A deux jours du sommet de Doha, intronisant contre vents marées une partie de l'opposition aux lieu et place du siège légal, occupé par le régime de Bachar El Assad, les divergences sont apparues au grand jour. La Coalition nationale, présidée par Moaz el Khatib, a volé en éclats pour révéler le délitement d'une opposition fondamentalement marquée du sceau du terrorisme « blaklisté », à l'image du Front Nosra fédérant la multitude d'organistations extrémistes. La démission fracassante de Moaz El Khatib a constitué le point de rupture nodal du malaise politique nourri par les velléités d'ingérence étrangère des puissances tutélaires, régionales et occidentales. Une ingérence dénoncée ouvertement par nombre d'opposants qui ont contesté la nomination du nouveau Premier ministre intérimaire, Ghassan Hitto, perçue comme une tentative de contrôle de la rébellion et une caution aux Frères musulmans qui domine la Coalition, créée en novembre 2012, à Doha et reconnue comme le représentant légitime par de nombreux pays. L'ALS (Armée syrienne libre) a rejeté la désignation de Hitto qui n'a pas cessé de provoquer des remous dans la composante hétéroclite de l'opposition éclatée. Plusieurs opposants dont Walid al-Bounni avaient gelé leur appartenance à la Coalition. La crédibilité est davantage entamée par la fronde des 70 signataires, représentés par des membres de la Coalition et des libéraux comme Michel Kilo, Abdel Razzak Eid, Walid al-Bounni, Basma Kodmani et Fahd Bacha, revendiquant « l'abandon du projet de gouvernement intérimaire qui a suscité de profondes divisions et une opposition du commandement de l'ASL et de le remplacer par un corps exécutif ». Dans une missive adressée à la ligue arabe, à l'Onu et « certains pays du Conseil de sécurité concernés par la crise syrienne », les protestataires affirment que la situation actuelle de la Coalition « s'accompagne de conflits entre les responsables de la Coalition, une domination de l'un des courants qui entend soumettre les autres à ses choix et une hégémonie flagrante de pays arabes et régionaux sur la décision de la coalition ». Au banc des accusés : les Frères musulmans. Sans être nommément cités, ils sont l'objet d'une contestation virulente de leurs partenaires de la Coalition appelée, en conséquence, à s'ouvrir à la représentation du courant laïc et démocratique et celle des femmes « pour que la composition actuelle de la Coalition soit équilibrée et non soumise à un seul parti ». Le bras de fer, reflétant les luttes de leadership régionales, traduit, également, les différences d'approche sur les options d'avenir : quelles solutions pour quelle Syrie ?