La crise syrienne, le processus de paix israélo-palestinien et la réforme de la Ligue ont dominé ce sommet placé sous le thème « Monde arabe : la situation actuelle et les perspectives d'avenir ». « L'Algérie ne saurait s'interposer entre les frères Syriens conformément à son respect de la volonté du peuple syrien et à la nécessité de préserver son unité et son intégrité », déclare, dans son intervention, Abdelmalek Sellal, avant de rappeler la position « ferme » de l'Algérie concernant le respect des lois régissant l'action arabe commune et en premier lieu, la charte de la Ligue arabe qui demeure, dit-il, « la référence fondamentale » en la matière. L'Algérie, dit-il, « n'a eu de cesse de rappeler cette exigence ». « Fidèle à son histoire et à ses principes, elle reste fermement convaincue du droit du peuple syrien frère à décider de son sort loin de toute ingérence dans ses affaires internes », ajoutant que l'Algérie apprécie « hautement » les efforts de la Ligue arabe et de Lakhdar Brahimi pour une « solution pacifique » à cette crise. M. Sellal a évoqué ensuite les conséquences pouvant découler d'une ingérence étrangère, directe ou indirecte, qui risquerait « d'exacerber la crise et de faire perdurer le conflit ». Il a rappelé que le sommet se tient dans une conjoncture « exceptionnelle » avec laquelle les dirigeants arabes doivent composer. Pour exemples, il cite le blocage du processus de paix, la poursuite du blocus arbitraire qui frappe le peuple palestinien et le maintien des activités de colonisation par la partie israélienne. Face à cette situation, M. Sellal souligne l'impératif pour les pays arabes de recourir aux moyens admis par le droit international pour faire valoir les droits palestiniens d'autant plus, a-t-il souligné, que la Palestine a acquis la qualité de membre observateur aux Nations unies. « Ceci ne saurait se réaliser qu'avec la réorganisation des affaires internes palestiniennes et la réconciliation tant attendue », souligne-t-il, avant de se féliciter de l'accord signé entre le Soudan et le Soudan du Sud et du cessez-le-feu conclu entre Khartoum et le Mouvement de la justice et de l'égalité du Darfour. En marge du sommet, M. Abdelmalek Sellal a été reçu par le président tunisien, Moncef Marzouki et par le président libanais, Michel Sleimane. Il a également reçu le vice président irakien Khodeir Moussa El Khozai et s'est entretenu avec son homologue libyen, Ali Zidane. Al-Arabi veut réformer la Ligue La coalition syrienne, qui a formé « une instance exécutive », a pris le siège de Damas, malgré les réserves de l'Algérie et de l'Irak. A l'ouverture du sommet, Khodeir El-Khozai, le vice-président irakien, a tenté d'expliquer aux partisans d'une internationalisation de cette crise la « stérilité des solutions internationales ». « Pour se prémunir des retombées des transactions internationales qui ne veillent pas aux intérêts des peuples arabes et mettre fin aux différends arabes », il faut créer, dit-il, « un conseil de sécurité » et organiser deux conférences, l'une « des donateurs consacrée à l'examen des causes de la pauvreté dans les pays arabes », l'autre « pour apporter un soutien à al Qods echarif ». Cheïkh Hamad Ben Khalifa al Thani, l'Emir du Qatar, propose aux Palestiniens un mini-sommet au Caire. Celui-ci, qui regroupera les dirigeants de Fatah et du Hamas, aura un objectif clair : « la formation d'un gouvernement provisoire pour superviser les élections législatives et présidentielle ». La réforme de la Ligue ? Nabil al-Arabi, le SG de l'organisation panarabe, demande la révision de la charte, suggérant de « doter le monde arabe d'une Cour à même d'assurer la protection de ses citoyens » s'ils veulent fermer la porte à l'intervention étrangère au nom de la lutte contre les violations des droits de l'Homme. M. Sellal appuie cette démarche qui représente « une avancée nécessaire sur la voie du renforcement, du respect et de la protection des droits de l'Homme arabes ». Les travaux de la 24e session du sommet arabe ont pris fin en insistant sur la nécessité d'une solution politique de la crise syrienne et saluant les efforts des Etats arabes pour venir en aide aux réfugiés syriens. Le communiqué final a mis l'accent sur le soutien de la mission de l'envoyé conjoint Lakhdar Brahimi en Syrie. S'agissant du volet palestinien, les participants ont décidé de l'envoi d'une délégation des ministres des Affaires étrangères à la fin du mois pour se concerter avec l'administration américaine sur les processus de paix bloqués, et présenter la position arabe face à la démarche adoptée vis-à-vis du conflit arabo-israélien. Ils ont également convenu de tenir un mini-sommet pour accélérer la mise en œuvre de la réconciliation intrapalestinienne et décidé de créer un fonds de soutien à al Qods doté d'un milliard de dollars. Par ailleurs, les dirigeants arabes ont exprimé leur indignation et leur préoccupation face aux conditions de la minorité musulmane rohingya de Birmanie.