Le nouveau gouvernement tunisien de Ali Larayedh a obtenu la confiance des députés sur fond de vives tensions politique auxquelles ce nouveau cabinet devra promptement faire face. Larayedh et sa coalition regroupant Ennahda, Ettakatol, le Congrès pour la République du président Marzouki et des indépendants ont obtenu le soutien de 139 députés sur 217, soit trente voix de plus que la majorité absolue nécessaire. Cette équipe prend fonction près d'un mois après la démission le 19 février de Hamadi Jebali, emporté par une crise politique exacerbée par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. A l'occasion, Ali Larayedh a prononcé un bref discours réagissant pour la première fois à la mort et à l'immolation par le feu du jeune vendeur ambulant, Adel Khadri. «C'est un incident triste, j'espère que nous avons tous compris le message», a déclaré Larayedh. Ce décès est hautement symbolique en Tunisie où la révolution avait été déclenchée par l'immolation de Bouazizzi, un vendeur ambulant excédé par les brimades des policiers à Sidi Bouzid. En plus d'un ras le bol d'un régime politique autoritaire et policier la pauvreté et le chômage étaient au coeur des causes du soulèvement. Deux ans après la chute du régime, l'économie tunisienne reste engluée et paralysée par une crise politique et institutionnelle à rallonge. Larayedh a assuré dans son discours de politique générale mettre un terme avant la fin de l'année à l'impasse politique. Cette dernière est surtout causée par l'absence de consensus sur la future Constitution. Un blocage qui empêche l'organisation d'élections et prive le pays d'institutions stables. Le nouveau Premier ministre s'est ainsi fixé comme priorités d'organiser des élections dans les plus brefs délais, d'instaurer la sécurité et de «continuer de relever l'économie, l'emploi et de lutter contre la hausse des prix». La Tunisie est fragilisée par l'activisme des extrémistes religieux et les interminables conflits sociaux. Cependant la sortie de la crise politique ne se profile pas pour autant. Pour qu'une nouvelle Constitution soit adoptée le soutien des deux-tiers des députés est nécessaire. Or aucun compromis ne s'est dessiné même entre partis alliés. Un calendrier a été soumis aux députés prévoyant l'adoption de la loi fondamentale début juillet et des élections en octobre. Un planning qui suscite moult scepticisme parmi les observateurs jugeant l'échéancier peu réaliste. Plusieurs dates-limite ont déjà été fixées par le passé sans avoir été respectées. La mission du gouvernement sera également compliquée par les tensions sociales grandissantes, manifestations, grèves et affrontements qui se multiplient. L'activisme de groupuscules islamistes radicaux, accusés d'être derrière l'assassinat de Chokri Belaïd, est un autre défi pour Larayedh. Ce dernier a été très critiqué pour son bilan lors de son passage au ministère de l'Intérieur. On lui reproche sa gestion laxiste de la menace salafiste et la répression violente des revendications sociales. M. B./Agences