Djamila Amzal a été révélée au monde du 7e art par feu Abderrahmane Bouguermouh en campant le rôle de Aazi qu'elle a admirablement joué dans le film « La colline Oubliée » avant que Azzedine Medour ne lui confie un autre rôle principal dans son film « La montagne de Baya » où elle a incarné Baya. Djamila Amzal reste cette actrice sobre qui a souvent refusé que les feux de la rampe se braquent sur elle en se maintenant hors champ. Pour être derrière la caméra pour réaliser son propre film « Le tuteur de Madame la ministre ». Elle donne là aussi une bonne leçon d'une femme courage, prête à tout pour le combat de la femme algérienne et surtout sauter les verrous de la tyrannie au masculin. Rencontrée en marge de l'ouverture de la 13e édition du film amazigh, Djamila Amzal revient sur cet hommage consacré à son maître, mais aussi sur le cinéma amazigh et sur sa carrière. Vous êtes présente pour participer à l'hommage rendu à Bouguermouh, comment avez-vous vécu cela ? Je ne pouvais rater un tel rendez-vous de celui qui m'a appris ce qu'était le métier du 7e art. Bouguermouh mérite de voir sa tombe fleurie tous les jours et les hommages rendus au quotidien. Non seulement pour l'homme qu'il incarnait, mais surtout pour le militant qu'il était. Da Abderrahmane mérite tous les égards. Je pense que le festival du film amazigh dont il est le précurseur ne pouvait ne pas être consacré de la sorte. Quel regard portez-vous sur le cinéma amazigh d'aujourd'hui ? Certes, nous enregistrons plusieurs productions, ce qui est appréciable au passage. Mais à mon sens, ces productions manquent de professionnalisme dans la mesure où leurs concepteurs manquent de moyens mais aussi d'outils nécessaires à une production cinématographique de qualité. Le cinéma amazigh fait face à un manque de formation à tous les niveaux, du réalisateur, du technicien en passant par l'acteur. La preuve en est que dans les festivals internationaux, on continue à présenter les mêmes œuvres présentées depuis un moment déjà comme « La montagne de Baya », « La colline oubliée » et autres productions de qualité. A mon sens, on doit sérieusement se pencher sur cette formation. J'ai été peinée d'apprendre que la seule école de formation allait être fermée par le ministère de tutelle. Et Djamila Amzal où en est-elle avec sa carrière d'actrice et de réalisatrice ? Pour l'heure, certaines contraintes personnelles font que je ne suis pas dans le bain. D'autant que les propositions qui m'ont été faites ne sont guère intéressantes. C'est pourquoi, pour l'heure, je suis en stand-by en attendant d'y voir plus clair. Mais je reste toujours à l'écoute du cinéma. Un mot pour conclure ? Je dois dire que le cinéma amazigh mérite d'être soutenu par les pouvoir publics pour la promotion de la culture amazighe dans toute son étendue et surtout la langue amazighe que ses farouches militants doivent porter haut. Le soutien au film amazigh, c'est aussi le soutien au cinéma algérien qui peine réellement à se frayer un chemin dans le concert mondial du 7e art.