la bande frontalière avec l'Etat de Libye, suite à la découverte d'un matériel militaire en provenance de ce pays.