Près de 70 opposants syriens ont adressé une lettre aux Arabes et à l'ONU pour afficher leur hostilité à une domination des Frères musulmans, sans toutefois les nommer, et à une tutelle "arabe et régionale" sur la révolution syrienne. "La crise de l'opposition syrienne s'approfondit (...) en raison de ce qui se passe au sein de la Coalition nationale et du comportement de ceux qui dominent cette coalition", écrivent-ils dans cette missive adressée également à "certains pays du Conseil de sécurité concernés par la crise syrienne". "Cela s'accompagne de conflits entre les responsables de la coalition, une domination de l'un des courants qui entend soumettre les autres à ses choix et une hégémonie flagrante de pays arabes et régionaux sur la décision de la coalition", ajoutent-ils. La Coalition nationale de l'opposition, créée en novembre 2012 à Doha et reconnue comme le représentant légitime du peuple syrien par des dizaines de pays et d'organisations internationales, est dominée par les Frères musulmans et subit l'interférence de ses alliés notamment Doha, Ryad et Ankara. "Pour que la composition actuelle de la Coalition soit équilibrée et non soumise à un seul parti", les signataires de la missive proposent de coopter "25 représentants du courant laïc et démocratique et une meilleure représentation des femmes". Ces signataires, dont un partie seulement sont membres de la Coalition et parmi lesquels figurent des libéraux comme Michel Kilo, Abdel Razzak Eid, Walid al-Bounni, Basma Kodmani et Fahd Bacha, réclament "l'abandon du projet de gouvernement intérimaire qui a suscité de profondes divisions et une opposition du commandement de l'Armée syrienne libre (ASL) et de le remplacer par un corps exécutif", aux pouvoirs plus réduits. La crise de l'opposition a éclaté de nouveau au grand jour avec l'annonce dimanche de la démission du chef de la Coalition Ahmed Moaz al-Khatib et le refus de l'ASL de reconnaître l'élection du "Premier ministre" rebelle Ghassan Hitto. Des opposants ont reproché à certains pays, notamment le Qatar, de vouloir "contrôler l'opposition" et d'avoir imposé l'élection de M. Hitto, soutenu par les Frères musulmans. Après cette élection, plusieurs opposants dont Walid al-Bounni avaient gelé leur appartenance à la Coalition.